Chapitre I (suite)

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Je me souviens de la vieille Mary, qui me frappait le bout des doigts de pieds avec son livre de messe quand je faisait les étirements de danse que j'avais vu les filles de Sowl répéter dans le studio de Mrs Galleamore; j'écrivais dans mon journal, ou je faisais des aquarelles, allongée sur mon lit, un vinyle de ballades du Moyen-age tournant sur le gramophone que m'avait offert oncle Bill, et je tendait la jambe vers le haut, et je lui faisait faire des moulinets. J'arrivais à faire de jolies pointes, mais Mary me rendait les ongles rouges en tapant avec son livre. Elle me disait :

« Arrêtes, il ne faut pas que tu sois musclée, après les garçons ne voudront plus de toi, et tu finiras au couvent, comme la petite Lily, personne ne voudra se marier avec toi, et tu termineras tes jours à prier pour Dieu, ce qui ne serait pas plus mal ! »

Alors je rabattais la couverture sur mes jambes et j'attendais qu'elle parte en emportant le linge sale, puis je sautais hors du lit, et je dansais en bondissant sur la musique, jusqu'à n'avoir plus de souffle.

Une vie déjà tracéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant