Pendant mon trajet jusque chez elle, j'eus du mal à reconnaître les paysages qui défilaient. Les villes que je survolais étaient dans un sale état, quelques rares endroits avaient été détruits mais on pouvait sentir que la situation commençait à dégénérer. C'était dans ces moments-là qu'on comprenait que la guerre n'était pas juste des champs de bataille éparpillés un peu partout mais aussi et surtout l'appauvrissement de ceux qui y participaient. Je pouvais en voir le résultat sous mes yeux.
Quand j'arrivai devant chez Fanny, la nuit était déjà tombée. Je frappai à la porte. Son père vint m'ouvrir. Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la surprise lorsqu'il me vit.
- Akio ! Que nous vaut le plaisir de ta visite ?
- Bonsoir ! Je suis venu rendre visite à Fanny. J'espère que je ne dérange pas...
- Pas du tout ! Entre donc ! On allait passer à table, tu arrives juste au bon moment !
Je le suivis dans la cuisine où l'attendaient sa femme et sa fille. Elles ne semblèrent pas étonnées de me voir. Elles nous avaient sans doute entendu parler dans l'entrée. Elles rajoutèrent un couvert à table et m'invitèrent à venir m'asseoir.
Le repas se déroula tranquillement. J'appris que la France sombrait de plus en plus à cause de la perte de tous ses partenaires commerciaux. Fanny n'avait même plus cours ! Le lycée avait fermé à cause d'un manque de budget.
- Et toi, Akio ? me demanda sa mère. Quoi de nouveau de ton côté ?
- Pas grand-chose à vrai dire...
Je n'avais pas du tout envie de parler de tous les évènements récents. S'ils savaient tout ce que je sais, cela ne ferait que les stresser un peu plus.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? me demanda Fanny.
- J'ai un service à te demander.
- Je t'écoute.
Leur attention se fixa sur moi. Je me sentais soudainement moins confiant.
- Vous savez qu'un groupe d'élémentariste est à l'origine des crises actuelles ?
Ils opinèrent tous de la tête.
- Et bien une autre élémentariste et moi-même sommes en train de monter une armée pour les vaincre.
- Très bien, mais quel est le lien avec notre fille ? me demanda son père.
- Je souhaiterais que tu nous rejoignes Fanny.
- Comment est-ce qu'elle pourrait vous être utile ? Elle n'a pas de pouvoir que je sache ! s'exclama son père.
- Et elle risquerait de mourir ! ajouta sa mère.
Ils continuèrent de protester. Pendant ce temps-là, Fanny ne me lâcha pas du regard. Finalement elle fit signe à ses parents de se taire. Ils la regardèrent, interloqués.
Je sentis son pouvoir jaillir d'elle. Ses yeux virèrent au rouge et une flamme dansa dans sa main. Maintenant ils la regardaient bouche bée.
- C'est comme toi Akio ? me demanda son père. Ses pouvoirs ne sont pas apparus à sa naissance ?
- Pas exactement, lui répondis-je.
- Alors comment se fait-il qu'elle soit une élémentariste ?! s'emporta sa mère.
Je jetai un coup d'œil à Fanny. Elle semblait résignée.
- Il m'a donné une partie de ses pouvoirs, expliqua-t-elle à ses parents.
