Epilogue

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Un frère peut être le gardien de ton identité, la seule personne possédant la clé de ton être fondamental"
Marian Sandmaier

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                        Alejandro

Il pleuvait. Depuis l'année dernière, depuis la mort d'Aly, je m'étais mis à faire pousser des chysis pour les déposer une fois par an sur sa tombe. Elle aimait tellement ces fleurs, maman lui avait transmis cet héritage familial et elle y tenait, la seule chose positive qu'elle lui avait laissé.

Je roulai jusqu'au cimetière, aujourd'hui c'était l'anniversaire de sa mort et je me sentais comme au premier jour, comme lorsque j'avais vu son corps sans vie à la morgue, ce trou dans sa tête, et depuis, ce trou béant dans mon coeur.

Je n'avais rien vu, rien du tout. Est-ce que ça aurait changé les choses? Surement... Je m'installai devant sa tombe et je me forçai à sourire. J'étais persuadé que son esprit était là quelque part, je la sentais si fort dans mon coeur...

- Bonjour Aly.

Le souvenir de son sourire me submergea, elle aimait tellement m'appeler "jefe" pour me taquiner, mais elle avait toujours ce sourire magnifique et plein d'amour. Je ne pouvais pas croire qu'elle était malade, qu'elle avait fait tout ça, c'était impossible...

- Aujourd'hui je suis seul, Diego n'a pas voulu venir, je crois qu'il ne veut pas que je le vois pleurer et je le comprends. Carmen s'occupe bien de lui tu sais, elle est là et le soutien beaucoup. Jesus est parti, il n'a pas supporté tout ça, il m'envoie des messages de temps en temps, je crois qu'il est du côté de Miami, je suis sur qu'il pense à toi tous les jours.
Sisqo... Sisqo ne va pas bien, je ne vais pas te mentir, j'essaye de l'appeler assez souvent mais il est... il ne va pas bien. Tes amis aussi sont tristes, tout le monde est triste Aly, et moi aussi. Tu as brisé mon coeur, tu es partie pour rien, je t'aurais aidé, on l'aurait tous fait Alyssa, on l'aurait tous fait! Je ne comprends pas, ta lettre ne me suffit pas Aly, ça ne suffit pas! Tu aurais dû me parler, tu sais à quel point je t'aime, jamais je ne t'aurais laissé tomber, jamais!

Mes larmes coulaient, j'étais en colère, tellement en colère contre moi même, contre maman d'avoir révélé tout ça à Aly et un peu contre elle. Tout prenait du sens, la dernière fois qu'elle était venue me voir pour me dire qu'elle m'aimait, je comprenais maintenant, elle savait ce qu'elle allait faire. Je sortis la lettre qu'elle m'avait écrite et la relus une nouvelle fois.

Alejandro,

Je ne sais pas pour où commencer, ta lettre est la plus difficile à écrire. Si tu savais à quel point j'aurais voulu avoir la force de te parler, le courage de tout te dire, tout ce que j'avais découvert sur moi et mon histoire. J'ai tellement de choses à t'avouer, des choses que je ne savais pas, dont je n'avais aucun souvenir. Je te le jure Ale, je ne savais pas, ce n'était pas moi la Aly que tu connais, c'était une autre partie de moi, plus sombre, plus mauvaise, incontrôlable.
Les lettres de maman m'ont appris que j'étais malade, je souffre de troubles dissociatifs de l'identité, ça sonne folle je sais, je le pense aussi et je sais que dans quelques temps tu riras, parce que je sais que tu garderas cette lettre indéfiniment.

Il y a moi Aly, une autre Lya et une dernière Saly. Maman a décidé de me faire diagnostiquer lorsqu'elle a appris qui était mon père biologique et que j'avais des comportements étranges. J'aurais tellement voulu que ce soit toi mon père même si tu l'es déjà, je n'en serais pas là, j'en suis sure et si je ne t'ai rien dis, c'était parce que je savais que ça te blesserait, et je ne voulais pas le faire de mon vivant et consciemment. Je ne voulais pas Ale, lorsque j'ai lu ce que j'avais fais, je n'ai pas supporté, je n'y croyais pas au début, comment je pouvais avoir fait tout ça sans m'en souvenir? Comment c'est possible? Comment je peux avoir tout oublié? Ce n'est pas moi Ale, ce n'est pas moi et je ne peux pas vivre avec ça.

ALYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant