Partie 7

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Je suis pressée contre Shading, tremblante, les larmes qui coulent de mes yeux noyant mes joues rougies.  Le roux vient de poser le petit paquet de feuilles sur son ventre, il soupire.


«Sunshine, tu aurais dû me le dire plus tôt...

- A quoi ça aurait servit ? Je te l'ai dis, c'est déjà ça !

- Oui, mais si j'avais su, jamais je n'aurais hésité aussi longtemps...»


Et sans un mot, Shading me fait relever la tête, une tête affreuse, soit dit en passant, et sans que je le comprenne, un contact chaud et doux se fit entre nos peaux, juste sous mon nez. Je reste stoïque, dans une incompréhension totale. Machinalement, se contacte se fait plus insistant. Je ne saurais dire si je comprends vraiment ce qu'il se passe, mais je ferme les yeux, à m'en fendre les paupières. Je ne l'avouerais jamais, mais j'espérais ce baiser depuis tellement de temps que je commençais à perdre espoir.


Les mains de Shading sur mon corps étaient douces et chaudes. Ma peau frissonnait sous ses baiser, ses caresses et tout les actes qu'il effectuait pour me faire frissonner.  Sur mon lit, nos deux corps sont pressés l'un à l'autre, avec pour seule envie de fusionner. Et c'est ce que nous nous nous apprêtions à faire jusqu'à...

« Attends !»

J'étire tout mon corps vers le tiroir de ma table de chevet. Je saisi un petit carré en aluminium avec un relief circulaire très reconnaissable. Je regarde la date de péremption : trop tard. J'en prends un autre, puis un autre, et encore un... Toujours le même constat. Je soupire, et regarde Shading, frustrée et déçue.

«Désolé...

- C'est rien. Viens là...»

C'est alors que je me blotti contre lui, qu'il m'embrasse tendrement et que je m'endors.

Vers 18h, quand ma mère rentre de sa journée de travail, elle monte dans ma chambre savoir ce que je fais. Elle nous vois donc, Shading et moi dormant contre lui. J'ouvre doucement les yeux, et lui sourit.

« Je lui ai dit.

- Je vois qu'il n'a pas fuit. Shading, s'il te plaît, prends soin d'elle, son père et moi n'avons plus de pouvoir sur elle...

- Je veillerais sur elle jusqu'à la dernière seconde, je te le promet, Mary.»

Elle referme la porte et nous laisse seuls. Mes yeux se perdent dans le vert de ceux de Shading.


«J'ai pas envie de rester enfermée, ce soir. Ça te dis de sortir, d'aller quelque part et de rester éveillé toute la nuit ?

- Prends des affaires, un maillot de bain, une serviette et un change. Je repasse dans une demie-heure.

- Je te suis aveuglément.

- Si tu sautes, je saute avec toi.»


Alors je l'observe se lever, offrir un chaste baiser à mon front et quitter ma chambre en m'adressant un dernier clin d'œil complice. Dès que retenti le "clic" caractéristique de la porte fermée, je sors de sous mon lit un sac de sport que je n'ai pas utilisé depuis quelques mois, du moins depuis que le Docteur Finigan m'a obligé à arrêter l'excès de sport. C'est un sac noir, rien de plus simple. Je décide de chercher un bikini et de le porter sur moi, je ne veux pas spécialement avoir à me changer devant lui, par soucis de pudeur. Surprenant, n'est-ce pas ?

Je me change rapidement et m'observe dans le reflet du miroir après en avoir retiré le drap qui en cachait les deux tiers. Ma peau pâle contraste avec le bleu uni de l'ensemble, ma taille marquée et mon ventre trop plat me font me sentir plus malade que je ne veux le montrer. Depuis combien de mois n'avais-je pas regardé mon corps dans un miroir ? J'ai l'impression de voir une brindille qui manque de se briser au moindre coup de vent. Malgré tout, mes atouts demeurent fermes, ronds et rebondis. En soit, mon corps n'est pas moche. Pour certaines, il est parfait, mais pour moi, il est trop "parfait". Où est passé le peu de graisse stocké sur mes hanches ? Je n'en ai aucune idée, mais jamais de toute ma vie je n'ai eu autant envie d'ingérer un pot d'1kg de Nutella maintenant, sur le champ.

Je me décidais à me rhabiller, et de finir mon sac. J'y fourrait un T-shirt de groupe, une paire de jean portant une entaille nette à chaque genou, ainsi que des sous-vêtements. J'ajoutais une serviette éponge en passant furtivement dans la salle de bain. J'en profitais pour prendre des anti-vomitifs et des pilules du lendemain, juste au cas-où.

La demie-heure est passée à une vitesse folle. J'ai à peine le temps de saisir des tongs que je dois déjà enfiler ma paire de chaussure fétiche : une paire de Converses rouges usées, à la façon du style grunge que j'affectionnais tant en secret, Nirvana, Hole et Foo Fighters ayant baigné la quasi-totalité de mon adolescence. J'ai toujours fantasmé silencieusement sur Kurt Cobain.

Je descendais précipitamment les marches de l'escalier en chêne et sautait au cou de Shading en riant. Sa réception était parfaite, en revanche, je plaignais son pauvre dos qui allait devoir subir mes réclamations intempestives d'attention.


« J'ai eu le temps de te manquer ?

- Si je ne t'ai pas manqué un minimum, tu peux retourner chez toi, et moi, je remonte dans ma chambre ! Il y a fort longtemps que je n'ai pas eu de relation, alors merci de bien vouloir subir mes réclamation, on ne dit pas "non" à une princesse !»


Et comme deux imbéciles, nous rions. Il prends mon sac, et moi, je saisit mes clés et ma veste en jean brut. Je saluais brièvement Tyson et nous étions partis à l'aventure !

Nous montons dans sa voiture et je sorti de mon sac un CD, une bonne vieille compile de Rock, de Blues et de tout les styles de musique propice à une virée en voiture en lieu inconnu. Shading me sourit d'un air complice, je sais qu'il apprécie ce genre de musique et qu'il ne refuse absolument pas que ce CD pénètre son auto-radio.

Et c'est ainsi que bercée par le son de Where did you sleep last night ?, je hurle les paroles à plein poumons dans l'habitacle de la voiture, nous rions parfois aux éclats quand ma voix choisit un autre chemin que celui que je lui indique.

Le trajet jusqu'à notre destination ne dura qu'une heure trente, et ce que je vis en arrivant, je n'étais pas sûre de l'avoir déjà admiré en 17 ans de vie sur cette terre.

Et elle s'appelait Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant