Partie 9

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~ Une Semaine Plus Tard ~

Nous avions tout organisé, et c'est un bien grand mot quand on sait que je ne souhaite que très peu prévoir où je serais dans le futur. Peut-être que notre voyage nous emmènera dans des pays inconnus ?

Nous avions donc eu l'accord des parents de mon rouquin, après des larmes et des étreintes suite à l'annonce de la bombe à retardement. Mes parents, quant à eux, ont donné une participation financière et m'ont fait obtenir une carte bancaire valable un peu partout sur cette Terre. Nous avons donc placé mes économies sur un compte lié au morceau de plastique pucé.

Nos bagages étaient prêts, nos papiers et nos vaccins à jours. Rien, sauf ma santé, ne pourra nous causer de problème.

Shading vient d'arriver chez moi, mes parents nous emmènent à l'aéroport. J'ai laissé le choix de nos destinations à Shading, sans qu'il ne me consulte. Je lui ai seulement fait part de mon souhait. Il était d'accord et il s'est occupé de tout réserver afin qu'on ne manque de rien.

Je l'embrasse chaleureusement et il salue mes parents. Ces derniers m'adressent un regard plein de bienveillance. Ils savent que j'ai fais le bon choix, et que je reviendrais à temps.

Nous partons enfin vers l'aéroport, après une vingtaine de minutes d'interrogatoire, sur mes possibles oublis. Le trajet est rapide, la discussion est animée. Mes parents et Shading mènent ce dialogue qui me berce, jusqu'à mon endormissement, sur l'épaule de mon cher rouquin.

Je ne me réveille que quelques minutes avant notre arrivée. Je n'ouvre pas les yeux aussitôt. J'entends ma mère prévenir Shading, le supplier de faire attention à moi, que si il y avait le moindre problèmes, ils nous feraient rapatrier.

« Maman, j'ai prévu de rentrer, avant de mourir, ne t'inquiète pas, je te promet que je serais là, en Décembre, pour notre derniers Noël ensemble, le dernier Nouvel An, ne t'inquiète pas. »

Elle me regarde, silencieuse. Elle déteste quand je fais ça, mais je déteste me voiler la face.

Nous descendons, prenons nos sacs et tout les quatre, nous entrons dans cette fourmilière. Je serre la main de Shading, je ne veux en aucun cas la lâcher. Je n'ai jamais pris l'avion, ou pas depuis très longtemps, du moins. Je me laisse guider.

Mes parents nous suivent, attendent, patientent, reviennent... Pendant qu'on se fait enregistrer, qu'on poses nos sacs, au premier contrôle de nos billets... Jusqu'au second contrôle, aux portiques, là où ils ne peuvent plus nous suivre. Alors que j'étreins ma mère, elle se met à pleurer. Je lui sourit doucement.

« Promis, je reviendrais vite. »

J'embrasse ses joues, puis c'est le tour de mon père. Je frotte sa joue, un peu rapeuse : il a oublié de se raser. On rit doucement, puis Shading les rassure une dernière fois. J'inspire profondément, et nous nous lançons. Nous passons les portiques, et on continue d'avancer. Je ne me suis pas retournée, je sens mes yeux me piquer, je ne veux pas risquer de pleurer.

Je ne sais pas où je vais. Je l'apprendrais dans l'avion. Je ne sais pas qui je suis. Je l'apprendrais avant de mourir. Je ne sais pas si la mort me fait peur. Je l'apprendrais dans 10 mois. Je ne sais pas si la vie me terrifie. Je l'apprendrais dans 9 mois.

Nous montons enfin dans l'avion. Je garde la main de Shading dans la mienne. Je ne veux pas qu'il me lâche. On s'installe tranquillement. J'ai pris la place du côté du hublot. Je veux voir le monde à l'échelle d'un géant.

« Alors, où allons-nous ?

- C'est un pays européen. En 9 lettres.

- La Slovaquie ?

- Non.

- Macédoine ?

- Non. Un pays où on trouve de la bière, et puis, des Bretzels, aussi.

- L'Allemagne ?

- Yep, c'est ça.

- Tu parles allemand, toi ?

- Ils doivent bien parler anglais.»

C'est ainsi que notre voyage commence véritablement. Je ne saurais dire si ce que je ressens est de l'excitation ou de l'angoisse, mais ça me prends aux tripes. Comme une envie de vomir...

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, alors que l'avion quitte le sol, le petit sac à vomis présenté par les hôtesses de l'air est rempli. Appétissant.

Je m'endors sur tout le reste du voyage. Je ne suis pas très grande, alors disons que je ne profite pas du même désagrément que Shading, qui lui, peine à étendre ses jambes. Il ne m'a réveiller que lorsque les patins d'atterrissages de l'avion ont touché le sol.

On a attendu qu'on nous demande de descendre et pour la première fois de ma vie, j'ai posé le pieds en Allemagne. Nous sommes entré dans l'aéroport, et une foule de gens attendaient des voyageurs, la plupart avaient des pancartes "Welcome in Germany" décorées de petits drapeau noir, rouge et jaune. Avec mon téléphone, j'ai pris une photo d'une de ces pancartes. J'ai regardé Shading et un sourire est venu fendre mon visage.

« Je sais comment laisser une trace dans ce monde. »

Il m'a questionné du regard, et en quelques seconde, j'ai créé une page sur Facebook. Je l'ai nommée "Ilness versus me : Travel into the world". En description, j'ai rapidement tapoté sur mon clavier une phrase simple : "Je voyage vers l'inconnu pour oublier que ma fin est programmée" et j'ai posté cette première photo, celle de la pancarte décorée. J'ai simplement partagé cette publication sur mon mur et j'ai rangé mon téléphone. Shading a sorti le sien et une notification est apparu, on a rit tout les deux et il a partagé lui aussi la publication.

Et on s'est embrassé dans le hall de cet aéroport allemand. Et c'était beau. Et je me suis sentie renaître. Ici commence mon périple dans le but d'oublier qu'il sera beaucoup trop court, pour Shading comme pour moi, mais tant pis, le temps court plus vite que nous, et la mort abattra sa grande faux sur moi.

Et elle s'appelait Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant