Partie 3

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« Hey Princesse. Tu fais quoi ?

-Je viens de sortir d'un grand bâtiment aux murs extérieurs autrefois blancs. Et toi ?

-C'est quel genre de bâtiment ?

-Essaye de trouver.

-Un asile ?

-Très drôle, mais non. »


Et ce petit jeu dure jusqu'à ce que je sois devant chez moi.


« Viens on se voit aujourd'hui.

-C'est toi, Princesse ?

-Oui, pourquoi ?

-Parce que tu n'es pas du genre à proposer ce genre de chose, surtout de manière aussi soudaine.

-Sérieux, tu peux ou pas ?

-Bien sûr que je peux.

-J'ai besoin de sortir avec quelqu'un et de penser à autre chose que ce à quoi je pense.

-Et tu pense à quoi ?

-À ce qu'on pourrait désigner comme étant mon futur.

-Et c'est quoi ton futur ?

-Peut-être que je t'en parlerais un jour. Mais en attendant, il faudra que tu sois patient et que tu ne poses pas de questions.

-D'accord.

-On se trouve au McDo dans une demie-heure, ça te va ?

-Niquel Princesse.

-Et arrête de m'appeler « Princesse » s'il te plaît.

-Hum.Comme tu veux. »


Après quoi, je raccroche. Je vérifie que j'ai assez d'argent pour me payer à manger, je change de chaussure, me parfume une nouvelle fois pourchasser l'odeur de l'hôpital qui semblait me coller à la peau et je me mets en route après avoir pris mes clées et refermé la porte.


J'entre dans le fast-food une demie-heure après, me dirigeant vers les bornes pour commander en attendant Shading. Mais alors que je sélectionne « Anglais » sur l'écran tactile, je sens deux mains se poser doucement sur mes épaules et une voix familière.


« Pile à l'heure.

-Je n'aime pas être en retard.

-Je vois. Je t'attends à la table du fond à droite.

-D'accord. »


Et il repart à la table qu'il vient de m'indiquer. Quand ses mains lâchent mes épaules, j'ai l'impression que toute la pression que je porte depuis déjà environ un an et six mois m'accable d'un coup et pour la première fois, je ressens le poids de mes cachotteries et de mes agissements. Quand je me dirige vers le comptoir dans le but de réceptionner ma commande, j'ai envie de pleurer, de fondre en larme et de crever de déshydratation. Mais rien. Je ne flanche pas, ne bouge pas d'un cil, récupérant juste mon plateau pour me diriger ensuite vers la table où Shading m'attend pour commencer à manger.


Une fois installée, le roux me regarde dans les yeux, comme si il voyait mon âme de ses yeux verts envoûtants.


« Qu'est-ce qui t'arrive ?

-Hein ?

-Ne mens pas, je vois que quelque chose ne va pas. Habituellement, ton regard est soit désintéressé, soit il change toute les deux secondes. Sauf que tout ton visage est neutre depuis plus de 5 minutes, et tes yeux ont comme une lueur triste.

-Tout va bien.

-Le bâtiment blanc où tu étais... C'était l'hôpital ?

-Oui. »


C'est inutile de lui mentir sur ce point, alors je réponds avec détachement en croquant dans mon Wrap poulet-bacon.


« Quelqu'un de ton entourage est malade ?

-En quelques sortes.

-Je suis désolé. Si tu as besoin, je suis là.

-Hum.Ils disent tous ça.

-Je ne suis pas « tous » je te rappelle.

-C'est vrai. »


Je finis mon repas sans un mot de plus à ce propos. Quand j'arrive au dessert, Shading me regarde, prend une serviette et m'ordonne de ne pas bouger. J'obéis sans broncher tandis qu'il essuie de la glace qui est venue s'échouer sur ma joue par je ne sais quelle action divine du saint cliché du rendez-vous amical qui se transforme en rendez-vous amoureux. Je déteste ce genre de scène, mais ça ne me gêne pas, pas comme ces filles qui fantasment parce qu'un mec leur a fait un sourire colgate. Je soupire en finissant ma glace puis ma voix vient troubler le silence entre nous.


« Tu sais... Tu ferais mieux de ne plus me parler, plus me voir, effacer mon numéro de ton portable et m'oublier. Je vais te faire du mal...

-Pourquoi tu m'en ferais ?

-Je ne peux pas te le dire. Mais c'est certain que je vais t'en faire. Tu ferais mieux de m'oublier.

-Je veux prendre le risque.

-C'est pas la question de prendre le risque ou non. C'est même pas une question. Pars juste, oublies-moi et point.

-C'est impossible.

-Tout est possible quand on le veut.

-Non. Par exemple on ne peut pas contrer la mort.

-C'est pas à moi que tu vas l'apprendre, ça. »


Et c'est sur ces mots, les larmes aux bords des yeux, que j'ai presque crié ces derniers mots en partant rageusement, jetant mon plateau en vitesse pour rester le moins longtemps possible cloîtré dans la même pièce que lui, où l'atmosphère était devenue soudainement si oppressante pour moi.

Je me suis empressée de courir au dehors du fast-food dans l'espoir de prendre un grand bol d'air, mais malheureusement, à mon grand désarroi, l'air me semble tout aussi lourd et pénible à respirer. Je me dépêche de prendre le bus pour rentrer chez moi qui, par bonheur, vient tout juste d'arriver à l'arrêt présent à une dizaine de mètre. Je me précipite à l'intérieur et composte le billet que j'ai eu le temps de trouver dans ma poche. Je m'assoie en soupirant, espérant que mes poumons ne soient pas eux-aussi touchés par la vermine qui me tue de l'intérieur. Le Dr.Finigan me l'aurait dis, si ça avait été le cas, je pense... Quelle idée de ne pas l'écouter, aussi !


Quand le bus arrive à mon arrêt après d'interminables minutes, je descends rapidement et je manque même de tomber en loupant la marche, mais je me rattrape à temps. Quelques rire venant du bus parviennent à mes oreilles mais je les ignore et me rue chez moi.J'ouvre la porte, la referme et me laisse tomber sur le canapé en toussant comme une dingue. Ma mère, ce jour-là en congé, vient à ma rencontre, affolée.


« Sunshine ?!Qu'est-ce qu'il t'arrive ?!

-Rien...Ça va passer... De l'eau s'il te plaît. »


Ma mère m'a alors apporté de l'eau au pas de course pendant que j'essaye de trouver une position confortable sur le canapé. Je saisis le verre qu'elle me tend et le bois d'une traite, comme j'ai l'habitude de boire un shot de vodka. Après quoi je me souviens à peine de m'être endormie.

Et elle s'appelait Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant