HS : Impossible (1)

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Partie 1 :

'' Je vous déclare unis par les liens du mariage. '' Eh merde. J'assistais au mariage de la femme de ma vie, avec un autre. Ça faisait mal, vraiment très mal. J'avais l'impression qu'on me découpait mes entrailles de l'intérieur. Qu'un monstre grandissait en moi et que j'arrivais pas à l'arrêter. J'avais rencontré cette femme il y a trois ans. J'ai toujours été amoureux d'elle. Mais j'avais jamais osé lui dire. Je l'avais vu filer entre les doigts et tomber dans les bras d'un autre. Et j'avais pas bronché. Comme un petit toutou. Alors tout était allé très vite, j'étais devenu son '' meilleur ami ''. La merde. Le genre bien nul de la friendzone. J'arrivais pas à croire en plus de ça que j'avais accepté de devenir un des témoins. Qu'est ce qui clochait chez moi sérieusement ? On dirait que me faire du mal me plaisait, pire, j'en redemandais ! Mais prononcer les fameux mots m'avait paru impossible, et si c'était difficile à l'époque maintenant c'était impensable. Elle était magnifique dans sa robe de mariée, ses cheveux étaient bouclés, avec des paillettes et des fleurs l'intérieur. Elle brillait de mille feux. Un sourire plaqué sur son visage. Moi j'savais pas exactement si la poire trahissait mes pensées. Mais j'espérais de tout mon cœur brisé qu'elle soit heureuse. Aujourd'hui c'était son jour, et j'avais las le droit de le gâcher, ce serait tellement égoïste. Tellement pas moi. La voir danser avec un autre me retournait les tripes. Si au moins je ne voulais pas lui gâcher son mariage j'pouvais plus la voir. J'pouvais pas. Pire, je ne voulais pas. C'était totalement individualiste mais à l'heure qu'il est j'en ai absolument plus rien à foutre. J'me dirigeais vers les toilettes de la fête. Tout avait été décoré par moi et la mariée. Comme si on était le couple qui allait se marier. Que dalle. J'étais son meilleur ami et l'idée que je l'aimais ne devait absolument pas lui traverser l'esprit. Les toilettes étaient vides. Aussi vides que ma tête. Y avait plus rien là dedans à part un néant vide de sens. Avant j'espérais encore qu'elle me remarque. Aujourd'hui, j'avais abandonné. Je devais me rendre à l'évidence, je devais oublié cette femme. Même si c'était la seule que j'ai aimé de toute ma vie. J'avais pas le droit de ressentir ça. Elle était plus libre à présent. Elle était avec cet homme que je ne connaissais même pas. En même temps je n'avais pas trop envie. Le voir l'embrasser... Ça me dégoûtait. Pire, ça me remplissait de jalousie. Et j'avais pas le droit d'être jaloux. Elle me considérait comme son meilleur ami, dans sa tête c'était clair. Elle faisait rien de mal ou d'ambigu pour mon pauvre système nerveux. Alors non j'avais pas cherché à le connaître. Mais je crois que finalement je ne loupe pas grand chose. C'est sur que moi je devais faire tâche à côté de lui. À c'est sur entre un pauvre con qui bave devant une femme qui a six ans de plus que lui et qui n'est même pas capable de lui avouer s'il l'aime et un homme bien mur de son âge qui l'avait faite sienne en lui passant la bague au doigt, la balance penchait bizarrement davantage d'un côté. C'était le sien bien sûr. Non mais qu'est ce qu'elle allait foutre avec un mec pareil ? Déjà ce type n'était pas clair. Y avait un truc bizarre. Oh et puis ça n'me regarde pas. Fallait que je l'oublie, point final. J'étais toujours dans les toilettes à me passer inlassablement de l'eau sur le visage. J'avais besoin d'avoir de nouveau les idées claires. C'était pas gagné. Je la revoyais lui dire oui, devant tout le monde. Eh merde. La porte claque derrière moi, une petite dame brune aux yeux marrons rentrait précipitamment dans les toilettes. Je connaissais cette petite dame. Elle était à l'origine de mon monologue intérieur qui devait durer depuis des dizaines de minutes. Elle était parfaite. Mais je comprenais pas sur le coup ce qu'elle foutait dans les toilettes des hommes. Mais j'étais tellement focalisé sur elle que je ne lui demandais même pas. Elle avançait de quelques pas incertains. J'avais toujours la tête recouverte d'eau. Je devais être beau tiens. Un phoque qui sort de l'eau. Sauf qu'en soit le phoque c'est moi. Elle s'était changée. Elle portait à présent une robe courte rouge. La couleur de la passion. Mais pourquoi on est dans la même pièce et qu'elle porte cette robe ? Elle veut me tuer c'est ça ? Elle veut que je meurs jeune je crois. J'vois que ça ! Elle s'approcha encore de moi. Je bronchais toujours pas. Décidément c'était une habitude chez moi. Elle arriva à ma hauteur. Je baissais légèrement ma tête pour la regarder dans les yeux. Dans l'incompréhension totale. Alors ?
'' - Qu'est ce que tu fais ?
- Je te cherchais.
- Tu m'as trouvé. Qu'est ce qu'il y a ?
- C'est quoi ton problème ?
- Mon problème ? J'ai fait quoi encore ?
- Pourquoi tu n'as pas ouvert ta gueule quand j'espérais que tu allais le faire ?
- Hein ? Je comprend rien... Non mais excuse moi vraiment si j'ai fait quelque chose de mal. Mais explique moi aussi moins.
- Pourquoi t'as rien dit comme d'habitude ? Pourquoi tu m'as laissé faire ça Rayane ? '' je comprenais strictement rien à ce qu'elle était en train d'me dire. Alors j'me contentais d'hausser les épaules. De toute évidence elle n'avait pas l'air d'accord pour m'expliquer. J'comprenais rien et ça commençait à m'énerver.
'' - Rayane ? Tu m'écoutes ?
- Ouais bien sûr.
- Quoi ?
- Mais rien tu viens tu me hurles dessus alors que je t'ai dit que je pigeais pas. Explique moi au moins !
- Pourquoi tu m'as laissé me marier ? Je croyais que tu m'aimais. '' j'avais tout à coup perdu ma langue. Elle savait ? Elle savait ce que je ressentais pour elle ? Elle jouait à quoi au juste ? Jouer avec moi c'était ça qu'elle voulait ? Pourquoi elle s'est mariée ? C'est qu'elle ne m'aimait pas en retour. Sinon elle ne lui aurait pas dit oui. Et j'aurais pas dû être son témoin. Ni son meilleur ami. En fait je n'avais strictement plus rien à faire ici. C'était pas là ma place. Mais j'avais pas le temps de plus réfléchir. Elle me sautait dessus. Oui c'est ça c'est bien ce qui s'est passé. Ses lèvres ont dévoré les miennes, sans retenues, sans ménagements. Et faible comme je suis, je ne l'ai pas repoussé. Je ne l'ai pas retenu. Elle m'a poussé au bout. Je suis un homme après tout. Et voir une femme magnifique me faire ce qu'elle m'a fait dans ces toilettes, ça allait au delà des retenus d'un homme. Elle m'avait eu, une fois de plus. J'ai profité de chaque mouvement, de chaque sensation, parce que pour moi c'était la dernière fois que j'allais ressentir un truc pareil. Ce que j'ai développé pour elle ça emportait tout sur son passage. Ça emportait même le serment qu'elle venait de faire. Finalement elle trompait son mari, dans les toilettes de leur réception, le jour de leur mariage, avec son meilleur ami qui était au passage un témoin. J'allais passer un après midi fantastique. Dire que je l'ai possédé quelques minutes alors qu'elle va retourner dans les bras de ce type, que je sens même pas en plus. Non c'est trop pour moi. C'est beaucoup trop. Je l'aime c'est vrai. Je l'aime à en crever. Mais je supporte pas qu'on joue avec mes sentiments. Si elle avait voulu de moi elle l'aurait sûrement fait tout de suite, puisqu'elle savait ce qu'il se passait dans ma tête. C'était la merde. La vraie de vraie. J'comprenais pas ce qui m'arrivait. Une seconde j'étais avec elle, en train de la faire mienne, et la seconde d'après elle avait disparu. Je la retrouvais où elle aurait toujours dû être. Alors prétextant que j'étais malade je quittais l'endroit où j'aurais jamais du me tenir. Je quittais les personnes que j'aurais jamais du connaître et surtout la femme qui venait de me briser le cœur une énième fois.
Alors je partais. Loin. Le plus loin possible. Je décidais de partir en Australie. Non pas que je parle bien anglais mais j'estime que c'est assez loin. Les valises étaient prêtes. J'avais tout laissé là. Mon appartement est locatif alors pas question de m'emmerder avec des meubles. Tout allait rester ici. Comme si je n'avais jamais habité cet appartement. Comme si j'étais jamais venu ici. Comme si j'avais jamais existé. Voilà c'est ça. Qu'on m'oublie. Qu'elle m'oublie. Voilà, c'que j'voulais vraiment c'était ça : l'oublier. Une fois pour toute et qu'elle ne puisse plus briser mon cœur en mille morceaux. J'en ai plein le cul d'me faire prendre pour le dernier des cons. Et ça fait encore davantage mal quand ça vient de la personne qu'on aime le plus au monde. J'ai sûrement déjà été aimé. Mais j'avais jamais accordé à personne c'que j'ressentais pour elle.
Je l'avais rencontré par hasard d'ailleurs. J'avais failli la renverser. Elle courait dans tous les sens. Ce n'est qu'ensuite que j'ai appris ce qui s'était vraiment passé. Elle fuyait son mec. Elle avait enfin réussi à partir. Et moi j'avais failli la tuer. J'men suis beaucoup voulu c'est vrai. Mais c'est quand j'lai hébergé chez moi car elle n'avait plus de toit que tout est parti en vrille. Elle avait c'que aucune autre ne possédait. Elle était pure. Elle était tellement douce et gentille. Aucune superficialité. J'avais appris à vivre avec elle et finalement elle n'était plus partie. Jusqu'à qu'elle rencontre ce type. Enfin. Que sa famille lui présente ce raté. J'dis pas que j'suis mieux que lui, mais moi au moins je l'aime sa femme. Lui non, lui pas du tout ! Elle ne sait pas tout c'qui lui pèse au dessus de la tête. Elle ne sait pas que ce type en veut juste à son argent. Denitsa a beaucoup gagné avec les compétitions qu'elle a remporté. Elle a économisé et comme elle n'a jamais vécu toute seule elle a tout cet argent de côté. Alors merde quoi elle ne voit pas clair dans son jeu ? C'est elle qui a financé tout le mariage. C'est elle qui a tout fait ! Il n'a même pas acheté son costume putain ! Elle est tellement fragile. Et moi j'ai jamais rien osé dire. J'avais peur de la perdre. Parce que ouais j'suis même pas sur qu'elle ressentait quelque chose pour moi. P'être qu'elle profitait de moi. Mais j'ai jamais pensé ça. Elle était là quand j'avais pas le moral, quand j'me suis flingué dans les marches comme le dernier des cons, quand mon père est décédé. Ouais c'était devenu ce pilier. C'était devenu la seule personne pour qui je voulais me lever le matin. Mon père me manquait et chaque fois j'avais qu'à la regarder pour me dire qu'il était heureux là haut. Alors ouais là j'suis dégoûté. J'ai plus qu'à m'en aller. T'façon j'lai perdu y a déjà bien longtemps. Y en avait plus que ce connard qui comptait. Moi j'étais parti en fumée. Et ouais le fait que je l'aime l'avait effleurée. Elle l'avait même compris. Et elle a fait quoi ? Elle a couché avec moi. Super. J'aurais voulu profiter de ce moment, je l'imaginais pas du tout comme ça. C'est vrai quoi, pourquoi là ? Pourquoi à son propre putain de mariage alors que son enculé de mari pouvait nous surprendre ? Pourquoi elle avait pris ce risque ? Alors qu'on se connaissait depuis trois ans ? C'était complémentent con putain. Alors maintenant vingt quatre heures d'avions allaient nous séparer. Et j'espérais de tout cœur que ce serait assez long pour l'éloigner de ma vie. L'éloigner de ma tête. Elle avait une vie à construire. Et j'y avais pas ma place. Alors j'en avais plus rien à foutre de rien. Papa si tu me vois de là haut, j'espère que t'es heureux, j'espère que t'es pas comme moi. J'espère que tu m'enverras de l'espoir.
Je déteste l'avion. J'suis malade comme un chien. Et j'lai pas à côté de moi pour me dire qu'un jour ça passera p'être. Non là elle est dans ses bras. Elle sera plus jamais avec moi la tête sur mon épaule, nos doigts entrelacés, la même musique dans les oreilles. Ma casquette vissée sur ma tête. Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles. Je voulais tout oublier. Si seulement je pouvais devenir amnésique d'elle. J'aimerais oublié ces trois dernières années. J'aimerais redevenir le mec détaché que j'étais. J'aimerais la quitter et ne plus penser à elle comme toutes les autres avant elle. Comme toutes les filles que je croise mais que j'oublie à la seconde d'après. J'aimerais qu'elle soit pas une si grande partie de ma vie. Le descendais. Taxi. Encore malade. Putain. J'arrivais à destination. C'est là que j'allais habiter les prochains mois. L'appartement que j'avais trouvé était un deux pièces ridicule. Mais c'était toujours mieux que de rester chez moi. Où elle avait vécu avec moi. Pourquoi j'serais resté là bas après tout ? C'était comme ça. J'devais m'y faire. Entre nous, c'était impossible.

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Coucou les amis ! Alors voilà la première parti du fameux HS, comme promis. J'sais pas encore s'il sera entièrement du pdv de Rayane. Alors, avis ? No vent s'il vous plaît !
Grâce à vous on a déjà bien déplacé les 4k merci !

La foi de la mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant