La théorie des montagnes russes - Tome 2.

4.

J'arrive à l'appartement complètement crevé. Je prends une pomme sur le buffet et pars dans la chambre, où je découvre Griezmann sur mon lit. Ce chat prend vite goût au luxe dis donc.

Je souffle en m'affalant à côté du félin, qui ne bouge pas d'un poil. Je ferme les yeux, rien n'est plus fatiguant qu'une rentrée, qu'importe l'âge qu'on a.

–    Alors, petit Val, ta rentrée ?

J'ouvre les yeux en souriant face à Jonah, qui vient d'entrer dans ma chambre. Ce type est un stéréotype à lui tout seul, rien qu'en le voyant. Avec son jean déchiré, son t-shirt noir bien moulant et un sourire carnassier, il joue avec son statut de badboy qu'il doit avoir depuis le lycée, ou du moins depuis que je l'ai connu.

Et pourtant, ce mec doit être le plus sérieux niveau études. Comme en attestent des fiches de révisions dans sa main (alors qu'on est mi septembre) et ses complaintes qu'il n'arrête pas de lâcher, il s'est inscrit en fac de médecine, ce pauvre fou. Gaël quant à lui, est dans une prépa BCPTS, un bien grand nom compliqué pour un mec qui voudrait être vétérinaire.

–    Les mecs !! hurle soudain Gaël. Zach m'a envoyé un message, il sort avec les petits bourges de sa classe ce soir, il sera pas là ! On mange pizza ?

Il arrive dans ma chambre, avant de se ruer sur Griezmann pour le serrer dans ses bras en le couvrant de bisous. Je veux bien croire à sa réelle passion pour les animaux, mais le pauvre chat ne semble pas d'accord et miaule en désapprouvant tant d'amour.

–    Tu ne dis pas ça parce que c'est à ton tour de faire la cuisine ?

–    Ouais un peu... Mais en même temps, regarde les choses en face Val, tu ne sais faire que des pâtes à carbonara. Et puis vous savez que si je me mets derrière les fourneaux, je mets feu à tout Paris.

Jonah hoche la tête. Il se souvient que pendant les vacances, on s'était organisé un barbecue entre potes. Gaël avait cramé sa pelouse. Une chance que son voisin ait eu une piscine gonflable pour gamins pour éteindre le feu. Enfin, avant qu'on lui bousille sa piscine, et que les relations de voisinage deviennent tendues, mais c'était ça ou les pompiers qui se déplaçaient.

Le problème était que seul Zach possédait un bon niveau de cuisine, et dès qu'il sortait, en bon fêtard qu'il était, on demeurait un peu... désavantagés.

–    Moi je dis qu'on prend pizza et on se fait un FIFA, lance Gaël enjoué.

–    Ça ne va pas arranger mon retard sur les cours, maugrée Jonah, mais au point désespéré où j'en suis, ça marche !

C'est ainsi que l'on passe des bonnes soirées avec les mecs. Cette colocation, je la vois vraiment comme idéale, car il n'y a jamais eu de grosses prises de tête entre nous. Que des rires. Et des mains tendues prêtes à vous aider.

Je réalise que je me suis accroché à mes amis, peut-être un peu trop d'ailleurs. Mais quand je regarde tout ce que j'ai perdu, j'aime sentir ce qu'il me reste de plus cher au plus près de moi. Et eux, ils m'entourent. Cela m'apaise un peu.

Gaël a gagné et on a eu droit à sa danse (originale) de la victoire. Je me ressers de pizza, tandis que Jonah râle, pour changer.

–    C'est ce chat qui m'a porté la poisse. Si on ne l'avait pas appelé Griezmann mais Ronaldo, il m'aurait amené un peu de chance, lance ce dernier.

Oui, on est une coloc idéale, car la seule engueulade qu'on ait eue à ce jour, c'était concernant le nom du chat. En tant que portugais, il était évident que Jonah voulait honorer le joueur fétiche de son pays. Manque de chance, à trois contre un, c'est Griezmann qui a été choisi. Depuis, il a plus ou moins digéré le fait.