Suivant le même rituel que la dernière fois, Holmes, Watson et un Lestrade complètement stupéfait furent conduits à travers les salons silencieux du club Diogène – où quelques nobles indolents lisaient le Times en buvant du thé ou du sang dans de ravissantes tasses de porcelaines – jusqu'à une suite privée, réservée à quelques élus.
Watson n'avait pas rencontré beaucoup de fois le frère de son ami mais, à chacune de ces occasions, il le trouvait encore plus dangereux, et plus intimidant. Le fait qu'il ait appris, lors de sa dernière visite, que le club Diogène était un terrain neutre entre l'élite humaine et l'élite vampire, terrain géré par Mycroft lui-même, n'était pas pour arranger la chose.
-Sherlock, lâcha l'ombre volumineuse aux yeux gris, perçants, qui n'avait pas daignée se lever de son fauteuil pour les accueillir.
-Mycroft, répondit le détective sur le même ton. Comment vas-tu ?
-Merveilleusement bien, merci, renvoya l'aîné sur un ton suggérant qu'il s'apprêtait à commettre un meurtre – ou plus. Nous avons eu quelques difficultés avec les nouveaux vampires dernièrement, ceux qui ont été transformés lors de la grande attaque de Moriarty, à l'anniversaire de la Reine. Mais notre réseau de sang consentit est de plus en plus efficace. Toutefois, je suppose que tu n'es pas venu parler politique ?
Watson remarqua qu'il évitait soigneusement de tourner la tête vers l'inspecteur Lestrade qui, intimidé, ne savait plus où se mettre.
-En effet, répondit Holmes en arborant un sourire que Watson n'aimait pas beaucoup, celui qui annonçait qu'il se délectait à fomenter un sale coup. Je suis venu te demander de...
-Laisse-moi émettre une hypothèse, le coupa Mycroft. Tu es à la recherche de Nicholas Flamel, le légendaire alchimiste, et de sa non moins légendaire pierre philosophale. Tu t'es mis en compétition avec un gentleman cambrioleur, et tu serais prêt à tout pour sauver ton honneur devant le docteur revenu parmi nous. Enchanté de vous revoir, d'ailleurs, Docteur Watson.
-Euh... Merci, balbutia l'intéressé.
La figure de Holmes affichait la plus complète surprise.
-Et tout à ta quête, continua Mycroft, la voix de plus en plus glaciale, tu n'as pas hésité à utiliser contre moi la seule véritable faiblesse que tu me connaissais. Quel petit frère tu fais.
Sherlock, déstabilisé, inspecta rapidement sa mise, à la recherche de ce qui aurait pu aider Mycroft à porter ces déductions.
-Le problème, Sherlock, ricana Mycroft, c'est qu'en essayant d'être le plus malin à tout prix, on ne se fait pas que des amis. Duc de Chermerace, si vous voulez bien...
Une petite porte à moitié dissimulée par une tapisserie s'ouvrit, derrière Mycroft. Un homme en sortit. Grand, fin, élégant, les cheveux blonds aux reflets roux savamment coiffés, la moustache en guidon impeccablement taillée, tout comme le costume gris, du meilleur goût. Il porta à sa bouche un porte-cigarette dont il inhala une longue bouffée, qui vint aussitôt se perdre en fumée devant ses yeux perçants.
Factuellement, il ne restait rien de l'homme qu'ils avaient rencontré dans la nuit, devant la porte du 221b. Mais un quelque chose, dans sa posture, l'expression de son regard...
-Lupin ! s'exclama Watson. Vous nous avez doublés ! Ne me dites pas que vous appartenez au club Diogène ?
Il faillit laisser échapper un rire devant la figure déconfite de Holmes, mais se retint au dernier moment. Évidemment, le détective le remarqua, ce qui n'arrangea pas vraiment son humeur.
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Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de Londres
FanfictionXIXeme siècle. Alors que Jack l'Éventreur court les rues, un homme vient frapper à la porte du 221b, Baker Street. Un certain professeur Van Helsing, qui affirme que Moriarty n'est pas mort. Enfin, "pas mort"... Façon de parler. Sherlock Holmes se...