Quelques battements de séparation ( TERMINÉE )

Chapitre 4: Espionnage (CORRIGÉ)

L'après-midi, je passe mon quart d'heures avant la visite à observer les internes courir dans les couloirs, demander des renseignements les uns aux autres mais surtout aux infirmières, qui les renvoie ailleurs d'un hochement de tête.

Un sourire sur les lèvres, je baisse le son de la télé et traverse mon lit à quatre pattes pour me pencher et apercevoir le couloir de l'autre côté de la vitre de ma porte de chambre.

Les couloirs sont en ébullition, et je regarde ces jeunes infirmiers à en devenir courir partout, le visage figé par le stress, et je reconnais certains des internes qui étaient à la visite ce matin avec le Docteur Jenna, dont l'interne qui m'a auscultée.

Il discute avec une infirmière, interne elle aussi probablement et le courant semble drôlement bien passer.

Mon second hobby, après perdre ma respiration en pleine nuit tout les deux mois, c'est d'observer les gens en cachette en m'imaginant leurs vies.

Qu'est ce qu'il est en train de lui dire? Est-ce qu'ils sortent ensemble?

Ou alors est-ce qu'il fait ses premiers contacts avec elle parce qu'il l'a repérée dans le service voisin?

Tout à coup, j'aperçois la chevelure blonde du surfeur des consultations de ce matin et je me retire dans mon lit, bataillant avec couvertures, mais trop tard; il m'a vue et se dirige déjà vers ma chambre.

Merde.

"- ... Kaitleen, me dit-il, comme si mon prénom était un reproche en lui-même.
Je soupire en réajustant mes couvertures d'un air innocent.

- Quoi? J'ai même pas le droit de me lever de mon lit?

- Le Docteur Jenna a dit que vous deviez vous reposez.

- Comment vous le savez? Elle est dans un autre service en ce moment même."

Il soupire, à moitié dans ma chambre et à moitié dans le couloir.

Un instant, il hésite à rentrer ou à rester dans le couloir pour me parler, mais il opte pour la première solution, qui est pour tout les deux la meilleure.

"- C'est noté sur le tableau des consultations.
- C'est aussi noté sur le tableau des consultations que j'ai pas le droit de me lever de mon lit?" Je réplique.

"- Vous devez rester le plus tranquille possible et vous reposez.
- C'est quoi, un hôpital ou une prison? Si j'ai même plus le droit de me lever de mon lit..."

L'interne Hailis semble analyser la situation, avant de lever son regard vers la télévision, dont le volume est au minimum, vers le plafond de ma chambre:

"- Regardez la télé. Ya surement un bon film qui passe à cette heure-ci."

Je soupire en lui jetant un regard qui signifie bien clairement «tu te fous de moi?», et il se pince les lèvres, comme ce matin à la consultation.

"- Je parie que si vous étiez à ma place vous auriez pas envie de regarder la télé."

Il va répondre, mais à la place, il rentre complètement dans ma chambre avant de refermer la porte derrière lui, avant de rester devant celle-ci comme s'il ne voulait pas s'approcher d'un centimètre de plus de moi; la patiente, l'émission de microbes, la chose qui contracte les maladies.

"- Je sais que c'est long, mais ils ont l'air occupés, ce matin. C'est bientôt la pause de midi, trouvez vous une occupation.

Je quitte son regard pour le planter sur la TV:

- Ce qui veut dire qu'ils vont passer que des émissions culinaires et je vais avoir faim, c'est malin. Mais bon, je vais boire beaucoup d'eau." Je lui dis d'un ton sarcastique, et l'interne Hailis reçois mon commentaire avec une expression épuisée:

- S'il vous plait, restez tranquille jusque là.
- Alors distrayez-moi." Dis-je d'un air désintéressé.

- Pourquoi moi et pas le Docteur Jenna?" Il me demande, appuyé contre la porte en verre.

J'hausse les épaules:
"- Je connais le Docteur Jenna par cœur. On a fait le tour de toutes les discussions depuis le temps que je séjourne ici."

Il me fixe encore, en plein dilemme.

"- ... Votre mère ne peut pas venir?
- Elle est pas toujours à l'hôpital, ma mère, elle a une vie. Et je la connais aussi par cœur. J'ai besoin de connaitre quelqu'un de nouveau."

Il change d'appui pour se mettre sur son autre jambe, une expression intriguée sur le visage, comme s'il voulait en savoir plus.

"- D'accord. J'ai encore... Une demi-heure avant la prochaine consultation." Il dit en consultant son biper dans sa poche.

- C'est pour ça que vous parliez à cette interne?"

Ma question le prend de cours, et il me jete un regard en biais, pas du tout professionnel:

- Quoi?
- Je suis peut être une patiente, mais je vois tout. Et accessoirement je vois très bien l'extérieur de ma chambre, grâce à ces trucs en verre qui sont transparents." Je dis en désignant les vitres.

Le docteur Hailis se tourne pour fixer les vitres comme si c'était la première fois qu'il les voyait, et il se retourne vers moi en soupirant encore.

"- C'est l'infirmière du secteur., me dit-il, comme si ça allait répondre à ma question.

- Oui, dis-je, le regard rivé sur mes draps, les touchant de manière distraite. "Ça ne réponds pas à ma question. Ça aurait été la Reine Elisabeth, vous lui auriez pas parler."

Je sens que la réplique se bloque dans la gorge du jeune interne, et il s'approche de mon lit.

"- Reposez-vous, s'il vous plait, me dit-il avant de se retourner pour ouvrir la porte; mais quelqu'un le devance, et il se retrouve face au Docteur Jenna, les yeux grands ouverts et la mine surprise.

- ... Docteur Hailis?"Dit-elle, un peu surprise de retrouver son interne dans ma chambre.
Elle l'interroge lui aussi du regard, et celui ci ouvre la bouche, prit de court:

- ... Elle n'était pas dans son lit.

- Bien sûr que si!" Me défends-je

- Vous ne vous reposiez pas comme je vous l'avais indiqué.

- Vous ne m'avez jamais demander de dormir." Dis-je, soudainement acide.
- Ça fait partie des choses évidentes lorsqu'on se trouve dans un hôpital, Continue-t'il.

Je rêve ou il est agressif avec moi?

- Sanglez-moi dans mon lit dans ce cas, si j'ai même pas le droit de toucher le sol, répliquais-je, dévisageant cet interne inutile.
Il soupire, et je vois bien que, s'il n'était pas interne, il se serait permis de me dire mes quatre vérités.

"- Ça va, c'est bon, nous interromp le Docteur Jenna, dépassée. "Kaitleen. Il faut éviter tout effort physique pendant les prochains jours, votre coeur a besoin de se remettre. Vous pouvez vous levez, mais évitez de vous baladez trop loin dans l'hôpital. Et vous, Hailis, il ne me semble pas avoir vu beaucoup de coches à côtés de vos consultations."

Elle me jete un regard d'avertissement, avant de quitter la pièce sans même un regard à Hailis.

- Vous l'avez entendue, vous avez des consultations, lançais-je à Hailis comme pour lui montrer que la situation s'inversait.

Il se pince à nouveau les lèvres et se retire professionellement de ma chambre.

Mais je sens que quelque chose de bizarre s'est amorcé.