TABOO

CHAPTER FIVE : ALAN

Assis sur le canapé présent sur sa terrasse, une tasse de thé entre les mains, Alan observait la vue que sa villa lui offrait. À ses côtés, Théo ne prononçait pas un mot, légèrement assoupi. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi détendu, comme l'avait rapidement comprit l'écrivain après une petite discussion durant le petit-déjeuner. Ils n'ont pas beaucoup parlé. Un simple échange de quelques mots mais aucun des deux ne semblaient vouloir faire éclater la bulle en ramenant le présent devant eux. Alors après avoir fini leur repas, ils ont rejoint le fabuleux point de vue ouvert sur l'océan pour s'installer confortablement sur le canapé du salon de jardin. Le brun avait conservé sa tasse inachevée entre ses mains, le liquide brûlant lui réchauffant les mains à travers la céramique, bien que le temps fût déjà idéal. Chacun avait tout de même enfilé un tee-shirt afin de sembler un peu plus habillé.

Seulement, plus les secondes passées, plus Alan devenait curieux quant au jeune homme présent à côté de lui. Il n'était pas calé en coup d'un soir mais il était prêt à parier que c'était peu commun que la conquête reste chez son amant après une nuit de sexe. Alors que son regard s'attarda peut-être un peu plus que de raison sur le jeune homme, ce dernier soupira doucement en se redressant, passant une main dans ses cheveux qu'il n'avait pas coiffés en quittant le lit de son aîné.

- Tu te demandes pourquoi je suis encore ici après toutes ses heures, n'est-ce pas ?

Le brun pinça ses lèvres, hésitant sur la réponse à donner avant de simplement hocher la tête en signe d'affirmation. Théo afficha un léger sourire, conscient qu'il avait eu raison dans ses soupçons.

- Je n'ai pas envie de rentrer chez-moi. Qui n'est même pas réellement un « chez-moi », de plus.

Alors que le plus vieux fronçait les sourcils, le cadet échappa un petit rire. Il se pencha en avant pour approcher sa bouche de l'oreille du brun, comme s'il allait lui murmurer en secret.

- Je ne sais pas si l'on se connait assez pour que je te raconte ma vie.

Son ton était taquin et cela amusa Alan qui laissa un sourire se peindre sur ses lèvres.

- Je t'ai fait des pancakes.

Cette fois-ci, ce fut un rire franc qui échappa au danseur : comme si faire des pancakes était une raison suffisante pour qu'il lui parle de qui il était. Mais Alan affichait une petite moue qui attendrit inconsciemment son vis-à-vis.

- Ok, je l'avoue. Tes pancakes étaient un régal donc je vais dévoiler cette information cruciale !

Ils jouaient tous les deux à un jeu qu'ils étaient les seuls à comprendre, comme si simplement la réponse à cette question était secret défense. Une nouvelle ambiance taquine s'installait et c'est comme si leur différence d'âge continuait à être sans intérêt.

- Je squatte l'appartement d'un ami en attendant de trouver un boulot pour pouvoir me payer le mien. Sauf qu'il doit probablement être avec son petit-ami donc je n'ai aucune envie de les déranger ou de tenir la chandelle.

- Ce qui est parfaitement concevable. Tu cherches un boulot dans quel domaine ?

- La danse.

Une petite grimace déforma le visage du brun alors que Théo haussa un sourcil.

- Un problème ?

- Aucun. Je me dis juste que ce doit être difficile de trouver quelques choses dans ce milieu.

Un soupir s'échappa des lèvres du cadet alors qu'il appuyait à nouveau son dos sur le dossier du canapé, comme accablé.

- Je ne te le fais pas dire. Je désespère de finalement trouver quelque chose. J'ai passé un an à San Francisco sans trouver de contrats alors j'espérais avoir plus de chance dans la Ville des Anges mais je commence à croire que je ne fais pas le poids. Je ne trouve rien ou je ne corresponds pas.