Chapitre 3: Maladresse (CORRIGÉ)

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L'après-midi, une infirmière m'escorte jusqu'à la salle d'examens.

Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, surtout venant d'un interne; mais je me rassure en me disant que, si on l'a laissé ou laissée pratiquer un examen médical, c'était qu'il ou elle était asser expérimenté pour le faire.

Lorsque j'entre dans la salle d'examen, une petite pièce exiguë aux murs d'un bleu turquoise foncé immonde, je me retrouve face à un type blond, dont les cheveux mis longs de surfeur lui tombent à moitié sur le visage.

Il semble être le parfait cliché du petit interne en chirurgie d'hôpital qui croit que la blouse de médecin lui va déjà comme un gant alors qu'il vient de l'enfiler le matin même.

Seulement, ce n'est pas la faute aux internes, mais aux responsables du groupe, à des gens comme le Docteur Jenna; je ne la dénigre pas du tout, bien au contraire, je l'adore, mais à cause de ce système, l'image des internes est dégradée.

Pendant une seconde, il reste à me fixer, alors que je suis sur le seuil de la porte et que l'infirmière referme celle-ci derrière moi.
L'interne me fixe comme s'il se demandait si c'était lui ou moi qui devait saluer l'autre en premier.

"- Bonjour." Finit-il par dire, et ma théorie est tombée à l'eau. "- Je suis Jérémy Hailis."
Il a une voix claire, grave mais pas trop, et je ne détecte aucun signe de stress dans sa voix.

C'est donc lui qui a séché la première rencontre.

Ennuyant.

Encore un autre interne que je ne pourrais pas embêter sur ses insécurités; depuis mes passages à l'hôpital, j'ai toujours eu un petit nouveau (quand il y a un petit nouveau) que je m'amuse à asticoter pour tester ses limites.

Je m'approche de lui, il m'observe, une expression indescriptible sur son visage.
C'est peut-être la première fois qu'il doit ausculter une jeune fille. Je m'en fous, pour moi, c'est un médecin; bien qu'interne, mais médecin quand même.

"- Kaitleen Sandoval." Dit-il en fixant sa feuille, avant de reposer le stylo et de me regarder.
"Arythmie cardiaque, c'est bien ça?
- Vous avez bien appris par cœur." Dis-je, le testant.

La seule réaction de sa part est un soufflement par le nez, alors qu'il baisse la tête pour fixer mes habits, avant de relever les yeux vers moi, le front plissé:

"- Déboutonnez votre chemisier, s'il vous plait."

Je le fixe, dépassée.

Est ce qu'il a vu que j'étais en chemise d'hôpital? Et que je ne peux pas la déboutonner?

D'un geste grossier, j'attrape le tissu de la chemise pâle entre mes doigts, comme pour lui montrer qu'il fait n'importe quoi, là.

Il hésite avant de réitérer son ordre, comme se forçant à ignorer mon commentaire:

"- Détachez-la depuis derrière... Passez-la juste sous les épaules, ça ira très bien." Me dit-il, l'air complètement désintéressé.

Je crois qu'il est plus concentré sur le protocole de l'examen que sur des détails comme le fait que je porte une blouse d'hôpital au lieu d'un chemisier.

Je m'exécute non sans émettre un autre soupir, ce qui lui fait bien comprendre que je ne compte pas m'éterniser trois heures ici, et que, si je veux, je peux très bien appeler mon médecin qui me fera cet examen en deux secondes.

Quelques battements de séparation ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant