Les mêmes matins

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À travers la fenêtre enneigée de ma chambre, les premiers rayons du soleil parcourent la pièce. Ils passent entre les draps de mon lit, sur ton visage et contre tes yeux éveillés.

Tu me dis que tu n'as pas dormi et je me dis que c'est sûrement parce que t'as réfléchi toute la nuit à la façon dont tu voudrais être enterré. Et puis tu m'embrasses tendrement le cou parce que c'est ce que tu fais quand tu sens que tu vas passer une mauvaise journée.

Et les oiseaux chantent dehors, ça me calme un peu. Ce sera une journée comme les autres à parler des montagnes de Genova et de la forme de ton nez. Ce sera une journée comme les autres où tu riras pour cacher ta souffrance. Et quand le soleil ira se coucher, tu trouveras des excuses pour ne pas t'endormir.

Tu me diras que les moutons passent trop vite, que le vent souffle trop fort, que ma respiration irrégulière te monte à la tête. Alors tu passeras la nuit entre les deux coussins du vieux divan, les yeux complètement ouverts à fixer le plafond et à penser à la vie que tu pourrais vivre si tu te fermais les yeux.

Et tu viendras me rejoindre dans le lit quand le soleil se pointera à nouveau, tu m'embrasseras le cou tendrement parce que les journées ne deviennent qu'une et c'est toujours la même. Les oiseaux chanteront et peut-être que ça me calmera.

Mais pour l'instant, je pense à la façon dont je voudrais nous enterrer, quand ma bague glissera abruptement sur le sol et résonnera deux ou trois fois. Je pense aux montagnes de Genova et je regarde la forme de ton nez, au soleil qui l'enjambe. Et j'me dis que le matin doit bien rire de nous.

c'est çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant