Partie 15

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Tout s'est accéléré. Bien trop vite, notre périple s'est achevé, à Londres. Retour à la maison...

Je garde gravée à jamais dans ma mémoire les images de Sydney, de ce passage piéton géant, à Tokyo, des gens de Yamosoukro, l'accent à Buenos Aires, la joie à Rio et ce rêve réalisé à travers les USA.

Nous étions arrivé au Texas, dans la ville de Austin. Rapidement, nous avons dû faire nos valises pour aller vers Santa Fe, capitale du Nouveau Mexique. Mes yeux n'ont jamais vu des choses aussi belles que sur ce continent ! Phoenix était une ville que j'ai adoré, comme toutes les autres d'ailleurs, mais déjà, rien que par son nom, elle me touchait. A Sacramento, nous avions rencontré un SDF. Il disait errer depuis 10 ans dans les rues de la capitale californienne. Alors, nous lui avons payé un repas avec nous et il nous a raconté sa vie. Mais je lui ai demandé de ne donner que les points positifs. Alors, les yeux brillants, en reposant son verre de vin, il a commencé un récit fabuleux sur sa défunte âme soeur, une certaine Betty. D'après lui, il n'avait jamais vu un sourire aussi beau que le sien, aussi vivifiant. Il était fier aussi, de nous dire qu'elle lui avait fait deux magnifiques enfants, mais que malgré tout, ces deux derniers ne pouvaient l'aider, parce qu'ils le pensaient parti en Australie, là où internet n'existe pas, et il redoutait de les croiser, mais il n'était même pas certain qu'ils soient en capacité de le reconnaître... Avec sa barbe mal entretenue et ses joues salies, il était loin du beau jeune homme sur la photo de mariage qu'il nous a montré... Malheureusement, à la nuit tombée, nos chemins ont dû se séparer. Nous lui avons offert une étreinte chaleureuse et nous lui avons souhaité bonne chance, avec nos accents britanniques qui l'ont fait sourire toute la soirée. Malgré tout, je n'ai pas manqué l'occasion de poser avec lui et de passer un petit appel à l'entraide sur la page. Grâce à ça, dès le lendemain, quelqu'un s'est chargé de l'aider pour trouver un logement et un travail. Notre périple s'est donc poursuivit dans l'Utah, à Salt Lake City, puis rapidement dans le Nevada. Carson City était, comme les villes que nous avions visités, un endroit où vivre semblait agréable. Mais ça n'a pas suffit pour nous retenir, l'Oregon nous attendait. Salem et ses légendes m'ont fasciné plus jeune, et je n'ai pas manqué de m'offrir un peu de frisson sur la route vers la ville mythique. Suite à notre visite de la ville hantée, nous avons passé une énième nuit dans un bus pour relier la capitale suivante sur la liste :  Olympia. L'état de Washington était comme je me le suis imaginé, riche et beau. Je crois que je ne saurais être plus précise, j'ai des images qui se mélangent dans mon esprit. Il m'est impossible de vraiment savoir où était ce musée qu'on a visité, ou cette exposition de tableau d'un artiste qui perce. Puis ce sont succédé l'Idaho, le Montana, le Wyoming, le Colorado, l'Oklahoma des livres que j'ai lu des milliers de fois, le Kansas des films que j'ai vu des centaines de fois, le Nebraska et sa capitale au nom si populaire, le Dakota du Sud et du Nord, le Minnesota, l'Iowa, le Missouri, l'Arkansas, la Louisiane, le Mississippi de ce dessin animé que j'affectionnais tant, le Tennessee, l'Illinois, le Wisconsin, le Michigan, I'Indiana, le Kentucky, l'Alabama, la Floride, où nous avons cédé à la tentation d'aller à Disney World, la Géorgie, la Virginie, l'Ohio, la Pennsylvanie, qui n'avait rien à envier à Salem au niveau de ses légendes, le Maine et pour finir en beauté, l'unique et fabuleuse ville de New York.

Cette fabuleuse ville qu'est New York clôture notre "tour du monde".  J'étais maintenant à 8 mois de grossesse, je trainais donc un ventre bien rond depuis quelques semaines déjà. Shading avait tenu à prendre en photo mon ventre une fois par jour, pour constituer une petite vidéo de l'évolution de notre mini-nous.

Nous venions d'arriver à l'aéroport. Ma mère m'accueillit dans ses bras, et je lui rendis son étreinte. Mon pète salua Shading et rapidement, nous étions, ainsi que nos bagage, réunis dans le 4x4 tout neuf de mon père. Mais bien avant que ma mère ne lance son interrogatoire, je dormais et mon cher et tendre n'en fit pas moins.  Jusqu'à notre arrivée chez mes parents, l'habitacle fût bercé par nos légers ronflements et par la douceur, parfois violente, des cordes de Jimmy Page.

J'ouvre enfin les yeux, sans le moindre souvenir de notre arrivée. Mais pourtant, je suis allongée dans les draps de ma chambre, qui d'ailleurs était telle que je l'avais quittée : désordonnée mais organisée, à mes yeux. De ma place, j'observe ces murs peints aux couleurs qui me plaisaient au moment de les choisir : un mur noir et des murs gris. Je scrute les traces qu'on laissés les photos autrefois accrochées au mur noir. Je ne sais même plus qui était sur ces photos, tant pis. Et puis mon regard s'échoue sur Shading, endormi près de moi, me serra dans ses bras, comme si jamais il ne voulait mon départ... Et pourtant. Il sait. Depuis le début, il sait. Mais il a voulut vivre l'aventure, malgré tout, malgré sa connaissance de la douleur à venir. Peut-être que lorsqu'on l'anticipe, elle est plus douce à affronter ? Peut-être est-elle plus supportable ? Je n'en ai aucune idée. Je ne saurais jamais le dire. Je n'aurais pas le temps de le savoir. Il y a un truc mouillé qui me chatouille le cou, alors j'y porte la main. Je pleure. Je lâche un grand soupire et sans plus y tenir, j'éclate en sanglots, ce qui réveil autant le père que l'enfant dans mon ventre.

Le rouquin ne cherche pas à comprendre et me prends dans ses bras protecteurs, attendant que la crise se passe pour poser la moindre question. Mais elle dure une heure, puis une heure et demi, et je reste inconsolable, noyant mon chagrin dans l'ivresse de mes larmes. Finalement, ce qui me calme, c'est le sommeil que réclame encore mon corps.

Ce n'est qu'à 15 heures que mon estomac me réveille. Shading n'est plus là, je le comprends. Je chausse alors mes chaussons, somme toute plutôt excentriques, et me lance le dur défi que de se lever pour descendre jusque dans la cuisine.

Après avoir manqué plusieurs fois de perdre la vie dans l'escalier, je réussis à me hisser sur un tabouret près du bar. Ma mère était là, assise sans un bruit devant son journal. Ma venue l'a faite relever la tête.

« Comment tu vas, ma chérie ?

- J'ai connu de meilleurs jours. Où est Shading ?

- Il se douche. Il a dit qu'il allait rentrer après ça, pour voir ses parents. Tu sais, c'était bien vide sans vous. Mais on s'est dit avec ton père... Qu'un appartement pour vous deux et le bébé, ça pourrait être une bonne idée... On ne sait jamais, tu pourrais rester plus longtemps...

- Ou peut être moins.

- Peu importe... Nous en avons discuté, avec James et Maria. Et ils sont du même avis, ils seraient prêt à assurer la moitié du loyer avec ton père et moi, le temps que Shading finalise ses études...

- Tu lui en a parlé ?

- Il a dit qu'il ne prendrait pas de décision sans toi.

- Et je suis du même avis.»

Sur ces mots, je me suis servie dans le frigo et j'ai petit-déjeuné. Je mange pour deux, après tout. Par je ne sais quel chance ou miracle, je n'ai pas tant pris de poids que ce qu'on aurait pu imaginer. Je n'ai eu que de très rare douleur au dos et mes seins ont à peine grossit. Le bonheur.

Après ce petit-déjeuner express, je m'empresse de rejoindre Shading, en prenant bien sûr soin de passer dans ma chambre prendre des vêtements propre qui accepteraient la maltraitance offerte par mon ventre rond. J'entre dans la salle de bain après avoir frappé trois coups distinct. Il m'autorise à entrer, alors je baisse la poignée et referme la porte derrière moi. Alors, devant moi, mon rouquin est torse nu, une serviette tombant négligemment sur ses hanches, laissant penser qu'il ne portait rien dessous. Je me senti rougir comme une adolescente. Foutues hormones.

Je pose mes affaires et me dévêtis sous son regard vert. Je prends malgré tout le soin de lui tourner le dos, encore rouge. Mais je sens ses mains glisser sur ma taille pour venir se poser sur mon ventre et son torse réconfortant se coller à mon dos. Il vient nicher sa tête dans mon cou et y murmure des paroles réconfortantes comme il en a le secret. Je lui offre un baiser furtif pour l'abandonner et m'offrir au rideau d'eau chaude.

Dans un mois, je n'aurais plus ce ventre rond. Rien n'est prêt et pourtant, j'ai l'impression que cet enfant est déjà là. J'ai hâte de savoir quel prénom Shading aura choisit, je lui laisse ce soin. Il sait ce qui me plaira ou non. Je lui voue une confiance aveugle.

Et elle s'appelait Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant