Chapitre II (suite)

16 2 0
                                    

Je descends l'escalier comme si j'étais déjà fatiguée de la soirée, ce qui est un peu le cas, car j'appréhende beaucoup les interminables présentations aux possibles futurs maris

Mes parents, sûrement ma mère, ont décorés avec beaucoup de soin tout le hall, et la salle à manger, que nous appelons la Salle de Cuir, car les murs sont couverts de rangées de beaux livres reliés de cuir. J'inspire et avant d'avoir pu faire plus de deux pas, mère revient vers moi, un bon parti à chaque bras, souriant comme une enfant qui vient de gagner une chasse au trésor. Je joue nerveusement avec ma parure de rubis, et essaye de faire bonne figure.

Le premier mari potentiel est assez maigre, et étonnamment poilu, ce qui accentue la ressemblance avec un fermier texan, déjà forte grâce à ses mâchoires, qui ont la couleur du métal, à cause de sa barbe rasée. Autant dire que si je peux éviter de passer le restant de mes jours avec lui, je le ferais.

Le second est très beau, à sa manière, un peu froide certes, mais surtout envoûtante. Tout en li évoque l'ordre, la propreté, et le droiture. Ses cheveux blonds qu'il coiffe avec de la cire, pourrait être jolis, sans cette mixture épouvantable, qui reflète la lumière des lustres. Il m'a l'air tout à fait convenable, et à choisir, je préférerai lui.

Ma mère parle de tout et de rien, posant des questions sans arrêt pour maintenir un débit de paroles acceptable. Ses favoris, répondent poliment des phrases banales, en lui souriant gentiment et en faisant des compliments sur ma tenue. Je préfère paraître un peu brusque plutôt que de me casser les jambes à attendre dans ce hall, où les invités vont et viennent en m'adressant des saluts admiratifs auxquels je dois tous répondre, aussi pris-je les rennes :

«Eh bien, si nous allions nous asseoir, le repas ne va pas tarder à commencer ! Mère va vous montrer vos places.»

Et je pars m'asseoir, entre un jeune homme maladivement beau et timide, qui donne l'impression d'avoir été placé à côté de moi par hasard. Le siège à ma gauche sera sûrement occupé par un des deux prétendants, hélas; je tente d'engager la conversation avec mon beau voisin, et comme j'observe que les phrases banales ne stimulent pas sa bonne humeur, je lui demande si il aime la lande, ou dessiner, faire des balades en voiliers, et même s'enfuir juste pour contredire ses parents et avoir un secret.

Une vie déjà tracéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant