TABOO

CHAPTER FIFTEEN : ALAN

Assis sur l'un des tabourets de sa cuisine, une tasse de café noir devant lui, Alan réfléchissait. Il avait passé une nuit horrible à tout retourner dans sa tête. Son cadet était parti il-ne-savait-où la veille au soir et il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter. Théo avait sûrement dû aller chez son ancien colocataire et ça le rassurait un minimum de penser que le plus jeune ne s'était pas retrouvé à la rue. Bien sûr qu'il savait pertinemment qu'il avait eu tort d'agir ainsi mais il avait été pris de court par l'arrivée de sa sœur et il avait paniqué. Que penserait Lydia si elle savait qu'il fréquentait un autre homme ? De douze ans son cadet, de surcroit. Ils n'avaient jamais abandonné le thème de l'homosexualité entre eux et il ne savait pas quel pouvait être son opinion à ce sujet. Il soupira avant de boire une gorgée de sa boisson et grimaça. Ce n'était vraiment pas bon ainsi corsé mais il avait besoin de remettre ses idées en place. Il savait pertinemment qu'il avait merdé et que Théo n'avait plus de raison de revenir, de lui revenir. Un soupir à fendre l'âme lui échappa avant de sursauter quand il entendit la voix de sa sœur.

- Tout va bien, Alan ?

Elle tira la chaise à côté de lui pour s'y installer et le sonda longuement. Il détourna le regard, mal à l'aise, et hocha la tête.

- Évidemment.

- Tu ne sais pas me mentir alors avoue.

- Ok. J'ai mal dormi.

- Théo n'est pas là ?

L'écrivain se tendit à cette question.

- Il avait l'air énervé en partant, hier.

- Il est parti chez un ami.

- Tu es sûr ?

- Je ne vois pas où il pourrait être d'autre.

- D'ailleurs, tu l'as rencontré comment ? Tu ne me l'as pas dit. Tu ne m'as pas dit grand-chose sur lui, par ailleurs.

- Parce que je ne le connais pas énormément non plus.

- Alors pourquoi l'avoir pris comme colocataire ? C'est risqué.

- Il avait besoin d'un lieu et la maison était vide.

- Pas exactement.

- Je me sentais seul.

- Tu aurais pu trouver une jolie jeune femme.

- Certes. Mais je n'ai pas cherché.

- Mais tu as trouvé un colocataire. Intéressant.

- Dia. Tu sais comment je suis depuis le départ d'Amanda.

Sa confiance, il avait du mal à la donner désormais aux femmes. Et c'était d'autant plus pour ça qu'il ne voulait pas perdre sa sœur. Après l'abandon de sa femme, Alan s'était retrouvé seul et seulement sa famille l'avait soutenu. Il s'était alors promis qu'il ne la perdrait jamais pour quelqu'un. Le moment était-il venu de faire un choix entre la famille et ... L'amour ? Non, bien sûr que non. Il n'était pas amoureux de Théo et ne le choisirait jamais au détriment de sa famille.

- Et donc, tu l'as rencontré comment ?

- Euh... Je...

- Alan. Tu sais pertinemment que quand on réfléchit à la réponse d'une question c'est parce que l'on va sortir un mensonge alors dis-moi la vérité.

- En boite.

- Ok. Pourquoi me le cacher ?

- Je ne sais pas.

- Menteur.

- Dia...

- Je veux que tu me dises la vérité, Alan. C'est trop te demander ? N'as-tu pas confiance en moi ?