Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 0.9 : Sans Elle

PASSÉ
Aden, 17 ans
Muraille de Généapolis - 4 mois après le baiser

Je m'assois sur la couchette et me penche en avant. Mes mains viennent serrer en étau mon crâne. J'ai trop chaud même dans cette putain de muraille, dans la pièce sombre du guetteur. Ma peau est couverte de sueur. Je m'essuie le front du revers de la main.

Je cherche des yeux un anesthésiant. Sur la table de chevet, je trouve une vieille bouteille pêchée chez un type qui distille de l'alcool en secret. Je l'ai rencontré une nuit alors que j'errais dans une des cours du Kremlin. La malchance était de son côté lorsque nos regards se sont croisés. Il a levé les mains en l'air et vu la peur qui s'insinuait et redoublait dans son cortex cérébral, il cachait un truc sérieux. Une cave avec des dizaines de bouteilles comme celle-ci.

J'attrape le contenant en verre par le col et bois au goulot plusieurs gorgées. J'abaisse le bras et finis par fixer mes genoux. Quelques secondes passent avant que je me reconnecte à la réalité.

Je pose la bouteille par terre, ramasse mon pantalon au sol et l'enfile sans rien en dessous. D'ailleurs, je ne ferme même pas les boutons jusqu'en haut.

Je ramasse l'élixir, puis me déplace jusqu'à la meurtrière avec vue sur la place rouge.

Les gens y passent et repassent comme des abeilles dans une ruche. Ava va apparaître. C'est l'heure où elle apparaît toujours.

Je ne sais même plus ce que j'ai fait la veille... il n'y a que cette heure qui compte. Quand Ava traverse cette fosse baignée de soleil. Et la lumière extérieure me carbonise les yeux. Bordel, faut-il qu'il fasse toujours sombre dans ce taudis ? Je ne vois rien. Je pose mon avant-bras sur la pierre et mon front vient se caler dessus.

Je me concentre sur la cour et les bruits environnants comme sonar, car mes pensées et mon intuition sont complètement HS. Putain de loque que je suis.

N'est-ce pas Ava en bas qui se déplace au milieu de la foule ? Elle me manque. Tout me manque. Ses doigts sur ma peau, l'odeur de son corps, de sa bouche. J'entends toujours sa voix, jour et nuit. Elle ne me voit pas du haut de ma tour. J'essaie de respirer dans l'ombre.

N'est-ce pas un mec qui l'approche ?

N'est-ce pas son sourire que je vois sur ses lèvres ?

Je secoue la tête puis je plisse les yeux pour mieux voir. Ma vue est de moins en moins bonne. Deviens-je aveugle ? Je deviens surtout un putain d'alcoolique. Je finis ma bouteille d'un trait puis je me dégage du mur et vais récupérer ma veste. Je l'enfile et descends quatre à quatre les marches de la muraille.

Je traverse la cour, on s'écarte sur mon passage. Je sens mes iris se transformer en brasier. Je presse le pas jusqu'aux sapins à moitié morts d'un des parcs de la cité. Je dégage les branches qui obstruent ma vue.

Ava est là.

Avec le gars.

Elle l'approche, lève le visage et l'embrasse.

Je reste prostré, essayant de comprendre ce que cela provoque chez moi.

Mes doigts fourmillent. J'ai la sensation que ce n'est pas que dans ma poitrine que ça fait mal, mais partout.

Dans huit ans, Ava, va te choisir et aller contre sa destinée. Mais comme on ne peut aller contre son destin, elle ne trouvera jamais la paix intérieure et même avec tout ce tu peux lui apporter, les rêves que tu matérialiseras, les bienfaits qu'un homme peut offrir à une femme, très vite elle se sentira aussi creuse qu'une conque. Elle se ternira comme une rose plantée dans une terre infertile. Elle se donnera la mort en se noyant dans le lac devant votre maison.