À la pâle lueur de la lune, j'escalade le grand mur en pierres blanches apparentes du bâtiment sud. Au deuxième étage, la fenêtre du dortoir des garçons est légèrement ouverte. Après un dernier effort, j'arrive à me hisser et m'asseoir sur son rebord.
La grande pièce est calme. Seuls des ronflements réguliers parviennent des lits alignés militairement. Le dortoir compte une cinquantaine de lits, et tous sont occupés. La plupart des étudiants loge à l'université. Comme certains travailleurs sur leur lieu de travail. Les conditions sont bien mieux que la vie souterraine dans les dédales de la ville. Le ministère accorde ce bénéfice si certains s'occupent du ménage et entretiennent les locaux le dimanche. Une vraie vie d'esclave.
Je retire mes chaussures et saute sur le parquet. Un type s'agite juste devant moi, je retiens ma respiration.
Après quelques secondes, il semble s'être rendormi. J'essuie mon front qui perle de sueur. Quelle chaleur ! Il doit faire au moins trente degrés minimums à l'intérieur. Et bon sang, qu'est-ce que ça pue une chambre de mecs !
Je marche dans l'allée et m'arrête devant l'un des lits. Son propriétaire a éjecté le drap à ses pieds. Il a glissé son bras derrière sa tête et sa bouche est entrouverte. Vêtu uniquement d'un caleçon, je prends le temps de détailler son corps fin. Sugaar est assez bien foutu, je le reconnais. Il n'a pas vraiment de pectoraux, néanmoins ses abdominaux dessinés ne laissent apparaître aucune graisse. Je m'approche un peu plus tout en avançant la main pour toucher son ventre et voir s'il est aussi dur qu'il ne le laisse paraître.
Je glisse mes iris jusqu'à son visage pour m'assurer que Sugaar dort et c'est à ce moment-là que ses paupières s'ouvrent. Son air effrayé me fait reculer.
— Putain ! Qu'est-ce que tu fais là ?! s'alarme-t-il.
Il se redresse, saisit le drap et se couvre rapidement le corps.
— J'ai besoin de toi, dis-je en me ressaisissant. Et, parle moins fort !
Il jette un coup d'œil au plafond, là où l'objectif nous scrute, accompagné de sa petite lumière rouge qui clignote doucement.
Les dortoirs sont équipés de caméras de surveillance, bien sûr, mais le type censé rester planté devant les écrans est en train de dormir comme un loir. Alors, pour l'instant, on est tranquilles.Sugaar a l'habitude que je vienne et prenne toutes les précautions, mais cela ne l'empêche pas d'être méfiant. Ici, les tentatives d'interaction entre garçons et filles sont sévèrement punies. Les récidivistes sont envoyés à des travaux forcés et on va dire que Sugaar est un peu fainéant.
— Tu m'as foutu les jetons !
— Tu es une vraie gonzesse.
Il fronce les sourcils.
— Une gonzesse !? On aurait dit une morte devant mon matelas. Dans quelle galère tu veux encore m'entraîner ?
Je perçois un léger bruissement de tissu ainsi qu'un grincement de lattes provenant du dortoir. Je m'accroupis. Si on me voit, je suis fichue.
— Aucune. Je le jure ! dis-je en mettant mon index sur ma bouche pour qu'il baisse d'un ton.
— Mouais...
Il relève un de ses sourcils. Tout en ignorant sa mine suspicieuse, je tire sur son bras. Il ronchonne un peu, mais sort paresseusement une jambe du lit, puis la deuxième et s'assoit finalement en s'étirant, ses doigts de pieds s'écartant en éventail.
— Il est quoi cinq heures du matin... Tu vas finir par me tuer avec tes bêtises, se plaint-il.
Il se frotte les yeux, puis les ferme tandis que sa tête bascule en avant. J'attends... Il ne va pas se rendormir assis au bord du lit quand même ! Je lui donne une pichenette sur le front.

VOUS LISEZ
Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)
Romance⚠️ POUR PUBLIC AVERTI ⚠️ Certaines scènes de cet ouvrage peuvent être choquantes (Sexe, meurtre, torture, viol) Ava est une jeune étudiante en médecine, fille d'un grand médecin, créateur des nouvelles lois martiales de Généapolis, cette ville consi...