- Où sont les autres ? lui demanda froidement Matteo.
- Ne t'en fais pas, ils ne vont pas tarder à arriver. Difficile d'ignorer deux jeunes gens aussi prometteurs.
Une femme arriva à ce moment-là. Pareil que les deux autres, je lui donnais la cinquantaine mais il était difficile d'être plus précis. Ses yeux s'écarquillèrent quand elle nous vit.
- Que viens-tu faire ici, Matteo ? s'enquit-elle d'un ton autoritaire.
- Prendre de vos nouvelles, grand-mère, lui répondit-il. N'est-ce pas ce qu'une famille est censée faire ?
J'avais été étonné de voir qu'elle le connaissait. Je le fus encore plus quand je compris que c'était sa grand-mère ! Si c'était juste une réunion familiale, pourquoi m'avait-il amené ?
- Nous ne sommes pas une famille, lui rétorqua-t-elle.
- Et j'en suis ravi, lui répliqua-t-il aussitôt. Je ne voudrais pas d'une vieille pourriture de votre genre dans la mienne.
- Toujours aussi insolent à ce que je vois... Et qui est ce garçon qui t'accompagne ?
- Je pense qu'il est capable de se présenter lui-même.
Il me fit un signe de tête. Je reportai mon attention sur la vieille femme.
- Je m'appelle Akio.
Ses yeux brillèrent soudainement d'un intérêt nouveau.
- Voilà bien longtemps que je n'avais pas entendu ce nom, me dit-elle. Tu es Akio Mandrake. Ça fera plaisir à Arthur de voir son petit-fils. Il a été dévasté lorsqu'il a appris la mort de sa fille.
Mandrake ? D'où sortait ce nom ? J'aurais eu tendance à penser qu'elle s'était trompée de personne si elle n'avait pas parlé de cet Arthur et de la mort de sa fille.
- Tiens, d'ailleurs le voilà, dit-elle.
Un homme entra dans la salle. Soit il ne faisait pas du tout son âge, soit il avait eu ma mère très jeune. En tout cas il devait avoir dans les quarante ans, guère plus. Lorsque son regard se posa sur moi, je crus voir une étincelle passer dans ses yeux fatigués. Il reporta rapidement son attention sur la femme.
- Que se passe-t-il Veronica ? demanda-t-il à la femme. Que font ici ces jeunes gens ?
- Nos petits-fils ont décidé de nous rendre une visite surprise.
Il tourna vivement la tête vers moi puis disparut. Je le sentis soudain à côté de moi. Je tournai la tête vers lui. Il me fixa pendant quelques instants avant de détourner le regard.
- Tu as les yeux de ton père, me dit-il.
Il s'éloigna de nouveau – normalement cette fois-ci -. À côté de moi, je sentais que Matteo avait du mal à tenir en place.
- Que nous vaut donc le plaisir de votre visite ? nous demanda-t-il.
Il n'y avait absolument aucune chaleur dans sa voix.
- Vous savez tous très bien pourquoi je suis là ! leur lança Matteo.
- Tu comptes toujours essayer de te venger ? lui demanda sa grand-mère ironiquement. Les précédentes fois ne t'ont pas suffi ? Tu ne peux rien contre nous et ça n'est pas près de changer.
- Si vous aviez respecté le contrat héréditaire ça ne serait pas le cas !
Le contrat héréditaire ? Qu'est-ce que c'était que ça ?
