Partie 13

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Nos quinze jours passés à Paris touchent à sa fin. Nous en avions grandement profité. Notre séjour avait été rythmé par nos multiples visites. La tour Eiffel, Notre Dame, le Louvre, le musée Grévin et ses statues de cires, Montmartre, Pigalle, le Moulin Rouge... Tout ces lieux qui m'ont fait envie pendant des années, pourtant pas si loin de Londres mais où je n'ai jamais eu l'audace d'aller seule.

Nous avons passé nos matinées à flâner le long des quais de la Seine, imaginant la vie des passants aux pas pressés, peut-être avions nous juste ? Nous ne le saurons jamais.

Toujours étant que chaque lieu visité avait eu le droit à une photo posté sur notre page. Chaque jour était résumé le soir, expliquait les bons plans que nous trouvions grâce à de multiples applications que nous avions dénichés grâce à Internet. De vrais touristes.

La cuisine française était nouvelle pour nous. Nous avions eu envie de gouter à beaucoup de choses, comme les escargots bourguignons qui nous avaient laissé perplexe devant nos assiettes. Malgré tout, beaucoup de plats furent appréciables. La France est un pays où on mange bien, mais gras.

« Quelle est notre prochaine destination ?
- Une capitale européenne.
- Combien de lettres ?
- Quatre.
- Rome ?
- Peut-être ? »

J'ouvre la porte du taxi qui nous a mené vers l'aéroport. Je récupère ma valise, attends Shading et nous entrons dans l'immense fourmilière. Nous nous enregistrons, déposons nos bagages et allons patienter.
Le même manège se déroule devant nos yeux, rythmé par le vacarme de l'aéroport. Je finis par m'endormir après un soupir bien trop long pour être normal.
Shading me réveille quelques minutes avant l'embarquement. Je ronchonne, déçue d'être perturbée dans mes rêves paisibles. Malgré tout, je le lève à sa suite pour monter dans l'avion. Mon seul souhait est de n'avoir aucune nausée pendant les deux petites heures de vol qui nous séparent de Rome.
Nous prenons place, je m'attache et je m'endors presqu'aussitôt. Malgré mon sommeil, je sens Shading poser sa tête sur mon épaule. Un léger sourire tord mes lèvres.
Ce n'est qu'une fois sur le sol italien que j'ouvre les yeux. Nous quittons nos places et descendons de l'avion. Nous nous dirigeons vers l'endroit qui est censé nous fournir nos bagages. J'attends patiemment ma valise.
Avant de quitter l'aéroport, nous prenons une photo sous la pancarte qui nous souhaite la bienvenue à Rome. Ça sera posté ce soir sur la page.
D'ailleurs, elle est dorénavant suivie par des milliers de personnes. Je ne pensais pas qu'une simple vidéo où je raconte ma vie pouvait satisfaire le curiosité malsaine d'autant de monde.
La bêtise de l'humain m'étonnera toujours.

Nous trouvons un taxi qui nous emmène à notre hôtel. Une fois de plus, le manège s'opère : On se présente, on nous donne nos clés, on monte nos bagages, on prends nos marques pour la semaine. On en prends l'habitude et c'est de plus en plus rapide.
Je me laisse tomber sur le lit, le regard collé au plafond. Je caresse doucement mon ventre. Je scrute Shading qui ouvre nos valises pour y trouver son ordinateur. Je ne sais pas ce qu'il compte faire avec, mais il s'installe à mes côtés, l'allume et le connecte au Wifi de l'hôtel. Je l'observe ouvrir une page internet, je suis des yeux la danse de ses doigts sur le clavier. Il se connecte à notre page, il me lis à haute voix les commentaires sur la dernière photo postée.

«Bon voyage les amoureux, Rome est magnifique à cette saison.

- Elle n'a pas tort, même si on a pas vu grand chose, ça avait l'air magnifique.

- Je suis d'accord.»

Il poursuit ainsi sa lecture jusqu'à ce que Morphée vienne me kidnapper.

La suite du séjour est passé à une vitesse folle. Je crois que j'ai été dépassée par tout, par nos visites et nos fous rire. Deux semaines après notre arrivée, le moment de partir était venu. Rome me manquera. Je crois même que je pleure en fermant ma valise. Je pense que je réalise vraiment que chaque ville que j'ai visité, plus jamais je n'aurais l'occasion de les revoir. Que c'est la première et dernière fois que je pourrais courir dans les rues, sentir et goûter leurs spécialités, plus jamais je n'aurais cette chance.
Shading me rejoins, m'enlace en essuyant mes larmes. J'aime ce respect qu'il a, de ne pas demander pourquoi je pleure. Je pense qu'il lit en moi, je le soupçonne d'être télépathe.
Je récupère mon manteau et mes chaussures avant de sortir de la chambre d'hôtel. Je réussis à calmer mes larmes avant d'arriver à la réception pour régler notre séjour et rendre les clés. La réceptionniste me sourit, je lui rends poliment en tenant la main de Shading. Il m'aide à ne pas flancher, à ne pas refondre en larmes.
Nous rejoignons le taxi qui nous emmène à l'aéroport, Shading me tends les billets qu'il a réservé. Je lis la destination : Madrid. Un grand sourire étire mes lèvres, j'ai entendu bien des choses à propos de la capitale espagnole. Entre autre que c'est une ville où on respire, où les gens sont souriants, où tout va bien. J'ai hâte d'y être.
En arrivant à l'aéroport, nous descendons du taxi, récupérons nos valises et une fois de plus le manège s'opère. Nous montons finalement dans l'avion qui me berce rapidement. Je vais finir par croire que je ne le vois jamais décoller.
En arrivant à Madrid, un grand soleil nous assomme. Je sors rapidement mes lunettes de soleil et Shading rit de moi en m'assurant que je ressemble à une actrice qui ne veut pas se faire reconnaître, ce qui me fait bien rire.
Nouvelle photo de la pancarte indiquant où nous sommes sur la planète, nouveaux selfies qui rendront nostalgique Shading dans quelques années.
C'est pile ce moment que mes parents ont choisit pour m'appeler en vidéoconférence. Je décroche en avançant vers les taxis.
« Vous allez bien ?
- Oui ! On vient d'arriver à Madrid. Au fait... il faut que je vous parle de quelques choses quand on sera à l'hôtel. On vous rappelle là bas.
- Pas de problème ! »

Je raccroche et Shading me toise.
«Tu ne leur a pas encore dis ?
- Et toi, tu l'as dis aux tiens ?
- Échec et mat. »

Et elle s'appelait Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant