Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 0.7 : C'est écrit

Aden, 17 ans
Généapolis - 2 mois après le baiser

— Aden ? Réveille-toi. On a besoin de toi. Réveille-toi, je t'en supplie.

On me frappe la poitrine. J'émerge lentement des ténèbres. Mes paupières s'ouvrent sur un visage flou, baigné par l'éclairage blafard de ma cellule. Une paire d'yeux bleus inquiets, m'observe. Encore elle, Galexia... Son petit poing est levé, prêt à s'abattre encore. Je l'intercepte.

— J'ai dû t'injecter de l'adrénaline pour te réveiller, balance-t-elle, haletante.

— Lâche-moi.

Je repousse son bras.

— Les Sentynels sont devenus fous, Aden ! Ils se sont rebellés et retournés contre nous. Un conseil s'est réuni pour les neutraliser. Et, ça s'est mal passé. C'est la fin du système.

De quoi elle parle ? Mon cerveau est en ruine, mes pensées sans ordre ni sens. Je referme les yeux. Tout ça ne me concerne plus.

— Capela va livrer Ava aux hybrides de Secondys. Ils sont là, devant notre cité. Ils viennent la chercher.

— Donne-moi une dose.

Qu'on en finisse.

— Aden, merde ! Je pensais que tu avais fait tout ça car tu l'aimais ! me gronde-t-elle, déçue.

Je me tourne et ouvre un œil. Galexia me fixe, les traits nerveux, paniqués, mais incisifs.

— Dans ton sommeil, tu parles d'elle tout le temps, me confie-t-elle, l'expression déchirée.

Impossible...

J'analyse la détermination de cette fille, sa terreur sous-jacente. Ses joues creusent et saillantes. Ses courts cheveux bruns coincés dans un chignon ridicule.

— Capela leur a ouvert les portes de la ville. Elle a assassiné des dizaines de soldats. Ils parlent d'Ava... de son sacrifice au nom de la Terre. C'est confus, mais tout le monde a peur. Tu dois faire quelque chose.

Un rire usé s'extrait de ma bouche.

— Pourquoi ? déclaré-je, le cœur amer. L'indifférence est un juste retour des choses.

Je suis un monstre pour mon père, je ne suis rien pour Ava. Rien ne m'attache plus à cet endroit, ni à cette race humaine si supérieure. Généapolis peut brûler, je ne lèverai pas le petit doigt.

Ils croyaient quoi, ces gens ? Que les Sentynels allaient les servir docilement ? Éternellement ? Les hybrides sont à Généapolis, car ils ont trouvé en moi un exutoire. Et aujourd'hui, ils n'ont plus de laisse pour les retenir, alors que l'ennemi est à nos portes.

— Tu ne m'aimes pas, pourtant, je te soigne Aden et depuis plusieurs semaines, même des années. C'est ce que l'on fait pour les gens qu'on aime qu'importe ce qu'il se passe.

C'est ce que l'on fait pour les gens qu'on aime ? Je n'aime personne, en tout cas, si un jour ce fut le cas, j'ai décidé que cela appartenait au passé. Et, même si les gens de cette cité s'entretuaient, pourquoi cela me concernerait ?

Je suis fatigué de tout maintenir à bout de bras.

Agacé, je m'assois au bord du lit, mes coudes appuyés sur mes genoux. Je presse ma paume contre ma tempe. Faut-il que je quitte la ville pour qu'on me laisse me shooter tranquille ? Il y a deux mois, j'ai massacré des soldats de la caserne, blessé mes compagnons de galère.

Je n'ai rien contenu, encore moins ce débordement malheureux qui se propageait comme si on avait jeté un caillou dans une mare. Depuis, à juste titre, ils m'ont isolé, mis en quarantaine, et je me retrouve, dans cette taule que je ne suis pas sûr de vouloir quitter.