Chapitre 19: Retour à la réalité. (CORRIGÉ)

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La conversation semble en suspens, comme mise sur pause. Nadia me regarde dans les yeux, et je sais qu'elle peine à me croire.

Alors je suis la première qui prends la parole:

"- C'est pas une blague. Je te jure que c'en n'est pas une.
- J'ai pas dit que c'était une blague.
- Je sais. Je veux juste que tu le saches."

Le silence revient, pesant. Nadia fixe ses mains, embarrassée.

"- Mais comment ça a pu se passer?
- Je l'ai..." Le premier mot qui me vient en tête est manipulé, parce que je repense aux paroles d'Hailis quand je l'ai vu dans le vestiaire des soignants...

Je l'ai poussé dans ses retranchements jusqu'à ce qu'il craque... Je suis un monstre.

"- On s'entendait bien, je ravale les larmes qui me brûlent les yeux. "- Je veux dire, il était tellement bienveillant...
- C'est son rôle, Kaitleen!, s'insurge Nadia en sortant de ses gonds.
- Quand je suis passée et que j'ai dit que ton médecin était vachement beau, c'était pas pour que tu... Enfin, je..." Elle est désemparée. "Qu'est ce que tu comptes faire? C'est quoi la suite? Lui, il va en parler?

- Il m'a dit qu'il allait démissionner..., j'avoue, honteuse. J'ai l'impression que tout s'effondre.

- J'te félicite pas, ma vieille. Tu te rends compte de ce que t'as fais?!

- On était deux ! De ce qu'on a fait, Nadia!

- Les médecins sont censés être asser grands pour gérer leurs patients, visiblement ça a pas été le cas avec toi!

- C'est un super interne, tu le connais pas.

- Arête Kaitleen, on dirait une gamine qui a fait une bêtise et qui boude!
- ... Toi arête. J'ai besoin de soutien, pas que tu me juges!"

Je me lève d'un bond et Nadia se calme, passe la main sur son visage:

"- ... Ok. Ok, Kaitleen. Mais... Bon tu sais ce que j'en pense. Le syndrome de Florence Nightingale, ça te...
- Je sais. Je connais. On me l'a déjà dit."

Elle soupire. On reste un moment l'une en face de l'autre, en silence, puis elle recommence à parler:

"- ... Qu'est ce que tu comptes faire?
- Je sais pas. J'en sais rien, c'est. On s'est dit au revoir, je veux dire... Enfin... en quelque sorte.

- T'aurais besoin de le revoir, c'est ça?"

Oui.

Mais à la place, j'hausse les épaules. Ce serait plus que déplacé. Et il risquerai encore pire que tout ce qu'il a traversé.

"- Ça ne servirais à rien. Ça fonce dans le mur, cette histoire..." Si histoire il y a bien eu.

Je passe une semaine à zoner à la maison avant de pouvoir enfin réintégrer le lycée.

Je ne pensais jamais regretter l'hôpital ni la maison, mais retourner entre ces murs à l'intérieur desquels je n'ai pas mis les pieds depuis presque un mois me terrifie.

J'ai l'impression d'être une étrangère; bien sûr, tout le monde sait, pour mon séjour à l'hôpital, comme toujours. Les rumeurs vont vite, ici. Et ma maladie n'est pas un secret.

Quelques battements de séparation ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant