Chapitre 4

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Je me sens maintenant beaucoup mieux. J'ai pu m'excuser auprès de Thomas ce qui m'a fait un bien fou. Il faut dire que je n'avais pas été très bien pendant toute la journée pour lui avoir parlé ainsi. En fait, je suis quelqu'un qui peut m'énerver assez vite. A la moindre broutille, je sens la colère monter. Je n'avais pas aimé le fait qu'il inquiète Minho c'est vrai, mais en y repensant, il avait le droit de savoir, ça ne valait vraiment pas le coup de traiter Thomas comme je l'avais fait.

On arrive maintenant devant le café. Un café qui est dans le quartier depuis de nombreuses années déjà. Je connais bien le personnel car je viens très souvent ici seul ou avec mes amis. J'aperçois au loin Camille. C'est une jeune serveuse de 20ans maintenant que je connais depuis quelques mois. Elle a toujours ses cheveux châtains très clairs, qu'on pourrait même confondre avec du blond, noués dans un chignon sur le haut de sa tête. Elle a aussi de beaux yeux verts étincelants et porte, comme toujours, le tablier du café.
Je me dirige vers le bar avec Thomas et nous nous asseyons à côté sur les hauts tabourets. Je suis content d'être ici avec lui, ma soirée ne se termine pas trop mal en fin de compte. Thomas commence alors à me questionner sur ma famille.
"-Ma mère ne travaille plus, elle a été virée de sa boîte il y a un petit moment déjà. Puis mon père, c'est le patron d'une grande entreprise, voilà pourquoi on me prend souvent pour un "gosse de riche".En finissant de parler, je vois Camille s'approcher de notre table.
-Salut Newt, comment ça va depuis l'autre jour? Me dit-elle toujours avec son grand sourire.
-Eh bien, super! Et puis, il faut dire que je suis en bonne compagnie. Je te présente Thomas, il est nouveau ici. Juste après, Thomas salue Camille et nous commençons à parler tous les trois une quinzaine de minutes. Thomas s'est vite intégré, il n'a pas du tout été timide, au contraire. Camille finit par nous demander ce que nous voulons commander. Thomas lui demande un café serré. Je finis par prendre la même chose, ne sachant que prendre aujourd'hui. Un silence s'installe après le départ de Camille. Il ne dure pas très longtemps, me rappelant ce que je voulais dire tout à l'heure.
- Je pense que c'est pour ça qu'on m'a agressé jeudi. C'est sûrement des petits jeunes qui voulaient me racketter. En disant cela, Thomas fit une drôle d'expression. Je trouve cette attitude bizarre, pourquoi détourne t-il le regard d'un coup?
- On t'a déjà agressé?
-Non, c'est la première fois..." Thomas finit enfin par me regarder et par reprendre une attitude normal. Je préfère donc ne plus y penser et profiter de ce moment avec "Tommy". Je suis bien là, avec lui. C'est quelqu'un qui peut être timide au premier abord mais qui met à l'aise au fur et à mesure du temps. Oh je ne regrette absolument pas d'être aller m'excuser auprès de lui. Je peux être le mec le plus injuste de la Terre parfois, mais je sais reconnaître mes torts quand il le faut.

J'entends mon portail se fermer avec un grincement insupportable, il faudrait peut-être penser à y mettre de l'huile un jour.
Je viens juste de quitter Thomas, notre sortie a duré plus longtemps que prévue et nous sommes restés en fin de compte jusqu'à 22 heures. J'ai appris pas mal de trucs sur Thomas ce soir. Sa passion pour la guitare, ses goûts, son caractère. Et j'ai beaucoup ris aussi. Le courant entre Thomas et moi est vite passé, je suis vraiment content de cette soirée. Je vais peut être me faire défoncer parce que j'étais censé rentrer à 20 heures mais tant pis, je m'en fous à vrai dire. Je m'en fous parce que j'ai retrouvé Thomas, je me suis beaucoup attaché à lui en peu de temps, je ne pensais pas que c'était possible.
Étonnamment lors de cette soirée, Thomas a toujours essayé d'éviter de parler de sa famille. Tout ce que j'ai réussi à apprendre c'est qu'il est fils unique et qu'il vit avec sa mère. J'ai donc préféré ne pas insister pour ne pas être lourd.
J'arrive maintenant devant la porte de mon immense baraque. Beaucoup de gens voudraient être à ma place. Mais ce qui est bizarre, c'est que moi ça me saoule d'être ici, que tout le monde me reconnaisse dans la rue comme "l'enfant du riche patron dans le quartier". Je voudrais juste être... Normal. Une personne comme une autre, un inconnu, qui peut encore faire ses preuves. Moi, je suis parfois insulté par des personnes dont je ne connais même pas l'existence, mais elles, elles osent me juger à cause de quelques foutues rumeurs. Je trouve ça pathétique.
J'entre chez moi le plus discrètement possible pour éviter que l'on me repère tout de suite, mais j'ai claqué la porte un peu trop fort et je me suis fait remarqué au bout de deux secondes. Quelle discrétion Newt! J'avance donc dans mon salon en saluant mes parents tout à fait normalement, comme je le fais tous les jours. Il y eut ensuite un silence, mes parents me lançaient des regards noirs, enfin, surtout mon père j'ai l'impression. Bon, je crois que je vais devoir subir un petit discours sur le fait que je dois rester sérieux, respecter les horaires nanana et nanana. Mes pensées s'interrompent en entendant la voix froide de mon père.
" - Eh bien Newt, je crois que nos montres ne sont pas réglées à la même heure. On pourrait prendre cette phrase pour une petite taquinerie mais cela ne l'est pas du tout, mon père est d'une froideur monumentale. Il est souvent comme ça avec moi, j'ai très vite pris l'habitude à son air distant.
- Je peux savoir ce que tu faisais de si intéressant pour arriver 2 heures 30 après l'heure prévue? Continue t-il avec son petit air supérieur.
- J'étais avec un ami, on a bu un café et ça a duré plus longtemps que prévu. Désolé. Je n'ai pas l'air trop sincère en disant cela mais il faut dire que la seule chose que j'ai envie de faire en ce moment c'est de m'étaler sur mon lit et de dormir.
- Bon c'est pas grave pour cette fois Newt, mais la prochaine fois préviens nous au moins! Ma mère essaye toujours d'arranger les situations, elle préfère garder sa rancoeur en elle-même plutôt que de se mettre en conflit directement. Elle n'aime pas vraiment ça. Elle se retient souvent avec mon père, ils n'ont plus de vie de couple depuis déjà un petit moment maintenant et mon père se met en colère pour un rien, en plus de cela on ne le voit que très peu à cause de son boulot.
- Tu laisses toujours tout passer Lucie... Toujours. Lui dit-il en lui lançant un regard pesant pendant quelques secondes. Il se retourne maintenant vers moi et finit par prendre un air sérieux mais tout de même inquiet. C'est étrange. Il n'est pas souvent comme ça. Il pousse un grand soupir avant de briser le silence.
- Newt... Est-ce que tu as reçu des menaces ces temps-ci? Ma mère le regarde avec un air choqué. Choqué de ce qu'elle venait d'entendre. Ma mère est toujours assez protectrice avec moi, je comprends que ce que vient de dire mon père lui fasse peur.
-Non. Pourquoi tu me demandes ça maintenant? Bien sûr je mens. Je déteste mentir, surtout à ma mère... Mais les inquiéter ne sert à rien. Comme je me le suis dis, cette bande de jeunes ne voulait que du fric c'est certain.
- T'es sûr Newt? C'est important... Mais pourquoi il me demande ça? Je ne comprends pas ce qu'il a. Je voulais lui répondre que oui pour aller dans ma chambre le plus vite possible mais ma mère me coupe soudain la parole très énervée.
- Qu'est-ce qui se passe Franck? Pourquoi Newt serait menacé?! Tu t'es lancé dans des magouilles pour ton boulot maintenant ou quoi?! D'habitude ma mère ne s'énerve pas comme ça. Elle s'était levée pour se placer face à mon père. Je sais que s'il m'arrivait quelque chose, ma mère ne le supporterai pas... Pas encore... Voilà pourquoi elle se braque autant. Elle ne s'est jamais vraiment opposée à mon père comme ça. Je crois qu'elle ne peut plus rester dans le silence. Mon père, on ne le voit plus vraiment, et quand il est à la maison il ne reste pas avec nous. Vu le regard que se lançaient mes parents, je crois que le mieux c'est de partir. Les laisser s'expliquer. Alors je prends l'escalier qui se trouve à ma gauche juste à côté de la grand étagère en bois de mon salon pour monter dans ma chambre.

En arrivant dans ma chambre, je m'écroule enfin dans mon lit, je crois que je vais directement aller dormir, je n'en peux plus. J'aime bien ma chambre, c'est la pièce que je préfère, c'est ici que je me sens bien. C'est en fait, la pièce la plus simple de ma maison. Pas de grande télé toute neuve, ni de meubles hyper modernes qui viennent tout juste de sortir. Non, rien de tout ça. Juste des murs blancs, un parquet qui émet de légers bruits lorsqu'on y marche, des cadres par-ci par-là pour me remémorer de bons souvenirs avec mes amis, un bureau se calant juste en face de mon lit, non loin d'une fenêtre s'ouvrant sur la ville éclairée. C'est tout ce dont j'ai besoin. De simplicité.

Alors que je viens tout juste de m'emmitoufler dans mes draps pour enfin que je puisse dormir, j'entends des cris. D'habitude, je n'en entends jamais, il faut dire que ma maison est si grande qu'il est difficile d'entendre grand chose. C'était la voix de mes parents. Ils ne s'engueulent jamais comme ça pourtant.
"Franck tu ne comprends vraiment rien! On ne partage plus rien! Depuis qu'elle est partie, tu te plonges dans le travail!" C'était ma mère qui avait crié ça. Je peux entendre ses sanglots d'ici. Des mauvais souvenirs reviennent soudainement dans ma tête. Pour une fois que je ne pense à rien, il faut que je me rappelle de cela, mon passé...
Encore quelques cris se font entendre, un claquement de porte puis, plus rien. Ma mère est partie. Seule. Juste pour la nuit je pense, mais c'est la première fois que cela arrive. Je n'aime pas du tout ça. Ma mère est une des rares personnes qui m'a toujours soutenu, peut-être la seule même, je voudrais tellement qu'elle soit heureuse...

A New Life [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant