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— Maman, Jonah vient dormir ce soir.

Ma mère lâche la spatule en bois et se retourne face à moi, en posant les mains sur les hanches. 

Un instant, un coup de chaud me prend, puis je me dis qu'il n'y avait rien dans ma phrase qui laisserait un quelconque doute sur ma relation avec mon meilleur ami. Alors pourquoi ma mère a arrêté subitement sa blanquette de veau ?

— Vous vivez à moins de cinq kilomètres l'un de l'autre et tu as besoin de l'inviter à dormir ici ?

— Ça ne t'a jamais posé problème que j'invite des amis l'an dernier, soupiré-je, en évitant de rougir d'une façon qui me grillerait directement.

— Non cela me pose aucun problème Val. C'est juste que tu vois Jonah tous les jours à la coloc, et même pendant les vacances où vous êtes seulement séparés par cinq malheureux kilomètres, il faut que vous soyez sous le même toit, lance ma mère, dont je ne sais comment interpréter le raisonnement.

— On bossera ensemble nos partiels !

— À chaque fois vous rigolez plus qu'autre chose, j'ai connu plus sérieux que vous les gars...

— Non, mais si tu veux il ne vient pas et...

— Ah non ! Je n'ai pas dit ça ! Il vient s'il veut, la porte de la maison lui sera toujours ouverte ! Je l'adore Jonah ! Il t'a beaucoup aidé en plus. C'est juste qu'il faut avouer que la situation est cocasse. Enfin... Il aime la blanquette ?

— Il adore ta blanquette de veau maman.

— Tu sais quoi Val ? Propose-lui de rester deux nuits s'il le veut et s'il ne doit pas garder sa sœur ou aider son père. Comme ça, j'inviterai les De Neiva à dîner après demain soir, s'exclame ma mère.

Un sourire de joie doit me trahir instantanément, mais je m'approche de ma mère et lui colle un baiser sur la joue.

— Merci Maman !


Et c'est ainsi que Jonah a pu venir à la maison, l'air innocent, avec un grand sourire sur son visage aussi. 

Ouais, ma mère a peut-être raison, sur le fait qu'on exagère de s'inviter à dormir alors que : on vit à cinq kilomètres l'un de l'autre et que le reste du temps on partage la coloc, on n'a plus six ans pour prétendre inviter des copains pendant les vacances et soûler ses parents avec ça et que, oui, ça fait juste deux jours que je suis en vacances et que je veux voir Jonah. Valentin, tu es désespérément amoureux.

En vrai, ma mère est ravie que Jonah soit là, en plus il s'est resservi deux fois de sa blanquette, et rien que pour ça, il a une place privilégiée dans son petit cœur de maman. En plus, elle ignore que je le sais, mais Jonah lui a longtemps fait part de mon état de santé. Donc elle l'aime bien pour ça. Si on ajoute le fait que ce soit Jonah qui est venu le premier me secouer de mon état léthargique un triste matin de juin, et que finalement il a fait en sorte que je me porte bien, ma mère le chérit plus que tout. 

Surtout qu'apparemment, depuis plus de deux mois, ma mère me trouve un peu plus rayonnant. Elle est persuadée que c'est Jonah, dixit le mec au caractère le plus pourri de cette planète, qui m'apporte de sa joie de vivre. J'aime l'innocence de ma mère.

— Tu es sûr que tu n'en veux pas une troisième fois Jonah ? Je peux en refaire.

Mon petit ami fait des yeux exorbités en posant ses mains sur son ventre toujours aussi plat, alors qu'il a mangé presque la moitié du plat. Parce que l'autre moitié c'est moi, et que ma mère ne mange pas tant que ça.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant