Bonus : Alter-égo

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Flash back : '' Ce fameux soir ''

Je me pose contre la porte froide qui sépare la salle de la cuisine. Le soleil brille dehors et illumine notre petit appartement. La baie vitré est ouverte, laissant sortir la fumée de ta cigarette entre tes deux doigts fins. Ton dos roule de tous ses muscles, se contracte puis se relâche lorsque tu ris. Ta main gauche redresse tes cheveux lorsqu'ils tombent devant tes yeux. J'aime te regarder. Ouais j'adore t'observer. T'es assis par terre, devant notre table basse. Ton assiette devant toi t'es tout seul à manger, parce que j'ai pas faim. T'as pas été surpris. Du moins t'as arrête de l'être. Ça fait maintenant près de trois semaines que je n'avale rien. Ou sous la torture. J'arrive pas à avoir le courage nécessaire pour te parler. J'ai même pensé m'enfuir tant la peur ne me quitte plus. T'avais remarqué que quelque chose clochait. Mais t'avais cette capacité d'anticiper. C'est pourquoi tu n'es pas venu me parler. T'attends patiemment que je vienne le faire moi même. Et je t'en remercie. C'est dans ces moments de calme où il n'y a aucun bruit que j'apprécie vraiment notre sérénité. Cette situation qui ne nous quitte probablement jamais. C'est ce que je chéri le plus. T'es aussi la personne que j'aime et que j'aimerai toujours. Mais tout ça, ça risque de changer. Le vrai amour c'est celui qui ne disparaît jamais, celui qui est tourné à grandir de façon perpétuelle tout le reste de notre existence. Celui qui nous quitte plus. Qui nous suit partout. Qu'on est condamné à accepter sans possibilité de retour. C'est cet amour là que je te porte. Depuis déjà quelques années d'ailleurs. Mais tout ça risque de se retourner. Contre moi. T'es toujours là, magnifique, torse nu. T'es à moi je le sais. Depuis quatre ans qu'on est ensemble j'avais jamais douté de cela. Mais là, je vais pas te le cacher j'ai clairement peur de te perdre. C'est pour ça que je suis plus que l'ombre de moi même. Tu finis par te lever, habille comme un guépard, souple et puissant. Tu jetes ton mégot et ferme la fenêtre. Tout de suite le chant des oiseaux cesse d'envahir la pièce. Ton jean descend bas sur tes hanches, me laissant admirer la beauté de ton torse. Qui sait ? Je ne le verrais peut être plus jamais. À présent tu me fais face. Me dévisageant de tes pupilles émeraudes. Tu ne sais pas être hypocrite et à cet instant précis ton regard trahi ta pensée. Tu te demandes ce que je fais là, vautrée contre la porte de la cuisine, les yeux braqués sur toi, sans prononcer la moindre parole. Tu as bien raison. Ce secret est trop lourd à porter. Mon cœur va exploser. Tes muscles dansent lorsque tu t'approches. Mon pauvre cœur loupe des battements. Tu vas me foutre dehors. Je le sais. J'ai déjà préparé mes affaires. Parce qu'il ne peut pas en être autrement. Le soleil se cache. Des nuages noirs passent devant notre baie plongeant notre intérieur dans une demi-obscurité. J'allais vivre la meilleure vie possible à tes côtés et voilà que je gâche tout une nouvelle fois. C'est pas facile pour moi non plus tu sais. J'ai maigri à vu d'œil. Tout ça parce que j'ai pas l'audace de te présenter les faits là, devant toi. Alors je n'y arrive pas. Non. Non vraiment pas. Je baisse les armes et fais volte face. Incapable de croiser plus d'une seconde ton regard plongé dans le mien. Je ne sais pas ce que je dois faire pour te garder. Je ne sais pas ce que je dois faire pour changer. Pour redevenir la femme que j'étais avant mon anniversaire. Crois moi que j'aimerais tellement savoir. Tu souris mais tu ne me retiens pas. De toute façon à quoi cela servirait il ? Toi aussi t'as abandonné. Toute cette situation te dépasse. Ma vie est magnifique avec toi. T'es mon alter-égo j'le sais et pourtant. Ouais pourtant j'suis sur le point de flancher tout ça derrière moi. Parce que je suis persuadée que ma vie n'est plus à tes côtés. C'est incompatible. On y arrivera jamais. J'aimerai te dire qu'encore une fois je voudrais y croire. Mais c'est au dessus de mes forces. J'ai pas envie de nous enfoncer jusqu'au fond du trou. Crois moi que tout ça j'me déchire intérieurement pour pouvoir le faire. J'aimerais que tu trouves une femme de ton âge. Qui n'a pas les mêmes rêves que moi. Mais bien les tiens. Tu casseras plus jamais aucune promesse dans ton couple. Plus jamais y aura le barrage de quoi que ce soit entre toi et une fille. Tombe pas dans la dépression. Tombe pas dans les coups d'un soir. Tombe amoureux. Ouais comme tu l'étais de moi. Et c'est aussi pour ça que je prends mes valises quand t'es sous la douche. Crois moi que j'ai envie de me tuer. Que j'ai envie de tout oublier et de recommencer à zéro. Alors je dépose la lettre sur le bar de la cuisine. J'ai mis ces trois semaines et l'écrire. Mot après mots mon cœur se fendait davantage. T'étais l'homme que j'ai toujours désiré. Mais la vie en a décidé autrement. Tu trouveras mieux que moi. Ouais je suis sure de ça. Alors j'ouvre la porte et me force à avancer. Le couloir est sombre et je ne pense même pas à allumer. Si je dois tomber je l'aurais fait sans que tu ne vois. Tout derrière ton dos. Tous les sentiments sont restés là. J'ai la sensation de ne plus rien ressentir. La douleur est trop grande. Je ne perçois plus que cela. Je dévale les escaliers. Faisant le moins de bruits possible. Arrivée devant le bâtiment, je me retourne une dernière fois et regarde le dernier étage. Notre salon de jardin est là, on voit le store qui est fermé, la fenêtre l'est également. Là haut, au dernier étage on était dans notre tour d'ivoire. Personne pouvait nous faire du mal. Finalement on avait raison : nos nous sommes fait ce mal tout seul. Comme des grands. Toutes ces émotions ce n'est bon pour moi ni pour lui. J'arrive pas à me dire que ça aurait pu être autrement. T'en aurais jamais voulu. Non mais c'est vrai. Jamais t'aurais assumé ça alors qu'on traversait l'épreuve la pire de notre vie. Non jamais tu le sauras. J'ai bien l'intention de le garder mais jamais personne ne saura qu'il est de toi. J'allais dire à qui voulait bien me croire que je l'avais faite toute seule. Je suis la plus grosse des lâche de cette planète mais je peux pas me résoudre à te faire subir ça. J'ai plus envie de te faire souffrir. Ouais non plus jamais de ça. Alors je trouve le premier hôtel qui me tombe sous la main, assez loin de chez nous pour pas que tu me retrouves en un claquement de doigt. J'avais envie de m'envoler pour le Canada. Mais j'étais pas encore décidée. Tu m'aurais aidé dans cette démarche. J'le sais. J'entre dans le couloir après être sortie de l'ascenseur. J'ai donné mon nom et pas celui que j'aurais dû porter. Ikonomova et pas Bensetti. J'avais envie de faire demi-tour. Mais c'était trop tard. T'avais pas pu louper la lettre.
Alors Drew sorti d'un coin derrière moi. Je reconnaissais ses pattes énormes et sales. Qui puaient le tabac et l'alcool. Je mauvais alcool. Celui qui te retourne le cerveau jusqu'à le rendre en miette dans ta boîte crânienne. Il était là. Il est plus grand que toi. J'ai beau me demander ce qu'il veut je le sais déjà. J'men doute parce que j'le sens. Instinctif on va dire. Je peux pas hurler. Je peux pas lui montrer à quel point je suis tétanisée. Je peux que maîtriser mon corps comme j'ai appris à le faire. Aucun tremblement ne m'échappe. Je parais très a l'aise. Alors qu'en mon fort intérieur c'est la panique générale. Un peu comme toi quand tu as dû justifier pourquoi on s'était embrassé. Un petit rire m'échappe. Il referme ses mains autour de mon cou. Bloquant ma respiration. Il veut juste me faire peur. Il veut juste me faire peur. J'ai beau me le répéter. Me dire qu'il va bientôt arrêter et partir. Rien n'y fait. Il m'entraîne toujours plus loin de l'ascenseur où j'étais à la base. Attends. S'il est arrivé avant moi, c'est qu'il y a des escaliers. Juste à côté de l'ascenseur !
'' - Si tu me lâches je te laisse me faire ce que tu veux. '' ce que t'es con. Tu me relâches. C'est à ce moment là que mes cours d'auto défense que tu m'avais obligé à prendre me sont enfin utiles. Tu es toujours la même dans les pires moments de ma vie. Alors il tombe à genoux. Je cours. Habitée par la terreur la plus globale. J'entends la porte des escaliers s'ouvrir alors que j'ai déjà descendu deux étages. Je cours plus vite sautant des marches comme tu le faisais sur les scènes pendant les tournées. Je claque la porte de l'hôtel et m'engouffre dans les ruelles les plus proches. La nuit est tombée beaucoup plus vite que prévue. Le sombre s'inscrit dans mon cœur lorsqu'il parvient à me rattraper. Il ne me lâche plus cette fois ci. Je sais que je suis déjà perdue. Je sais déjà comment tout cela va finir. Mais je pensais pas qu'être loin de toi pouvait me faire plus de mal que ça.
J'ai tout juste le temps de voir que l'intérieur de son appartement est des plus dégueulasse que j'ai déjà la tête enfoncée dans le canapé, je t'entends hurler comme si j'étais dans mon monde parallèle.
'' - A nous deux maintenant petite salope ! '' j'ai plus de mots pour décrire ce qu'il se passe par la suite. Tout ce dont je retiens c'est que la pire journée de ma vie restera celle ci. Il me relève dans le but de me mettre contre la table en bois où des crottes de souris traînent. Je suis bâillonnée. Je ne peux rien faire. Aucune objection m'est permise. Je le sais parfaitement. Et puis tu tapes trop fort pour moi. Mon corps cède. Ma tête heurte le rebord de la table. Le tapis où la pisse baigne me colle à la peau. Ta chaussure trouée m'appuie sur la tête. Que tout ce cauchemar s'arrête je vous en supplie. Et comme si mes prières étaient enfin entendues, le noir m'absorbe. Mes souvenirs s'effacent. Tout ce dont je sais de la vie m'échappe comme ton existence. Mon sang se reprend de ma tête et de mon ventre. Je sais que même à demi consciente, je ne serais jamais maman. Je ne serais jamais ta femme. Je ne serais plus jamais vivante.
Le sang l'évacue aussi vite et douloureusement que la vie s'échappe de mon corps.

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Coucou tout le monde ! Partie un peu particulière je vois l'accorde. Je tiens à préciser que ceci s'est passé avant le début de la fiction et que Denitsa ne s'en souviendra jamais. C'est ce qu'on peut appeler un bonus. Avis ? No vent s'il vous plaît !

La foi de la mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant