Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 16 : Quand la roue tourne

— Tu veux savoir si j'ai joué avec tes émotions, cette fois ? La réponse est non. Inutile de te demander ce que tu as ressenti, ni ce que ça fait d'être utilisée.

Chaque syllabe résonne en moi avec un écho insidieux. Il n'a pas haussé le ton, il n'en a pas besoin. Son assurance suffit à me désarmer.

Il incline légèrement la tête sur le côté, m'observant comme si j'étais une créature pitoyable, piégée par ses propres erreurs. Mon cœur cogne dans ma poitrine tiraillée de rage. Il attend une réaction, je le devine à la lueur froide qui traverse son regard.

Je serre les dents, les bras crispés le long de mon corps. L'amertume me monte à la gorge.

— Wow... Je dois reconnaître que tu prends vraiment ton rôle de professeur à coeur. M'expliquer avec tout ton calme ce que je suis censée comprendre. C'est fascinant, vraiment.

— Si tu trouves ça fascinant, peut-être que cette fois, tu retiendras quelque chose.

Mon sourire se fane légèrement, mais je m'accroche même si au fond, quelque chose me brûle.

— Ce n'est que du sexe ! envoyé-je encore, plus fort pour m'en convaincre. Un besoin primaire. Rien d'important ! Rien d'important pour toi aussi donc... donc...

Je m'arrête. Je n'arrive même pas à finir ma phrase.

— Oui, le sexe est une chose, dit-il au bout d'une longue minute, comme s'il avait voulu bien laisser macérer mes réflexions nauséabondes. Le sexe peut être un acte égoïste, sans engagement ni émotion. Tandis qu'embrasser une personne, lui faire l'amour... C'est autre chose. C'est la plus intime des preuves d'affection entre un homme et une femme. C'est ce qui nous différencie des bêtes. C'est une communion qui lie deux âmes l'une à l'autre. Et toi, qu'as-tu ressenti ?

J'en sais rien ! En l'embrassant, je me sentais juste pousser des ailes. C'était comme toucher du doigt le firmament.

— Toi..., murmure-t-il, sa voix se faisant presque suave, perfide. Toi, Ava... Tu n'as eu de cesse de distribuer tes lèvres. Souvent avec irrespect, surtout avec désintérêt.

Qu'en sait-il ? Me surveillait-il tout ce temps ? Oui, j'ai embrassé des garçons à la pelle, mais qu'est-ce que cela aurait dû représenter pour moi ou signifier pour lui ?! Est-ce que cela fait de moi quelqu'un immonde pour autant ?

Mes mains se ferment en poings, mes membres tremblent sous l'effet d'une fureur contenue. Il ne m'atteindra pas, je ne lui accorderai pas ce plaisir.

— Je me fous de ce que tu penses ! craché-je. Tu as raison, je me fous de me taper n'importe qui. D'embrasser ou de baiser avec toi ou un autre. La virginité, l'amour, la pureté... tout ça n'a aucun sens pour moi !

Je m'arrête une fraction de seconde, essoufflée, mais je reprends aussitôt, lui lançant chaque mot comme un poignard. Je veux frapper là où ça fait mal.

— Elles en auraient si je voulais te plaire ou si je croyais en Dieu. Mais non. Ce n'est qu'une question d'attirance physique, d'envie, comme tu l'as si bien dit. Il faut croire que toi, Aden, tu as du mal à passer au-dessus de ça. En fin de compte, tu es bien plus humain que moi. Bien trop sentimental.

Je prononce les derniers mots comme une injure et j'espère l'avoir rabaissé au moins au niveau où il veut me retenir. J'espère le voir céder à la colère, ou n'importe quelle autre émotion, comme plus tôt. Lui faire perdre le foutu contrôle qu'il affiche. Mais non.

Il ne sourcille pas. Ne sourit pas. Il me toise, juste. Et c'est pire. Son visage s'est fermé, mais quelque chose en lui s'est durci. Il semblerait que je le dégoutte et c'est encore plus humiliant.