Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 26 : La faiseuse d'anges

Attention - Avis au lecteur :

Les références religieuses présentes dans ce texte ne relèvent ni du prosélytisme ni d'une critique ou d'un éloge envers une religion spécifique. Elles sont mentionnées uniquement pour leur intérêt dans l'histoire.

Merci pour votre compréhension :)

***

PRESENT
Ava, 21 ans
Couvent de Sainte Hélène

Je savais qu'Aden était violent. Je le savais pour plusieurs raisons. Il avait littéralement mis en pièces Créature, oui, mais pas seulement... Rien n'était platonique chez lui. Il vivait avec cette rage permanente comme une seconde peau. Il était construit ainsi. C'est ce que je m'étais dit. Et, cette haine, je la sentais en permanence.

Un jour, il m'a raconté une histoire. Il avait fait des choses qu'il n'aurait pas voulu que je voie. Mais, il me les a relatées.

Les choses faisaient état de faits horribles, où il était coupable de crimes monstrueux. J'ai cru qu'il mentait, pour me faire peur ou une chose comme ça. J'avais six ans, lui dix et pour une raison inconnue il n'avait pas dormi au manoir depuis plusieurs jours, voir plusieurs semaines. Il était rentré comme rampant après un long et épuisant voyage. Sous ses yeux bleus, il y avait des cernes, il avait énormément maigris. Il voulait que je l'écoute. Je l'ai écouté. Attentivement. Chaque mot, chaque syllabe, chaque intonation que prenait sa voix, chaque couleur qui naissait et mourait dans ses iris.

J'ai essayé de comprendre pourquoi, pourquoi il me racontait tout ça. Et, j'ai commencé à avoir peur.

Il m'a dit qu'il avait tué des hommes et des femmes par centaines. Il m'a raconté qu'il ne savait plus si c'était pour la bonne cause, qu'il avait agi comme son instinct le lui avait dicté. Parmi ceux qui avaient péri, il y avait des individus venus de loin pour frapper à la porte de Généapolis. Ils n'avaient pas eu le temps de s'expliquer qu'Aden avait mis fin à leur vie.

Il m'a parlé de destin, m'a demandé pardon. C'est la dernière fois que je le voyais ainsi. Si vulnérable. Ensuite, il est devenu froid. De plus en plus glacial, jour après jour.

Il n'acceptait plus rien venant de moi. Me tournait le dos. Je devais lutter pour faire parti de sa vie. C'est ce que j'ai fait. Chaque jour. J'y ai mis toute mon énergie. Il était la seule personne avec qui je voulais être.

Aujourd'hui, je ne crains pas qu'il me fasse du mal, mais peur que cette histoire soit vraie.

Je repense à ça, toujours assise par terre, mes ongles griffant incessamment le sol en béton. Mon regard ne dérive pas du coin de la pièce où gît le drap blanc taché de mon sang. Cette vision arrache chacun de mes souffles, pourtant je suis lucide comme je ne l'ai jamais été.

Il y a quatre choses que l'on doit savoir sur moi :

— Je suis un médecin talentueux,

— J'adore les livres, surtout quand ils parlent d'amour et que les personnages sont héroïques,

— J'ai joué avec quelques garçons, car je suis une garce égoïste,

— Et... je pleure rarement.

Pourtant, je lui ai dédié chacune de mes larmes. Avec assez de conscience et d'objectivité pour me dire que c'est bien fait pour moi.

Au fond, je savais où j'allais avec assez de conscience et d'objectivité pour me dire que c'est bien fait pour moi. Il n'y est pas allé de main morte. La partie centrale de mon anatomie le ressent encore.