Happy ?

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Chapitre 10 :
'' A mon amour jamais parti. 29.07.16 ''

Il faisait une chaleur étouffante dans cette salle. On était aux assises. Ça y est c'était le grand jour. Ou le pire de toute ma vie je sais pas encore. Le soleil frappait à travers les vitres. On avait du mal à croire qu'on était en plein hiver. On avait reçu les convocations pour le procès quelques jours après Noël. Une super façon de passé d'une année à une autre. On était donc le 2 Janvier. Dans ma rangée se trouvait mon mari, ma famille et quelques amis tel que Jade et Christian. Il y avait également le médecin qui avait été en charge de mon dossier médical. Il fallait bien des preuves. Et apparemment je ne les connaissais pas toutes. Je me demandais vraiment ce qu'ils avaient trouvé. Et apparemment Rayane n'était pas non plus au courant.
'' - Faites entrer l'accusé '' Drew était menotté dans une tenue de cellule. Ça devait faire des semaines qu'il n'avait pas vu la lumière du jour. Et c'était pas étrange mais légitime de penser qu'il l'avait entièrement mérité. Mon avocat était là et parlait à notre place.
'' - Madame Bensetti ici présente a reçu un traitement de la part de Monsieur Brec totalement inhumain. Comme le témoigne les nombreux dépôts de plaintes. À chaque fois pour des faits de violence tel que l'agression en pleine rue. Les violences physiques et morales. Madame Bensetti a eu le courage de parler à l'homme qui est maintenant devenu son mari de la situation horrible dans laquelle elle se trouvait. Ce dernier a immédiatement pris les devants et a poussé Mme Bensetti de poster plainte. Ce qu'elle a fait. Et ce qu'elle a fait à chaque fois. Mais voyez vous cette fois ci s'est allé beaucoup plus loin. Et c'est pourquoi nous sommes aux assises aujourd'hui. Monsieur Brec l'a violé. Et le choc d'un des coups a rendu amnésique la victime. C'est pourquoi son témoignage ne peut être entendu. En revanche, nous possédons des preuves médicales qui prouvent que ces événements ont véritablement eu lieu : le médecin qui était en charge de son dossier avait retrouvé du liquide séminal. Il l'a alors envoyé à faire analyser. Tout coïncidait. De plus l'accusé était déjà fiché dans les fiches de la police. Il avait un casier et les analyses d'ADN était similaires à cent pour cent. De plus le traumatisme crânien dont souffrait la victime était à l'origine de son amnésie qui ne s'est toujours pas résorbé. À cause de Monsieur Brec elle a perdu toute sa vie. Cet homme mérite de finir en prison. Il a gâché la vie d'une femme qu'il était censé aimer. '' mon avocat reprenait son souffle. Quant à moi j'étais devenue une statue de marbre. Rayane me serrait la main sans me regarder. Il savait déjà ce qu'il se passait dans ma tête. Il me faisait simplement comprendre qu'il était là et qu'il ne nous arriverait rien. Ça me calmait. C'était magique. Ça me calmait.
'' - Et si je peux me permettre monsieur, comme si cela ne suffisait pas, Monsieur Brec a vandalisé le domicile de Monsieur et Madame Bensetti et les a menacé avec une arme. Il y a donc tentative de meurtre. Et comme l'a démontré le rapport de police Monsieur Bensetti a agi en cas de légitime défense. Il a protégé sa femme. Ils ont appelé la police et ils ont retrouvés Monsieur Brec avec une arme. Qui ne contenait que ses empruntes et était en effet chargée avec des balles qui n'étaient pas à blanc. '' je regardais Rayane. Ses joues étaient devenues rouges. Ses yeux étaient foncés. Il avait envie d'aller étrangler Drew de ses propres mains. Mais j'avais pas franchement envie de le voir à son tour sur le banc des accusés et moi pleurant toutes les larmes de mon corps. Le procès dura encore longtemps. Et la décision allait être rendu dans quelques heures. On attendait alors dans le palais. Il y avait des journalistes. Je ne savais pas comment mais les journaux avaient appris la nouvelle. Les gros titres me donnaient envie de vomir '' La triple championne victime de son ex petit ami. '' de vrais torchons. Des vrais de vrais. J'avais envie de porter plainte contre eux mais Rayane s'obstinait à dire qu'il fallait simplement les ignorer. Ils allaient se lasser et passer rapidement à un nouveau scandale. Et j'avais appris à nos dépends qu'on était des machines à faire vendre leur papier. Faire des gros titres avec des paroles détournées de leur contexte c'était ça leur calepins. J'aurais honte si j'étais à leur place. On nous appelait finalement deux heures plus tard. L'audience recommençait toujours dans cette ambiance étouffante. Je ne savais pas si c'était simplement moi mais j'avais envie d'ouvrir toutes les fenêtres. J'arrivais difficilement à respirer.
'' - Nous avons donc pris notre décision. Et nous déclarons Monsieur Brec coupable et le condamnons à sept ans de prison sans possibilité de remise de peine. L'audience est terminée. '' j'avais envie d'hurler au scandale. Que cette peine n'était pas suffisante. Mais mon avocat s'était empressé de me dire que dans les affaires de viols les sanctions n'étaient malheureusement pas assez élevées par rapport aux faits qui étaient immondes. C'était la justice. C'était comme ça. Mais malgré tout, lorsque je sortais du tribunal accompagné de mon mari le poids de mes épaules s'envolait enfin. J'avais pas pu regarder Drew de tout le procès. Il me dégoûtait. Contrairement à Rayane qui lui refusait visiblement le portrait mentalement. Et j'arrivais à le comprendre. Et quelque part j'aurais voulu avoir eu la possibilité de me défouler moi aussi. Mais Rayane avait risqué sa vie. Et je ne sais pas si j'aurais été capable de faire ça. Je suppose que pour protéger la famille j'aurais été capable de faire n'importe quoi. Je n'avais pas encore bien la notion de ces choses là mais j'apprenais. Et plus les jours passaient plus je me rendais compte des choses. En arrivant chez moi je me réfugiais dans les bras de Rayane. Il caressait mes cheveux en me répétant que tout était finit. Je savais qu'il avait raison. J'espérais juste qu'il n'allait pas être relâché avant la fin de sa condamnation. C'est tout ce que je demandais. Enfin. Non. Je demandais aussi de toujours restée en sécurité, moi et ma famille. C'était ça que je souhaitais le plus au monde.

La foi de la mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant