Les Loups

Chapitre 12

Le lendemain, je fais comme de rien n'était, comme si la copine de mon frère n'avait pas eu d'avortement, comme si mon jumeau, ma moitié,n'était pas en danger. Un petit moment de paix qui fut détruit le soir même.

C'est mon informateur beau comme un dieu qui me fait comprendre la gravité de la situation.

-Ma sœur va mal...

-Comment ça ? Que c'est-il passé ?

-Déjà son idiot de copain n'a pas l'air d'avoir compris le message... Il l'a fait avorter!

-Non??T'es sérieux ?? (Faire semblant d'apprendre quelque chose est un talent que je n'ai malheureusement pas pratiqué).

-Oui!!(Il n'a pas remarqué semble-t-il) Et le pire dans tout ça c'est que... j'en reviens pas encore je crois que je vais le tuer ce gars!... Élena est en soins intensifs!!

-Quoi?!( Ça, ce n'était vraiment pas prévu!)

-J'te jure, il va le regretter. Mon père et moi on pense encore à ce qu'on va faire, surtout si elle... si elle meurt.

Mon pouls n'a pas choisi s'il doit s'arrêter ou battre très fort tellement je suis paniquée.

-M-mais Phil ! T'es pas un meurtrier ! Et puis... Je suis sûre qu'elle va survivre! D'habitude les avortements n'ont pas de complications!Et...

-Pas de complications?! Comment expliques-tu qu'elle a fait une hémorragie et que présentement elle est dans le coma ! Je sais que ton frère à survécu a un accident mais je n'aurais peut-être pas ta chance.J'ai pas vraiment un bon karma.

Les mots me manquent et surtout, il n'a rien répliqué à mon allusion sur son tempérament meurtrier et ça me donne des frissons.

-Je dois y aller... À plus ma puce.

Il raccroche.

J'appelle mon frère en pleurant toutes les larmes de mon corps. N'arrivant pas à comprendre un seul mot de mon babillage au téléphone il arrive en trombe dans ma chambre quelques minutes plus tard.

Malgré toutes nos différences mentales, nous sommes toujours jumeaux et ce lien lui permet de comprendre tout au fond de lui-même que ce que je vis n'est pas seulement une peine d'amour d'ado.

Après plusieurs minutes de tremblements, de larmes, de câlins et de bégaiements, il réussit à comprendre le plus important. Voulant paraître fort, il essaye de ne pas paniquer mais ça ne dure pas longtemps. Il crie et jette l'intégralité de ma bibliothèque par terre, ainsi que la bibliothèque elle-même.

Une chance que mes parents ne soient pas là parce qu'ils aurait débarqué.

Après s'être calmé, enfin, après avoir arrêté de vouloir tout détruire, il commence à réfléchir et moi aussi. Que faire?Appeler la police? Mon frère ne le souhaite pas, ayant peur de se faire arrêter pour des raisons que je ne veux même pas connaître.Fuir ? Non, ils le retrouveraient, bien que ça vaille le coup d'essayer.

Il prépare ses valises, écrit un message pour les parents leur disant qu'il partait pour quelque temps mais qu'il allait revenir. Nos adieux sont vraiment douloureux, il part à l'autre bout du pays et nous n'avons jamais été aussi loin l'un de l'autre. Nous convenons que je ne dois l'appeler qu'en cas d'urgence. Il ne répondrait qu'à moi.

Mes parents arrivent quelques heures après son départ. Ils ne sont pas très inquiets. Ou du moins mon père. Je dois convaincre ma mère en lui disant qu'il n'est pas en danger et qu'il doit se changer les idées. Un mensonge qui me fait grincer des dents.

Toute la nuit je ne pense qu'à mon frère et je ne ferme pas un œil,terrifiée.

Lorsque l'heure de partir à l'école arrive, j'ai la tentation de ne pas y aller mais ça éveillerait les soupçons de mère.

La journée se passe dans un brouillard total. Fatigue, frayeur et stress ne sont pas les meilleurs ingrédients pour comprendre ce quel'on nous enseigne. Tomy et Annie me posent des questions mais aucun mot ne sort de ma bouche de toute la journée.

En marchant vers la maison à la fin de la longue journée, je suis toujours déconnectée de la réalité. Un vrai jeu d'enfant pour celui qui décide de m'enfoncer une arme dans les côtes, m'ordonnant d'entrer dans la voiture stationnée tout près.

On me kidnappe et c'est seulement dans cette chambre froide que je comprends que je suis dans la merde.