Comme dans un film

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C'était comme dans un film, mon dos contre la clôture rouillée, mon regard perçant qui frappe la faiblesse du tien. J'avais des ennuis dans mon sac-à-dos et des marques sur ma veste de cuir. C'était comme dans un film quand tu t'es balancée de mon bord de la clôture et que tu t'écrases un peu maladroitement contre mon bras pas trop musclé.

Y'avait la fumée des clopes des amis qui te tordait le cou et le brouillard du mois de novembre qui me servait d'excuse. C'était comme dans un film quand tu t'es posée sur mes lèvres, comme la dernière feuille morte d'un arbre pas trop pressé. J'ai pas pensé à afficher les sous-titres quand tu m'as dit «je t'aime».

C'était comme dans un film quand t'as traversé la rue, avec les cheveux qui volaient un peu. Je t'ai regardée entre le grillage rouillé et le brouillard et la fumée, t'avais l'air de sourire comme si on te filmait en contre-plongée.

Et t'avais l'air fière, peut-être un peu songeuse, quand tu t'es retournée, rendue de l'autre côté, les sourcils froncés et les joues rosées. Ta main dans les airs, que je voyais à peine parce qu'il faisait pas trop clair, et les phares d'un camion contre le toupet sur ton front. Le sang qui coulait et le brouillard qui riait. C'était comme dans un film, vraiment, et plus personne ne bougeait.

c'est çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant