16.

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Je regarde les cendres de ma cigarette s'échouer dans l'air parisien. Adossé contre la fenêtre de ma chambre, l'air glacé entre et me pique doucement la peau. Mon regard se perd vers la rue déserte en dessous, sans que la lumière orangée des lampadaires joue avec les ombres. Tout est morne.

Je m'ennuie. Et cela fait une semaine exactement. Je m'ennuie parce que Jonah m'évite putain. Et ce mec, c'est mon plus proche ami cette année. J'ai merdé. Je crois que je n'aurais pas dû l'embrasser. Ce n'était rien, c'était rapide, bref, sans importance. Du moins, sur le coup.

Depuis, Jonah passe son temps dans sa chambre. Il dit bosser pour ses partiels. Continuellement. Du matin à l'aube jusqu'au firmament de la nuit. Je le comprends en partie, les études c'est important. Moi aussi je bosse plus, même si en ce vendredi soir, tout est fini, car je suis officiellement en vacances de Noël. Je rentre demain retrouver ma famille.

Des fois, je me dis que je ne suis pas le seul dont Jonah s'est coupé, il ne nous parle plus trop avec les mecs, sauf quand on se croise dans la cuisine et qu'il se fait rapidement un sandwich avant de retourner à ses révisions. J'espère qu'il réussira, vu le temps qu'il y passe.


Ma porte s'ouvre brutalement et devant moi apparaît Zach, radieux, vêtu d'un jean et d'une chemise ouverte. Il dégage une forte odeur de gel douche.

– On sort en boîte ! Jonah vient, j'ai appelé les filles, c'est ok aussi. Plus quelques potes à moi, et c'est bon, on a le tout pour passer une bonne soirée.

J'hésite un instant, puis je me dis que je n'ai rien à perdre, décompresser un peu me fera du bien.

– Ok, je me prépare. Tu sais où est mon t-shirt n...

– Dans ma chambre ! me coupe mon ami, repartant déjà et attachant les derniers boutons de sa chemise.

J'enlève mon sweat et sors dans le couloir vers la pièce principale. La chambre de Zach devait être un ancien bureau parce que c'est la seule éloignée des autres qui sont sur le couloir. Tant mieux quand même, parce que vu le nombre de filles qu'il ramène, je suis content que les potentielles sources de bruit soient le plus loin possible de ma chambre.

Mais bien sûr, dans la cuisine, les filles sont déjà là. Rapide sourire à May, Marjo et Camille (tout en essayant d'ignorer le regard de cette dernière sur mon corps) et je m'engouffre dans la chambre de Zach à la recherche de mes vêtements.


Une demi-heure plus tard, tout le monde est là.

Enzo préfère rester à l'appart, affirmant qu'il est trop fatigué. Gaël et Marjo décident de même, je crois que le fait d'être dehors la nuit ne les rassure plus tôt, comme le soir des attentats.

– Gaël, surveille Enzo. Je le trouve de plus en plus fatigué, murmuré-je dans le creux de l'oreille de mon ami.

– T'inquiète, je vais m'occuper de lui, amuse-toi bien.

– Hé Val' t'inquiète, ils vont lui donner sa compote de prunes et lui chanter une comptine avant d'aller dormir, me raille Jonah. On peut y aller, ou tu veux lui faire un bisou avant de partir ?

Je lui fais mon plus beau doigt d'honneur, et Jonah répond par un de ses rictus provocateurs. C'est la première fois qu'il doit me parler depuis une semaine, et je dois dire que cela fait du bien de voir que les partiels ne lui ont pas enlevé son sarcasme habituel.

C'est fou comme cet ami dont je me suis énormément rapproché depuis l'an dernier me deviendrait indispensable.


Une fois dans la boîte, finalement, je regrette d'être venu. Plus loin, Jonah danse à côté de Zach, son verre à la main. Appuyé contre le bar, je surveille du coin de l'œil May, avec un inconnu qui semble bien la coller. Je me méfie, rien de plus.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant