24.

805 106 64
                                    

Jamais je n'ai dû être aussi pensif de toute ma vie. Ou sinon des derniers mois. Pour une seule bonne raison : je n'ai jamais été autant attaché à une personne depuis le départ d'Elsa.

Pourtant avec Jonah, on ne s'est jamais rien dit, on a pas tout posé au clair. Ça semble naturel et évident : j'ai besoin de lui.

Et contre toute attente, il y a aussi un autre problème : c'est que l'on ne s'est jamais rien dit là-dessus, alors qu'il faudrait peut-être. Ou du moins agir en conséquence. Mais arrêter de faire comme si de rien n'était, parce qu'il y a quelque chose. C'est indéniable.


Je soupire en faisant la vaisselle, Enzo à côté de moi nettoie le sol parce que l'on est deux grands intelligents qui ont trouvé le moyen de faire une bataille de mousse.

Gaël est chez sa petite amie, Zach s'amuse à embêter Griezmann et Jonah est assis sur le rebord du canapé, sérieux avec des fiches de cours incompréhensibles dans la main. Je souris en le voyant autant concentré, avant de me recevoir une éponge en pleine face. Enzo est mort de rire alors j'empoigne le liquide vaisselle pour arroser celui qui m'avait attaqué.

– Les mecs ! Vous pouvez pas faire la vaisselle correctement ? À chaque fois c'est le bordel ! Vous en mettez partout et après ça pègue ! râle Zach.

Un seul regard complice avec Enzo suffit pour que l'on comprenne que l'on est sur la même longueur d'onde. On vise Zach, mais cet idiot de Grizou se met devant lui. Il détale quand il se reçoit de l'eau sur la tête, laissant une colocation hilare et une vaisselle qui n'avance pas depuis une demie heure.

La belle vie.








Il doit être dix heures passées quand j'ai une envie soudaine de cigarette. J'éteins mon ordi et abandonne donc les révisions de sciences. Je cherche mon paquet dans mon sac et empoigne un petit bâton bicolore avant de sortir de ma chambre.

Je remarque que le salon est allumé, et en voyant l'ordinateur de Jonah, je devine que mon ami était présent il y a quelques secondes. Chose étonnante, Zach est déjà au lit, mais il a eu un début de semaine chargé, quant à Enzo, j'entends un joli son mélodieux sortir derrière sa porte.

Grizou émerge doucement de son sommeil, ouvre un œil, avant de le refermer en voyant que ce n'est que moi qui vient l'importuner dans sa nuit de sommeil sur le canapé. Il ne semble pas traumatisé de l'eau que je lui ai balancé dessus.


J'ouvre la porte de la baie vitrée pour le trouver sur le balcon. Dehors, il caille et de la pluie arrive à s'infiltrer sur le balcon pour me mouiller. En plus de me bousiller les poumons, la cigarette me rendrait malade à sortir dehors par ce temps.

Je porte le bâton à mes lèvres et allume enfin l'objet en le protégeant de la flotte. Dès la première bouffée de nicotine, mon corps s'apaise instantanément.

Je regarde la nuit parisienne et quelques immeubles allumés au loin. Pour faire dans le cliché je pourrais dire que je vois la Tour Eiffel, mais ce n'est pas le cas, on ne la voit pas depuis l'appartement de Zach.

Je reste de longues minutes ainsi, avant que la baie vitrée ne s'ouvre à nouveau et que je me retourne, et que Jonah apparaisse dans mon champ de vision.

Lui aussi est armé d'une cigarette dans la bouche, et l'allume avec provocation tout en me fixant. Il s'assoit sur une des petites chaises métalliques.

– Putain, ces merdes sont froides et mouillées !

Je me moque et il rigole à son tour. J'aime quand nos rires résonnent ensemble, parce qu'ils semblent complémentaires dans le silence de la nuit. Puis finalement, ce silence nous emporte.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant