A chaque poussée, on pense que tout est fini. Qu'on ne va pas s'en sortir. Que la vie doit s'arrêter pour nous. La peur mélangée à une forte tristesse et impuissance nous envahit.
On commence à se foutre de tout. Plus envie de faire quoi que ce soit : ni de bouger, ni de s'amuser. A ce moment là, on se renferme sur nous-même et on ne vit plus que dans nos pensées, on abandonne complètement notre corps ce qui est malheureux.
On ne s'intéresse plus à rien. Une affreuse sensation de mal-être nous ronge de l'intérieur.
Mais on a la chance de pouvoir voir les choses d'au dessus et d'avoir le temps de comprendre, de réfléchir, de vivre.
Quand ces choses nous arrivent, on a toujours besoin de rester dans la réalité car au final, et c'est ce qui m'est arrivé : on ne se sent plus dans le présent mais ailleurs. Comme si notre esprit devait se détacher de notre corps pour continuer à vivre, à respirer sans les idées noires. J'ai longuement pleuré sur mon sort, enfermé à l'intérieur de moi-même.
Pour y remédier, il nous faudrait quelqu'un à qui parler.
Donc pourquoi pas appeler le malade et discuter avec lui. S'il ne parle pas beaucoup, faites le parler de choses qu'il aimait.
Si vous passez à l'hôpital, faites-le marcher cela va peut être lui déplaire, l'énerver, mais il le faut, sans cela on se renferme trop sur notre esprit et on oublie notre corps qui perd de ses capacités et son contrôle.
Aussi, parler de ce qu'il pense, car des fois on contient des choses qu'on ne veut pas dire mais qui nous font mal de l'intérieur.
Des fois, comme je vous le disais, on voit les choses d'au-dessus, donc cela peut être intéressant pour vous de voir ce que vous n'aurez pas forcément appréhendé, bousculé par le temps qu'a défini notre société, trop cadencé pour la pensée.
C'est ce que j'ai ressenti en sortant de l'hôpital. Je me sentais mal, je trouvais qu'il y avait trop de stress dû au temps dans ce monde, j'étais oppressé. Des passants disaient : "il faut que j'aille à une réunion puis je dois aller chercher les enfants puis je retourne au travail ensuite ..."
J'étais dans une bulle à l'hôpital mais, dans tous les cas, cette perception humaine du temps est vraie. En ayant parlé avec ma grand-mère, qui est à la retraite, elle observe la même chose que moi : le Temps ne nous appartient plus.
Le bonheur
De nos jours les gens ne prennent plus le temps offert par le Temps : comme rencontrer d'autres personnes, vivre sa vie pour soi (et non pour son travail), ...
Ce qui est terrible c'est de ne pas se laisser le temps de respirer, de faire nos propres choix.
Comme disait une médecin comportementaliste (Mme.Boucher que je remercie grandement) que j'ai rencontré à l'hôpital d'Orléans pendant ma dernière poussée : "Il faut des fois savoir se poser pour nous, prendre son temps sur des choses que nous aimons, que nous voulons. Parfois notre bonheur, ce bonheur que l'on veut, passe par le détriment d'autrui. Ce qui ne veut pas dire que l'on souhaite faire du mal à l'autre, mais qu'il faut parfois savoir entretenir son bonheur personnel avant celui des personnes qui nous entourent. Comme le divorce de parents au détriment du bonheur de leurs enfants.
Pour les enfants c'est dur, mais pour les parents c'est mieux, car ils n'étaient plus heureux."
Je pense que la faculté que l'on a, nous humains, c'est de pouvoir penser à la place des autres, ce qui doit nous servir à les comprendre.
"Penser son bonheur personnel comme le fait chaque cellule de notre corps : elles vivent pour elles et pas pour les autres sans prêter attention à celles qui les entourent."
Je ne dis pas qu'il faut en permanence ignorer nos proches car nous vivons dans une société où chacun compte sur les autres. Mais il faut savoir, parfois, faire comme bon nous semble.
Accepter de dire non pour soi, ainsi qu'accepter ce qui nous arrive pour s'adapter à ce fait. Car nous n'avons pas seulement été fait pour vivre des moments joyeux. Heureusement, car ce que nous vivons de difficile nous construit.
Après l'hôpital
Finalement, quand les malades (atteints d'une forte maladie physique qui atteint le moral) sortent de l'hôpital après un long séjour, il faudrait penser à leur refaire goûter à la vie comme vous le ferez avec un bébé : lui faire redécouvrir les choses banales, lui faire goûter des plats qu'il aimait...
Aussi vous remarquerez peut être qu'il n'a pas envie de manger, de ramasser un objet, de se lever...
Et bien, forcez le gentiment en lui laissant le temps. Ne faites pas tout à sa place.
Ils ne seront peut être pas d'accord avec cela ou n'auront pas envie, mais il faut qu'ils s'accommodent des gestes quotidiens et ne s'habituent pas à rester spectateurs de leur vie. (Nous avons été fait pour être acteur de notre vie.) C'est le meilleur moyen d'oublier son corps.
Car moi c'est ce qui m'est arrivé, je m'en souviens avec émerveillement. J'avais presque tout oublié et je redécouvrais chaque chose que je faisais.
Comme par exemple, ce qui m'a marqué : j'habite en lisière de forêt et en sortant j'ai redécouvert l'air et l'odeur de la forêt, je me souviens ça m'a marqué ! On aurait dit que c'était la première fois !
Le sol avec ses trous, ses surfaces différentes, l'odeur, l'atmosphère, ... cela m'émerveillait.
Et ce que je me disais à ce moment là, c'est qu'on aurait dit un jeune enfant, découvrant ce qui l'entoure.
J'ai une explication à cela : comme je suis resté longtemps à l'hôpital, j'ai perdu mes habitudes et aussi le retour de ma maladie m'a fait un gros choc qui a chamboulé toutes mes habitudes, mes émotions, mes sens...
Aussi si vous trouvez plus tard que la personne a changé c'est tout à fait normal. Elle peut avoir eu un très gros choc et avoir du mal à s'en remettre. Laissez-lui le temps de comprendre. Soyez compréhensifs et patients.
Aidez-la à comprendre, car comprendre est une chose très difficile. Aussi, comprendre pourquoi on en est là. Et comment vivre dans ces conditions ?
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Nous
روحانياتVoilà 10ans que ma vie a changé, a été transformé. Durant un certain temps ma vie ne tenait à rien... Cela a commencé à 7ans, j'en est maintenant 17 et vous donne mon vécu personnel pour lutter contre les plus durs moments de vos vies. En es...