HS : With you (2)

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Chapitre 2 :

Dormir dans un lit tel que celui que j'avais c'était un des luxes que j'avais cessé de convoiter depuis mon arrivée sur Paris. J'ai dormis par terre. Dans un canapé. Mais un lit ça faisait un bail. Et mon dos me remerciait. Je fus réveillé par le tuyau de la douche qui claquait contre la paroi en commun avec la salle de bain. J'ouvrais les yeux et distinguais ma chambre. L'armoire était ouverte et toutes mes affaires n'étaient pas sorties. Mon volet à moitié ouvert. J'étais torse nu et la couette à moitié par terre. J'ai encore rêvé de trucs bizarres moi. Comme je savais que je n'allais pas pouvoir me rendormir, je descendais de mon lit. Ouvrais la porte et tombais nez à nez avec une Denitsa en serviette miniature les cheveux pleins de mousse. Un éclat de rire remontait dans ma gorge et je du me faire violence pour le contrôler.
'' - Tu.. as un problème ?
- Ne te moques pas de moi Rayane ! L'eau s'est coupée. Figure toi que la machine à laver s'est remise en route cette salope.
- Et donc tu vas l'arrêter.
- T'as tout compris.
- Tu veux que j'y aille ? Ça serait bête que tu glisses dans les escaliers.
- Et que ma serviette glisse de mon corps. Et que j'me blesse et que je dégueulasse tout avec la mousse. Oui beaucoup de choses sont en jeux. Vas y s'te plaît. '' je lui tournais le dos sans rien répliquer. Que sa serviette tombe n'était pas un problème pour moi mais je me gardais bien évidemment de le lui dire. J'arrivais dans la cuisine où se trouvait l'objet du délit et la stoppait. Bon il avait fallu que j'appuie sur tous les boutons mais il ne fallait pas le dire. J'entendais Denitsa m'hurler merci depuis l'étage. Elle était adorable. Vraiment. Je faisais donc le petit déjeuner. Si elle devait partir à la danse c'était mieux qu'elle n'arrive pas en retard. Moi en tout cas quand je peux j'me prive pas d'le faire. Je ne savais pas ce qu'elle aimait alors je sortais plusieurs choses et attendais assis sur le canapé. Je devais avoir l'air de quoi moi à l'attendre dans le silence le plus complet ? Je cherchais la télécommande de la télé et l'allumais. Elle ne servait à rien puisque je ne l'écoutais pas mais ça faisait décor. J'me sentais un peu moins seul.
'' - T'es adorable. En plus j'avais peur d'être en retard. Au fait, bon matin.
- Bon matin ?
- Ça se dit pas ?
- Pas du tout.
- Tant pis.
- D'où tu viens pour sortir de telles expressions ?
- Du Canada.
- Tout s'explique. Tu fais quoi aujourd'hui ?
- Je vais m'entraîner. Et toi ?
- Étudier les scripts c'est long. Alors j'vais m'y coller dés maintenant. '' comme je remarquais que Denitsa ne m'écoutait plus du tout, du moins selon moi, je m'intéressais à où elle portait son regard. Et ce n'est qu'à ce moment là que je remarquais que j'étais toujours torse nu. Et en caleçon. Eh merde.
'' - Ça va Denitsa ?
- Très bien et toi ?
- Bien bien. Mon torse est sympa ?
- Hein ? Ah. Pardon. '' elle me regardait de nouveau dans les yeux et rougissait légèrement. Bon au moins je n'agressais pas ses rétines. C'était déjà ça. Et j'me sentais encore moins seul dans la situation de relookage de l'autre. Elle aussi apparemment. Elle s'installait timidement à côté de moi et commençait à se tartiner des tranches de beurre. Elle avait de minuscules bras. On aurait dit des baguettes. Mais ils étaient musclés. Et ça se voyait.
'' - Ah au fait.
- Hum ?
- Ça consiste en quoi ton rôle que t'as eu hier ?
- C'est un ado qui découvre qu'il est gay. '' elle s'étouffait avec son café et partait dans un grand rire. Qu'est ce qu'il y avait de drôle ? Je la laissais se calmer et attendais une explication. Qui mis deux minutes à arriver. On aurait dit moi en plein fou rire. Incontrôlable.
'' - Toi.. Toi en gay ?
- Ouais pourquoi ?
- Et t'arriveras à jouer des scènes.. intimes avec un mec ? '' merde. Je m'imaginais pas du tout avec un homme. C'était vrai. Réfléchis.
'' - C'est mon travail. Ça va le faire.
- Attend. Il suffit de voir la réaction que t'as en me voyais sortir de la douche pour comprendre qu'il n'y a aucune infime partie de toi qui soit homosexuelle. '' elle n'avait pas tord. Et comme je ne répondais rien elle continuait.
'' - Mais t'as sûrement raison. C'est ton boulot après tout. J'suis quand même très contente que t'ai eu un rôle. Pas commun en plus. '' je la regardais dévorer son petit déjeuné. C'est vrai que mon visage a dû me trahir, enfin surtout mes pensées malsaines, qui tournaient inlassablement dans ma tête. Et qui la concernait. J'avais honte d'ailleurs. Ça faisait vingt quatre heures que je la connaissais. C'était que d'al. Fallait sûrement que je sorte. Ça faisait longtemps. Et ça expliquait peut être pourquoi j'étais comme ça avec elle. Même si intimement j'en doutais. On pouvait pas savoir ce qui se passait dans la tête d'un homme non ? On dit que les femmes sont compliquées mais les hommes ne sont pas mal non plus. Ils sont juste plus discrets.
'' - Bon allez, bonne journée Rayane.
- À toi aussi. '' elle souriait et me fit un bisou sur la joue. Puis partie plus vite que l'éclair en balançais toujours avec la même dextérité son sac sur son épaule droite. Elle se retourna une dernière fois et sortie, claquant la porte derrière elle.
'' - Coupé merci ! '' jouer le rôle de Benjamin Vidal c'était vraiment sympa. Le même élève que moi. Le même. Un cancre. C'est d'ailleurs ce que m'avait dit mon agent au téléphone pour me dire qu'elle m'avait inscrit à un casting pour un rôle fait sur mesure pour moi. Et elle s'était pas moqué de moi. Un vrai gland le mec. Ça faisait dix jours que j'avais emménagé et c'était vrai Denitsa n'était pas beaucoup chez elle. Mais moi non plus. Et en plus on avait presque les mêmes emplois du temps. Et la routine de manger ensemble le soir me plaisait de plus en plus. Je devais avouer qu'elle cuisinait vraiment bien. Vraisemblablement elle n'avait pas hérité des talents de cuisine de son paternel. Elle m'avait fait goûté des spécialités du Canada, de Bulgarie, son pays d'origine. C'était toujours délicieux. Même pas besoin d'aller au restaurant avec une Denitsa qui vivait avec vous. L'incident de la machine à laver ne s'était pas reproduit. Malheureusement. Parce que la voir en serviette miniature c'est vraiment vraiment un régal pour les yeux. Le taxi de la production de la série me ramena chez moi. Je montais les étages et ouvrais la porte numéro douze. Des chaussures étaient balancées à côté. Denitsa était déjà rentrée ? Je l'entendais pleurer du bas. Alors qu'elle était dans sa chambre. Je montais les marches deux par deux et toquais avant d'entrer. Elle était recroquevillée sur son lit. Un oreiller dans ses bras. Elle paraissait encore plus petite et vulnérable que jamais.
'' - Hey Déni, Deni. Tout va bien. Je suis là. Qu'est ce qui se passe ? '' elle ne répondait pas et fondait en sanglot une nouvelle fois. Merde. Je m'assis sur le lit à côté d'elle. Denitsa se retourna et vint s'accrocher à moi comme un koala. Je la serrais dans mes bras. Elle était tellement légère. Je caressais ses cheveux. Miraculeusement, ça semblait la calmer.
'' - Deni..
- C'est.. C'est Julien.. Il m'a trompé. Et c'est.. putain c'est le chef de la troupe.. Je sais pas si j'ai encore du travail. '' je la serrais davantage contre moi. Il fallait que ce mec la garde dans la troupe. Ce n'était pas de sa faute à elle s'il était un salopard. C'était de la sienne. Alors s'il la virait il allait à voir affaire à moi. Il fallait qu'elle puisse continuer à payer son loyer. Il fallait qu'elle reste ici. Mais je ne savais pas si c'était davantage pour sa propre vie ou sa propre sécurité que je voulais ça. Ou si c'était pour la garder au près de moi.
'' - Je suis désolée pour hier.
- Pour ?
- Pour t'avoir infligé ça.
- Tu ne m'as rien infligé du tout. On est ami non ? Les amis ça s'entre aide.
- Oui mais bon.. c'était un peu pathétique quand même.
- Tu sais ce qui est pathétique Déni ? C'est que ce mec te garde ou non dans la troupe alors que c'est lui qui t'a trompé. S'il avait pas fait le con tu l'aurais pas quitté. '' elle mis quelques secondes à répondre. Me regardant droit dans les yeux. J'avais encore dit une connerie c'est ça ?
'' - Je pense que je l'aurais quand même quitté. J'étais plus amoureuse de lui.
- Mais..
- J'suis en train de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre. Et c'était sûrement pas un mec qui me trompait en plus. Et qui était directement lié à mon travail. Non cet homme.. n'a rien à voir avec lui. Il n'a rien à voir avec quiconque que j'ai connu avant lui. Et ça Julien n'en a aucune idée. Mais moi j'lui ai été fidèle. Contrairement à lui. '' je baissais les yeux. Mon cœur se tordait. C'était qui ce type dont elle était en train de tomber amoureuse ? Je savais même pas avant hier soir qu'elle était en couple. C'est peu dire. Non mais égoïstement et surtout incompréhensiblement j'avais pas envie qu'elle aime qui que ce soit. C'était putain de con. C'était à mon image. Parce que je savais que cette femme ne m'était pas indifférente. J'avais besoin de prendre l'air. Ma tête allait exploser. Pourquoi mon cœur recommencerait à aimer alors que la dernière fois que je l'avais confié à quelqu'un on l'avait piétiné ? Quelque part j'avais besoin de me dire que tout ce que je croyais ressentir c'était du vent. De l'illusion. Et que la description que faisait Denitsa c'était pas moi. J'étais pas ce mec qu'elle commençait à aimer. Moi ouais on jouait juste avec moi. On m'aimait pas. Et j'avais envie de me prouver ça. J'avais besoin de me prouver ça.
Qui a dit que l'alcool faisait tout oublier ? Alors c'est certain, sur le moment c'est fantastique. Et puis après ça te replonge dans ton trou. Bien plus profond d'où t'étais déjà. L'alcool ça peut être terrible aussi. Et lorsque j'étais dans ce bar bondé avec cinq filles autour de moi, j'y arrivais pas. L'alcool ne fonctionnait pas. J'oubliais rien. Et si une fille s'approchait de près pour effleurer mes lèvres je dégageais. J'avais son visage à elle graver là dedans. Et faire ça c'était définitivement pas la bonne solution. Putain il s'était jamais rien passé avec elle. Et même si je l'avais vu avec presque rien sur le dos, les cheveux même pas rincés. Bah je la trouvais tellement plus belle que toutes ces femmes qui étaient réunies autour de moi. J'avais beau essayé. Ouais j'avais beau faire tout le travail nécessaire sur ma personne elle ne sortait pas. Denitsa était partout dans ma tête. Elle était là. Et j'avais putain j'avais l'impression de la tromper. Et je voulais pas ça. Oh non loin de là. On s'était fait trompé tous les deux. J'avais pas envie d'avoir ça sur la conscience. J'avais juste envie d'elle. Putain même pour une nuit. En fait j'étais prêt à tout. Parce que la seule femme sur cette terre que je voulais. C'était elle. Elle était déjà chez moi. Elle était libre. Et elle était pas bourrée. Elle se servirait sûrement pas de moi. Et certainement qu'elle finirait par m'aimer un jour. Ou peut être pas. Après tout qu'est ce qui me le prouvait ? Bordel l'alcool fait n'importe quoi avec mon esprit. J'me disais finalement que la vie c'était ça. C'était des emmerdes. Des déceptions. Des souhaits. Des galères. Mais ouais finalement j'arrivais plus à vivre sans elle. J'avais horriblement mais délicieusement envie d'elle. J'avais envie de la voir vivre et qu'elle se débrouille seule mais pas sans moi avec elle. C'était totalement contradictoire. C'était délirant. Et quand j'regardais toutes ces femmes. Je n'en trouvais aucune qui lui arrivait à la cheville. Et pourtant je n'étais pas comme ça. J'avais envie de partir en courant. J'avais envie de m'écraser sur le sol pour ne plus rien ressentir. Parce que cette sensation dans ma poitrine. C'était pas la chaleur de l'alcool dans mon œsophage. C'était la peur mêlée à la tendresse. C'était tous les sentiments contradictoires que Denitsa était en train de faire naître au fond de mes entrailles. Et j'avais l'impression d'étouffer tellement c'était intense. Plus jamais plus aucune attache.

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Coucou les amis ! Partie arrivée relativement vite je vous l'avoue. Ce HS vous plaît ? Avis pour la suite ? No vent s'il vous plaît !

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