CHAPTER TWELVE : THEO

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- J'ai quitté Boston quelque temps après mon anniversaire. J'avais tout juste vingt-et-un ans et je dois avouer que le départ ne s'est pas très bien passé. Mes parents ne voulaient pas que je parte alors je leur ai balancé mon homosexualité. Je savais qu'ils ne le prendraient pas du tout bien. Je n'ai jamais été vraiment proche d'eux même si je tiens à eux. Alors je ne leur ai pas laissé le choix en agissant ainsi. Mon départ était programmé et je leur ai annoncé le jour même, avant de partir à l'aéroport prendre mon avion pour San Francisco. Cela a été encore plus difficile pour moi que cette année ne s'est pas vraiment passé comme je l'attendais. J'ai enchainé les galères sans trouver de contrat autre que Samsung. Je perdais espoir en mon talent et je vivais grâce à mon boulot dans un Hard Rock Café pour éviter de liquider tout l'argent de la pub. Je n'ai eu que peu de contacts avec mes parents pendant ce temps. Mon petit-frère m'en veut pour ce départ. Seul mon grand-frère a compris que j'avais besoin de cette nouvelle vie et il est le seul qui ne m'en tient pas rigueur.

Sa gorge se noua légèrement alors qu'il se laissait à son tour submerger par les émotions. Il devait avouer que sa famille lui manquait un peu et qu'il aurait aimé que les choses se passent différemment. C'était certain que faire ainsi son coming-out n'était pas l'idée du siècle mais il avait tellement besoin de partir qu'il avait tout tenté. Alan l'attira alors dans une étreinte, comprenant que c'était quelque chose de difficile pour lui.

- On avait des habitudes, avec mon père et mes frères. Des choses que l'on partageait ensemble et j'ai tout brisé dans une envie purement égoïste. Je comprends que mon petit-frère m'en veuille parce que j'ai détruit ce qu'il connaissait depuis toujours. Nos randonnées du dimanche et les nombreuses nuits à la belle étoile pour observer les étoiles. Et j'aurais beau m'en vouloir éternellement, cela ne ramènera jamais ces moments perdus. C'est pour ça que je voudrais enfin réussir. Je voudrais leur prouver que tout n'a pas été fait en vain et qu'ils peuvent être fier de moi. J'ai besoin que l'on soit fier de moi. J'ai besoin que l'on me le dise.

Sa voix craqua légèrement alors qu'il se rendait compte qu'il se livrait à son aîné bien plus qu'il ne l'aurait pensé de prime abord.

- Pour moi, ce contrat est définitivement la chance de ma vie et je ne pourrais pas la laisser passer.

- Et tu ne l'as pas fait. Regarde un peu, Théo. Tu as été pris. Tu vas commencer les entraînements et tu seras bientôt la nouvelle égérie d'une grande marque. Je crois en toi, moi. Je ne connais que le Théo d'ici mais je suis certain que celui de Boston n'est pas loin et que tes parents seront fiers de toi comme tu le souhaites.

Les yeux noirs du cadet se plantèrent dans ceux verts en face et il les sentit s'humidifier. Il ne voulait pas pleurer en laissant les vannes de sa culpabilité s'ouvrir. Il avait toujours dit qu'il voulait vivre sans aucun regret mais ce départ était son épée de Damoclès et il était certain qu'elle finirait par le transpercer de tout part.

- Ils doivent me détester...

- Bien sûr que non. Je suis certain qu'ils doivent être triste d'être ainsi loin de toi.

- Je ne sais pas...

- Promets-moi que tu reprendras contact avec eux ?

- Je ne...

- Théo. S'il te plait. Je refuse que tu te détruises avec des remords qui finiront par te ronger.

- Pourquoi ?

- Parce que je tiens à toi et tu le sais très bien. J'ai fait des erreurs et je veux éviter que tu en fasses à ton tour, à ton âge. Tu as une longue vie devant toi et je voudrais qu'elle te soit la plus magnifique possible.

TABOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant