Chapitre 13: "Clara ?"

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Je ne saurai dire si le "Clara" sorti naturellement de la bouche de Sulivan était vraiment une surprise ou plutôt de la colère. Je dirais plutôt que c'était un mélange des deux sentiments.
Je brise le vide car personne ne semble avoir l'envie de le faire:
- Vous vous connaissez ?
- Non, répond Clara étonnée.
Sa réponse est sincère, ça se lit sur son visage, cependant Sulivan lui la connait et je me demande comment.
- Je ... je ne la connais pas ... je me suis trompé ... J'ai confondu ça arrive à tout le monde, non ?
- Sacré coïncidence puisqu'elle s'appelle Clara, lui répond Julien, j'ai du mal à y croire !
- Une simple coïncidence ...
Sulivan se contente de nous donner cette réponse simple avant de disparaître hors de la maison.
- Tu ne le connais vraiment pas, Clara ? Demande Nathan
- Non je vous le promets ... Il n'y a que sa voix qui me rappelle quelqu'un mais c'est tout.
- Elle te rappelle qui ?
- L'une des personnes qui m'ont enfermées, mais les voix se ressemblent presque toutes donc ce n'est peut être pas lui.
- Sulivan t'aurais enfermé ?
- Ça ne serait pas étonnant venant de lui et ça expliquerait où il passe ses journées, conclu Lucas
- Ce n'est pas impossible que ce soit lui mais ne faisons pas d'accusation trop vite et sans réelles preuves, leur dis-je avant de leur faire signe de me suivre dans le canapé.
Ils s'installent tous sans rien dire et sans se poser de questions.
- Je sais que ce que je vais te demander Clara est dur mais peux-tu nous expliquer tout ce qui s'est passé depuis ton arrivée sur cette île et surtout comment tu es sortie, s'il te plait ?
- Justement j'allais y venir parce que j'ai quelque chose de pas simple à vous demander.
- Pourquoi je le sens mal ? Répond Lucas en souriant.
- Tout a commencé quand je me suis réveillée dans une pièce lugubre et étrange ...
J'ai déjà la chair de poule rien qu'au commencement.
- Je passais mes nuits dans cette salle à tenter de dormir attachée sur un matelas peu confortable. Il me détachait chaque matin...
- Tu faisais quoi dans la journée ? Demande Lucas impatient.
- Soit j'attendais soit je jouais du violon.
- Tu sais en jouer ?
- Oui j'en fait depuis toute petite.
- Comment tu as eu ton violon ?
- Ils me l'ont donné.
- Pourquoi, enfin je veux dire, comment ils ont su que tu sais en jouer ?
- Je ne sais pas, ils ont du m'espionner avant de me kidnapper.
"M'espionner" ce mot résonne dans ma tête, ils nous ont probablement tous espionnés avant de nous condamner ici, ce n'est absolument pas étonnant. J'y avais déjà songé auparavant mais une question me revient souvent: pourquoi nous avoir choisi ? Si ils nous ont espionnés alors il doit y avoir une raison de nous kidnapper nous et pas un autre.
- Tu étais seule ?
La question d'Arthur dont la réponse de Clara m'intéresse vraiment me sort de mes pensées.
- Non enfin au début oui mais un jour il a enfermé deux garçons dans la même pièce que moi ...
- Qui ?
- Mathieu et Benjamin
- Je voulais dire qui les a enfermé ?
- Le même qui m'a enfermé dans cette salle.
- Tu en a d'autres des questions idiotes Lucas ? Lui répond Julien
Lucas ne répond pas, ce n'est pas dans ses habitudes, c'est étrange de le voir si sérieux. Il se concentre sur la discussion et demande à Clara :
- Où sont les deux autres personnes qui étaient avec toi ?
- Encore là-bas.
- Pourquoi ils ne se sont pas échappés avec toi ?
- L'homme les a rattrapés avant qu'il n'ait le temps de partir, j'ai réussi à sortir mais pas eux, ils sont encore enfermés, c'est grâce à eux si j'ai pu m'échapper.
- Et tu sais où ils sont exactement, je veux dire tu saurais nous y ammener ?
- Ils sont sur l'île sous la terre, c'est tout ce que je sais.
Une question me trotte dans la tête: pourquoi en avoir enfermé trois dans ce "sous-sol" et avoir laissé les autres, nous avoir laissé sur cette île à pouvoir se balader partout ?
Clara veut pleurer depuis le début de cette discussion mais elle se retient.
- Tu peux pleurer si tu le veux, on comprendrait tous.
Lucas s'approche d'elle et la prend dans ses bras.
Ce geste de la part de Lucas me rend furieuse, je ne saurais dire pourquoi.
Je sors de la maison en colère.

Il fait nuit, c'est la pleine lune. Le paysage magnifique et apaisant avec le léger vent dans les arbres me calme.
Lucas me rejoint peu après.
- Ça ne va pas ? Me demande-t-il étonné de ma réaction
- J'ai l'impression qu'elle nous manipule !
- Pourquoi ?
Sa question que je juge totalement idiote m'énerve et je m'emporte:
- Tu ne trouves pas son histoire étrange ? Réfléchis un coup, s'il y a vraiment cette pièce sur l'île alors pourquoi on ne l'a jamais vue avant, ça fait un an qu'on est ici, je connais tous les recoins de cette forêt, cette pièce n'existe pas, elle vous manipule et vous vous laissez faire, vous tombez dans son piège et ...
- Ali, ça suffit, calme toi, tu l'as dit toi même tout à l'heure: "ne faisons pas d'accusation trop vite et sans réelles preuves", prend le temps de réfléchir aux accusations que tu apportes ! Je te laisse seule pour que tu te calmes !
Lucas se retourne vers la porte et est sur le point de rentrer mais je l'arrête: j'expire un bon coup et les larmes ainsi que les mots sortent naturellement et je ne peux les retenir:
- J'ai peur Lucas ! Peur de te perdre, de perdre les autres ! Je te demande juste une chose.
Il se retourne, prêt à faire tout ce que je lui demande.
- Tu sais bien que tu peux me demander ce que tu veux, vas-y dis moi ?
- Fais attention à toi, ne te laisse pas avoir.
- Je te le promets Ali, je ferai attention à moi.
Il me prend dans ses bras et essaie de me faire changer d'humeur:
- Je me demandais, tu ne serais pas jalouse de Clara par hasard ?
Je ne sais pas si il attend vraiment une réponse, sincèrement je ne saurais dire mais je pense qu'il y avait une part de jalousie dans ma réaction.
- Pourquoi je serais jalouse ?
- Tu es partie quand je l'ai prise dans mes bras, ça expliquerait pourquoi tu as réagi ainsi !
- Non, je ne suis pas jalouse ... enfin je ne pense pas !
- Il faut qu'on rentre dormir, on part à la recherche des deux garçons demain !
Je ne réponds pas et je rentre me coucher.

Mon réveil se fait en sursaut, encore un cauchemar, j'en fais souvent en ce moment.
Je descends dans la cuisine et je vois Lucas et Julien parler:
- On devrait commencer par là où tu l'as retrouvée !
Quand Lucas me voit, il arrête de parler.
Il me regarde et me demande :
- Alors, de quoi as-tu rêvé cette nuit ?
- Que je me réveillais seule dans une pièce ! J'ai pas envie d'en parler ! Vous vous disiez quoi avant que j'arrive ?
Je m'installe à côté d'eux
- On se décidait par où on allait commencer les recherches !
Je réfléchis puis leur suggère :
- On devrait faire des groupes de deux.
- C'est une bonne idée, rassemble tout le monde dans le salon pour les faire.

Tout le monde se rassemble autour de la table basse de la salle. Les groupes sont faits : Lucas et Julien, Arthur et Nathan, et bien sûr je suis avec Clara, j'ai donc demandé à prendre Emma avec moi.

Je marche avec Emma dans mes bras. J'observe les alentours à la recherche d'une quelconque piste.
Clara marche à côté de moi, silencieuse.
Une question reste dans ma tête: et si je me trompe, si elle n'a pas de mauvaise intention ? De toute façon je serai probablement bientôt fixée.
Je brise le silence:
- Tu as encore fort mal à la jambe ?
- Non, me répond-t-elle.
Et après un long silence elle ajoute:
- Tu n'as pas confiance en moi, n'est ce pas ?
- Je ne sais pas je pense que ...
Un bruit me coupe. Les buissons à côté de Clara bougent.
- C'était quoi ça ? Me demande Clara
- Ne me dis pas que tu as peur ! Ça doit être un lapin ne t'en fais pas, regarde, viens voir.
On avance vers la petite bête mignonne qui est en train de manger.
"Ahhhhhh"
Un cri se propage dans la forêt.
- Là ne me dis pas que c'est un lapin Alice !
- L'un des garçons a un problème, prend Emma s'il te plaît !
- Pourquoi, tu vas où ?
Je ne réponds pas et lui donne Emma.
Je cours sans m'arrêter en direction des cris.
Je ne laisse ni la peur ni la fatigue s'emparer de moi et je cours le plus vite possible.
Mais mes pas cessent soudainement, je suis en train de tomber. Je cris de douleur, j'ai mal et j'ai l'impression que ma chute ne s'arrêtera jamais. Mais toute chute à une fin, qui n'est pas toujours comme on le souhaiterait.
La dernière chose dont je me souviens à partir de là c'est ma tête heurtant quelque chose, mais après cela plus rien.

Coincée sur une île Où les histoires vivent. Découvrez maintenant