Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 0.1 : Problème

L'Œuvre, Émile Zola

"J'aurais voulu être celui que tu attends, celui que ton cœur appelle dans la nuit.

Mais je ne suis rien pour toi, et toi, tu es tout pour moi.

C'est là ma tragédie, et je la porte comme une malédiction."

***

Aden, 17 ans

3 mois avant le baiser - Généapolis

— Aden ! Bordel ! Aden !

J'entends même la voix d'Ava dans mes rêves. Ça devient flippant. Je n'avais pas besoin de cela pour mal dormir.

L'air est suffoquant, cette nuit. D'un geste, je dégage le drap brûlant qui me colle à la peau. Je le repousse jusqu'au pied du lit, puis ramène mon avant-bras devant mes yeux. Je ne suis pas censé ressentir le stress et l'angoisse des autres pendant mon sommeil, si ?

— Aden !

Ok, je ne rêve pas !

Je m'assois d'un coup. Pourquoi elle hurle ? Il est plus de minuit. Je me lève et enfile mon t-shirt à la hâte. Même pas sûr qu'il soit à l'endroit. Je me dirige vers la porte de ma chambre, l'ouvre à la volée et fonce dans le couloir.

La nuit domine au-delà de la haute fenêtre qui se dresse au fond du corridor. Ma mère dort profondément, shootée de médocs jusqu'à la moelle. Tandis que mon père préfère pioncer dans son bureau au dôme jusqu'au matin.

Je hais cette maison.

Au fur et à mesure de ma progression, je renifle et fronce le nez. Je sens une odeur aux effluves métalliques flotter dans l'air ambiant. Du sang. Oh non, Ava... Je chasse l'idée première qui me vient en tête.

Je ralentis le pas, plus attentif à ses plaintes étouffées.

Quand je la situe entre les murs, je me dis que répondre à son appel n'était pas une bonne idée. L'odeur est plus vivace à présent. Plus chargée en fer encore et je pourrais la reconnaître entre mille.

Je fixe la poignée de longues secondes avant d'entendre Ava gémir derrière la porte. De mauvaise grâce, je me décide enfin à pénétrer dans la salle de bain.

Comme je me l'imaginais, elle est assise sur les chiottes, une main en coupole entre ses jambes. Dans sa paume, des tâches rouges.

Ava m'épie, les paupières noyées de larmes, l'expression horrifiée. Mon cœur se serre. Je reste figé devant cette vision. Comme le laissait supposer l'odeur dans toute la maison, Ava est réglée à présent...

C'est pas bon. Pas bon du tout.

— Je fais quoi avec cette merde ? grelotte-t-elle.

Ava connaît la mécanique du corps humain, elle s'en passionne. Et ce passage où on devient femme n'est pas un secret pour elle. Elle m'a déjà lu, à mes dépens, un tas de bouquin sur le sujet, voilà pourquoi, dans sa petite caboche, le drame est plus technique qu'émotionnel. Contrairement à moi, qui prend l'information de sa fécondité comme un très gros problème...

— Mets une couche et ferme ta bouche. Tu as vu l'heure ?

J'opère un demi-tour.

— Aden... Attends. Tu pourrais m'aider. S'il te plait ? Je... j'en ai pas.

— Quoi ?!

Elle hausse les sourcils avec évidence. Ai-je bien compris ce qu'elle me demande : que j'aille lui chercher des protections hygiéniques ? J'ai envie de lui répondre de demander à son papa chéri. Celui qui ne manquera pas d'alerter la planète dès que son bilan sanguin sera imprimé.