c'est ça

Les détails de notre guerre

Après le party, après la fête, on s'est fabriqué une guerre sanglante sur mon lit. Les odeurs de la bière et de la rebellion empestaient partout dans la maison. La température était pesante, l'humidité m'étouffait et la froideur de nos gestes des deux dernières heures parsemait des frissons sur ta peau.

Les draps du lit sont rouges et chauds, sous eux, tu me dis que j'ai l'air peinée, peut-être heurtée. Et je ne dis rien, parce que j'en sais rien. J'crois qu'à chaque matin, depuis un bon moment déjà, j'me demande si j'ferais mieux de rester au lit. C'est vrai que ça peut finir par me heurter à la longue, et c'est peut-être aussi pour ça que je ne réponds rien. Comme une star d'opéra qui ferait tout pour se sentir aimée, tu m'as fait la guerre comme jamais avant. Le lit tremblait jusqu'à en trouer le sol et le plafond semblait disparaître au-dessus de nous, juste pour nous faire compter les étoiles et pour ensuite nous faire réaliser qu'elles ne servent à rien.

Ta robe tatouée dort encore sur mon plancher, bientôt, tu partiras avec elle pour piétiner ton prochain champs de bataille. Et il y aura d'autres fêtes, d'autres party. J'sais pas si on refera notre guerre, un jour ou un autre, j'sais pas si je te reverrai nue ou si je ne te reverrai plus. Mais, cette nuit, juste de t'avoir près de moi et de savoir que tu pourrais mourir juste pour que je te donne de l'amour, ben j'crois que j'pourrais pas souhaiter plus.

Demain matin, faudra tout rebâtir, nettoyer tous nos dégâts et j'm'ennuierai sûrement de nos ébats qui s'effacent tranquillement dans mes draps. Quand la froideur t'auras enlacée complètement, que les odeurs poignantes de la nuit dernière se seront estompées. Alors, peut-être.. peut-être que j'essaierai d'oublier tous les détails de notre guerre.