T3 - Chapitre 6

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La main dûment pansée, le docteur s'était assis en face de son ami, dans le recoin le plus sombre de la salle commune.

— Holmes, vous devez manger quelque chose !

— Vous savez bien que je n'ai jamais faim durant les enquêtes. Et vous êtes plutôt mal placé pour me faire la leçon !

Le docteur grommela quelque chose en piquant du nez dans son verre de vin. Enfin, de vin... disons, de vin très – très – dilué dans du sang.

— Je connais ce sourire, finit-il par dire. Vous avez une idée.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Watson.

— Mais si, ce sourire en coin que vous n'arborez que quand vous pensez avoir résolu l'affaire...

Le détective laissa échapper un petit rire.

— Parfois, vous m'effrayez, Watson ! Suis-je vraiment si lisible ?

— Juste pour vos amis, répondit en souriant le docteur.

— Bon, je n'ai pas trop de soucis à me faire, alors ! Mais vous me pardonnerez si je ne vous révèle pas le fond de ma pensée tout de suite, je veux d'abord en être sûr.

— Ben voyons...

À cet instant, la porte de la salle s'ouvrit en grand, laissant entrer deux personnages plutôt incongrus. Le premier était très grand, bien bâtit, aux cheveux assez longs et au visage amical. Le deuxième, bien qu'apparemment plus âgé, faisait une – voire deux – têtes de moins, et rouspétait à propos d'une jeune femme trop farouche.

— Vos noms, je vous prie ? Demanda l'aubergiste. Qu'est-ce qui vous amène ici ?

— Sam et Dean Winchester, déclara le plus petit. Nous sommes chasseurs.

— Oh ! Je vois ! S'exclama l'aubergiste en prenant note. Décidément, les loup-garous étaient bon pour les affaires. Mais vous n'avez pas de chance, ajouta-t-il, Sherlock Holmes est déjà sur l'affaire.

— Sherlock Holmes ? LE Sherlock Holmes ? S'exclama le grand en regardant tout autour de lui.

— Absolument ! Se rengorgea l'autre comme s'il se fut agi d'un succès personnel.

— Voilà qui va compliquer l'affaire... murmura Holmes alors que les deux hommes s'approchaient de leur table, une chope de bière à la main.

— Vous permettez ? Demanda le plus petit. Je m'appelle Dean Winchester. Voici mon frère, Sam.

— Je vous en prie, prenez place, répondit le docteur en se décalant.

— Vous êtes vraiment Sherlock Holmes ? Repris Dean. Le Sherlock Holmes qui a massacré la moitié des vampires de Londres en une nuit ?

— Lui-même, répondit l'intéressé, stupéfait.

— Les nouvelles vont vite dans le monde des chasseurs, souris le dénommé Sam. J'ai toujours adoré lire vos aventures ! Ça fait combien de temps que vous êtes des nôtres ?

— Un peu moins de deux mois, il me semble.

Dean failli s'étrangler avec sa bière.

Deux mois ? Vous avez massacré une centaine de vampires en deux mois ?

— Et encore, intervint le docteur, il n'en a pas tué depuis deux semaines !

— Vous êtes mon héros, déclara Dean en hochant la tête d'un air appréciateur. Et si vous nous racontiez ?

— Je laisserais ça à Watson, répondit le détective. En attendant, je suppose que vous êtes ici pour les mêmes raisons que nous ?

— Le loup-garou, acquiesça Sam.

— Voudriez-vous bien partager avec nous vos connaissances à ce propos ? Comme nous vous l'avons dit, nous ne sommes que novices.

— Il n'y a pas grand-chose à savoir, répondit Dean en haussant les épaules.

— Les loups garous, s'ils existent réellement, sont extrêmement rares, repris son frère. Notre père n'en a croisé qu'un dans toute sa vie, et si celui-là s'avère être véritable, ce sera notre premier.

— M'avancerais-je, intervint Holmes, en supposant que votre père était John Winchester ?

Il y eu un silence.

— Qui ? Demanda le docteur, un peu perdu.

— John Winchester, celui qui a énoncé la théorie à propos du « sang consenti » chez les vampires.

— D'habitude, les gens mettent plus de temps à faire le lien, grogna Dean.

— Vous êtes américains. Je l'ai vu tout de suite à votre accent et vos habits.

— Vous pouvez vraiment faire des déductions, comme dans les livres ? Demanda Sam, admiratif.

— Vous avez quitté le nouveau continent depuis quelques années déjà. Vous n'êtes pas mariés, vous n'avez pas d'attaches, vous errez, dormant à la belle étoile ou dans des auberges de passage. Seriez-vous à la recherche de quelque chose ? Quelqu'un ?

Un autre silence s'installa, plus embarrassant.

— Comment vous avez fait ça ?

— Votre accent s'est un peu émoussé. Ça fait quelques années que vous avez quitté l'Amérique. Vous n'avez pas de conjoints : vous êtes mal rasés, vos vêtements sont plissés et visiblement lavés à la dure, l'eau froide d'un lavoir publique peut-être. Vous pourriez être partis dans un « hunting-trip », mais au vu de l'expression sur vos visages lorsque j'ai abordé le sujet, je dirais que vous vous inquiétez pour quelqu'un.

— Eh bien, Holmes, déclara Dean en reposant brutalement sa chope, apparemment, vous méritez votre réputation. Figurez-vous qu'on en a une, nous aussi. Voyons laquelle des deux est la plus méritée.

Il se leva sans douceur.

— Dean... commença son frère.

— Oh, et, au fait, continua l'autre sans l'écouter, notre père n'était qu'un vieux fou, et sa théorie, ce n'était que des conneries.

Sur ces mots, il fit volte face et sortis de la salle.

Sam envoya aux deux hommes un regard d'excuse.

— Vous devriez nous laisser chasser ce loup-garou, monsieur Holmes. C'est notre métier. Le buisness familiale, en quelque sorte.

— Vous savez peut-être chasser les monstres, monsieur Winchester, répondit Holmes en bourrant tranquillement sa pipe, mais les enquêtes, c'est encore mon domaine.

— Si vous le dites. Faites attention. Et... méfiez-vous.

— De qui ?

Sans répondre, Sam se leva et alla rejoindre son frère.

— Curieux personnage, commenta Watson en tirant un rond de fumée.

— Curieux... et dangereux, répondit son ami. Espérons qu'ils ne se trompent pas de cible...

~

— Très belle sortie, Dean, très mature, railla Sam en s'approchant de son frère.

L'autre releva la tête. Il était en train de polir une lame.

— Tu as remarqué ? Dit-il enfin.

— Oui.

— Tu penses qu'il est au courant ?

— Je... Je ne sais pas, soupira Sam en s'asseyant. Peut-être pas. Il ne chasse que depuis deux mois, c'est peut-être très récent...

— Les histoires de loup-garou, ce ne sont sûrement que des salades. Mais ça, on s'en chargera dès ce soir...

Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant