Chapitre 4

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Watson ne se considérait pas comme faible ou facilement impressionnable, mais il sentit ses jambes flageoler, et du se retenir à un mur pour ne pas tomber.

Même Holmes, d'ordinaire impassible, déglutit difficilement.

Les corps exsangues étaient entassés, pêle-mêle, comme de la viande à l'abattoir, sans plus de considération pour la vie humaine qu'un charognard envers son prochain repas.

C'était des hommes et des femmes de tous les âges. Le docteur aperçu une main d'enfant. Sa gorge se serra affreusement, et ses yeux brûlèrent. Il secoua la tête et se ressaisit. Holmes avait besoin de lui.

Toujours livide, il s'approcha du détective, penché sur le corps le plus proche. Une femme ayant la trentaine, de condition visiblement modeste.

-Ça ira, Watson ? Demanda Holmes.

L'intéressé hocha la tête.

-Que pouvez-vous me dire sur cette femme ? Ajouta le détective.

Le docteur s'empressa de revêtir un regard professionnel, distant. Un simple corps humain, à étudier, autopsier, examiner. Pas une pauvre femme assassinée.

-Elle est morte depuis au moins quarante-huit heures, commença t-il en tâtant sa chair. Mais pas plus de trois jours, si j'en juge par l'état de décomposition. Ce qui n'est pas le cas de certains là-dedans, ajouta t-il avec un geste vague en direction du charnier. Elle était plutôt en bonne santé, quoique un peu maigre. Et il semble qu'elle a été... vidée de son sang.

-Regardez son cou.

Le docteur écarta les cheveux de la défunte, sachant déjà ce qu'il allait trouver.

Une marque rouge, profonde, en forme de croissant de lune. Une morsure.

-Ils ont dû percer la jugulaire, commenta t-il pauvrement.

-Elle a aussi des marques sur les deux poignets.

-Vous voulez dire, chuchota le docteur, qu'ils étaient plusieurs ?

-Certainement, Watson. Un vrai festin. Il se redressa. Ce que je ne comprends pas, par contre, c'est ce que font ces corps ici...

-Que voulez-vous dire ? Demanda un Lestrade plus livide que jamais en s'approchant des deux amis. Le meurtrier...

-Les meurtriers, l'interrompit Holmes.

-Si vous le dites. Les meurtriers ont choisi cet endroit pour dissimuler leurs forfaits, jours après jours, jusqu'à ce que...

-Votre « théorie » ne correspond pas aux faits, inspecteur, le coupa Holmes. Certains cadavres sont vieux de plusieurs semaines, l'odeur aurait dû parvenir aux nez des policemen qui font leur ronde. De plus, vous remarquerez que certain des corps les plus récents sont en dessous d'autres bien plus avancés en décomposition. Ajoutez à cela l'absence de sang aux alentours, et les morceaux d'habits et de chair décomposées qui balise le chemin jusqu'aux marques d'une charrue que j'ai remarqué en venant, et je puis affirmer que tous ces corps ont été apportés ici en même temps, et très récemment.

-Mais... pourquoi ? Déglutit le docteur.

-Je ne sais pas, Watson. On voulait apparemment que ces corps soient découverts...

-Pas par la police, tout de même?

Holmes lui jeta un regard surpris.

-Mon cher Watson, j'ai toujours dit, et je le répète -au risque de vous vexer- que vous êtes un conducteur de lumière ! Ces corps sont là pour moi ! Pour me détourner de quelque chose...

Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant