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[ Je vous embête pas souvent avec des musiques, mais pour ce chapitre, je vous conseille vraiment de la mettre, vous comprendrez en lisant ( en média )

Jeffrey Miller - Whatever it takes ]





Plusieurs jours se sont écoulés depuis notre prise de tête avec Jonah. Depuis, tout doit être comme avant. Enfin, avec le regard de tous les autres sur nous. C'est compliqué d'être en face de tous les jugements.

Ce midi, on avait mangé chez Marjory. Ses parents sont tellement tombés sous le charme de Gaël qu'ils l'invitent souvent, et puis ils m'aiment bien aussi. Dans leur naturel très avenants, ils ont bien sûr insisté pour que toute la coloc suive. Ce ne fut pas compliqué de convaincre les gars pour aller manger dans une belle maison de la nourriture délicieuse.

Le soir, Zach nous a laissé dans Paris parce qu'il devait aller chercher un truc avec Gaël. Je crois que ce dernier cherche un cadeau pour Marjo parce que son anniversaire est dans un mois. Et ni Enzo, ni Jonah, ni moi, n'avions envie d'aller traîner dans les bijouteries, donc on a prétendu finir le trajet à pied jusqu'à l'appart.


Je marche dans les rues avec mes deux amis. Souvent, j'observe Jonah à ma droite, dans une magnifique chemise blanche, qui le rend divinement sexy. C'est rare que Jonah mette une chemise, alors je profite du spectacle. Oui parce que pour aller chez Marjo, on a tous mis une chemise. Ouais, on impressionne la belle famille de notre ami. La solidarité entre potes c'est sacré.

Après avoir franchi un petit pont, on arrive sur un bout de trottoir où un piano a été installé. Je souris, tandis qu'un enfant part du tabouret après avoir pianoté aléatoirement quelques touches. Les gens passent à côté, sans y accorder une réelle importance. Sauf un garçon. Les yeux azur d'Enzo s'emplissent d'étincelles à la simple vue de l'objet.

– Vas-y Enzo, l'encouragé-je.

Le jeune homme me fixe un instant, avant de reporter son attention sur l'instrument. Puis il avance précautionneusement, de sa démarche manquant d'assurance, et pourtant, je vois dans cette mince silhouette qui part vers une partie d'elle-même toute la force d'un gars qui essaie de s'en sortir suite à un passé empoisonné.

Il s'installe sur un petit tabouret, et ses doigts commencent à composer une douce musique. Des gens commencent à s'arrêter, sans doute touchés par une émotion poignante qu'Enzo répand par sa simple présence. Et puis sa voix, d'abord hésitante, trouve dès le deuxième vers, une musicalité émouvante. C'est doux, agréable, cela reflète l'univers détruit du musicien qui arrive à se reconstruire.


Une petite foule s'est formée autour de lui. Un couple commence à s'avancer et à danser doucement un slow. Une femme sourit, émue, à la simple entente de la musique. Puis un second couple rejoint le premier, et enfin un troisième. Je sens les doigts de Jonah s'entrelacer doucement dans les miens, alors que son menton vient se poser sur mon épaule.

– Il est émouvant notre petit Enzo.

J'acquiesce d'un mouvement de tête, fixant encore le spectacle face à moi. Soudain, je sens les doigts de Jonah se faire insistants pour me forcer à avancer. Je remue négativement la tête, mais Jonah se mouvoit rapidement vers mon oreille. Notre proximité ne passe pas inaperçue pour quelques personnes qui attardent leurs regards sur nous.

– Je danse très mal, mais je ne vais pas laisser des inconnus empoisonner ma vie, me chuchote-t-il doucement.

Il sourit, tandis que je prends quelques secondes pour l'admirer, et enfin me laisser entraîner avec lui vers le piano, au milieu des trois autres couples.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant