Le lendemain, après une nuit agitée entre une asphyxie et mon cœur qui semblait vouloir plus que tout jaillir hors de ma poitrine, je reste cloitrée au lit, complètement déprimée.
A midi, je prévois de renvoyer mon repas en cuisine sitôt qu'on me l'apporte, mais je change de plan quand je vois que ledit repas est accompagné de Nadia, ma meilleure amie.
Nadia a toujours été, pour moi, un exemple sur tout: beauté, intelligence, réussite... Il n'y a pas une seule chose chez elle que je n'aimerais pas avoir.
Pourtant, je ne la jalouse pas; je l'admire.Forte d'études en psychologie, elle aimerait maintenant entrer à l'Université et pouvoir accéder à des hautes études dans le but de devenir enseignante elle aussi dans de grandes écoles.
Fille d'immigrés Indiens, Nadia a tout fait pour s'intégrer. Et ça a porté ses fruits, elle peut maintenant accéder à presque toutes les meilleures Universités du pays.
Alors que moi, je suis privée de tout ça à cause d'un cœur dont les rythmes n'arrivent pas à se mettre d'accord.
"- Tu crois que les assiettes, ça se mange aussi? me demande Nadia en inspectant le récipient en sagex d'un air pensif. J'hausse les sourcils:
- ... T'es sûre que tu vas entrer à l'Université, toi?
Elle secoue la tête d'une mine moqueuse:
"- Je détèste la bouffe de l'hôpital. Quand maman a accouché de Ben, on se tapait que des plats tièdes dans des assiettes comme ça.
Je pinaille en brassant plus la nourriture qu'en l'avalant, trop stressée et déçue de l'image que je renvoie à ma meilleure amie en ce moment.
Même si je capte tout à fait qu'elle comprends ma situation, je détèste qu'elle me voie dans cet état là.
"- ... Pas sûre que si tu changes pour ceux de la cafétéria, tu tombes mieux..., dis-je tout en me forçant à avaler mes légumes.
J'évite de peu de tout recracher sitôt la nourriture avalée, et je finis par repousser mon assiette après un peu plus de la moitié terminée.- Toi, tu tiens le coup? Me demande soudain Nadia, comme gênée.
- Mon vieux coucou tient le coup, en tout cas, répondais-je en tapotant mon sternum, sous lequel mon cœur bat plutôt calmement.
Même peut-être un peu trop, mais je me sens juste raplapla pour le moment, rien d'inquiétant.- Ok, ok, pardon, on parle pas de ça ici, change de sujet ma meilleure amie, se tortillant pour changer de position sur son siège, et avec sa fourchette elle semble déterminée à piquer tout les aliments qui se trouvent dans son assiette sans exception.
- ... Ton médecin, là... C'est bien celui que j'ai croisé dans le couloir?... Enfin celui qui m'a amenée ici?
Elle semble complètement excitée, comme une commère sur le point de faire une confession.
J'hoche la tête, un peu désintéressée.
"- Je le croquerais bien, moi.
- ... Tu le... Quoi? " J'essaie de comprendre ce qu'il vient de se passer.
- Bah, j'y goûterais bien, quoi. T'as jamais vu Urgences? Grey's Anatomy?
- Ouais, j'ai vu. Mais c'est pas le docteur mamour.
- Si, c'est lui, t'as vu son charme? Il est genre...
Alors qu'elle va poursuivre, la porte s'ouvre justement sur le médecin de mes phantasmes. Je me renfrogne dans mon lit alors que Nadia le dévore des yeux, puis se force à se concentrer sur son assiette.
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Quelques battements de séparation ( TERMINÉE )
RomanceKaitleen est née avec un trouble du rythme cardiaque, l'arythmie, qui la pousse à séjourner à l'hôpital tout les deux mois. Mais lorsqu'un nouvel infirmier interne est chargé des soins de Kaitleen, sa convalescence prend une toute autre tournure...