-Watson, l'heure du rendez-vous est déjà largement passée... déclara une voix compatissante. Il ne viendra plus. Je suis désolé.Watson ne répondit pas tout de suite. Les bras croisés, serrés contre son torse, les mains crispées sur les manches de ses habits, il marchait nerveusement, en long et en large, depuis plusieurs heures, tentant de réguler son abominable angoisse.
Trois mois... Bon Dieu, trois mois... Trois mois sans voir Holmes ! Sans rien savoir de lui ! Sans même la confirmation qu'il était en vie ! Trois mois ! Le temps qu'il lui avait fallu pour échapper à Moriarty, grâce à son nouvel allié, et retrouver le chemin de Londres. La toute première chose qu'il avait voulu faire, bien sûr, c'était se ruer à Baker Street, monter les marches de l'escalier si familier, et retrouver Holmes, son Holmes, sa silhouette féline, son visage pâle, anguleux, ses cheveux corbeau, ses yeux perçant, ses mains... Son sourire... Sa voix... Ses remarques... Son intelligence... Lui.
Mais son ami avait – difficilement – tempéré ses ardeurs. Après tout, ils ne savaient rien de la situation actuelle, niveau « guerre contre les vampires ». Qui pouvait dire si Baker Street était encore le logement de Holmes ? S'il n'était pas surveillé ? Mieux valait mettre un mot dans le journal, un message caché, que seul le détective consultant le plus génial de Londres (le seul, aussi), pourrait comprendre. Un rendez-vous...
Un rendez-vous dépassé de plusieurs heures, à présent. Et toujours pas de Holmes.
-Il reste encore du temps, avant le lever du jour, répondit enfin le docteur vampire. Attendons.
L'autre soupira et posa une main sur son épaule.
-Watson... Si Holmes avait déchiffré votre message, il serait venu, à présent.
-Attendons ! Répondit Watson. Attendons encore un peu. Je vous en prie...
Des larmes montèrent à ses yeux, d'angoisse, d'épuisement, et de manque.
Oh, Holmes... Mon cher Holmes... Où êtes-vous ?
~
Holmes n'était plus très loin. Il courait à perdre haleine à travers les rues endormit, la mise débraillée, le souffle en feu, un point de côté lui sciant les côtes. Mais l'espoir, l'espoir de revoir Watson, l'espoir de savoir, enfin, lui donnait des ailes.
« Là où je fus transformé », disait le message, écrit selon un code que seul Holmes et Watson connaissaient.
Le cimetière d'Abney Park. Le lieux où un vampire avait transformé le docteur.
Il y était presque.
Bien sûr, c'était peut-être un piège, un appât lancé par Moriarty pour l'attirer dans ses griffes. Mais il n'en avait cure. Il pouvait bien prendre le risque de mourir, si de l'autre côté, il avait une chance de revoir Watson !
Enfin, la grille ! Plié en deux par sa course folle, il jeta un coup d'œil à sa montre. Il avait quatre heures de retard. Quatre heures... Une vague d'abattement et de culpabilité déferla sur lui. S'il n'avait pas cédé à ses vieux démons, s'il n'avait pas écouté l'appel de la seringue...
Mais ce n'était plus l'heure de se flageller. Son souffle plus ou moins retrouvé, le détective marcha le long du muret qui fermait le cimetière, jusqu'à trouver une entrée satisfaisante. Il n'allait tout de même pas utiliser la porte principale !
Il escalada lestement le mur, son agilité faisant honte à toute la gente féline, et se réceptionna de l'autre côté, dans un buisson. Il se figea et tendit l'oreille, les sens aux aguets.
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Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de Londres
FanficXIXeme siècle. Alors que Jack l'Éventreur court les rues, un homme vient frapper à la porte du 221b, Baker Street. Un certain professeur Van Helsing, qui affirme que Moriarty n'est pas mort. Enfin, "pas mort"... Façon de parler. Sherlock Holmes se...