Chapitre 22

89.8K 7.1K 623
                                    



Blottie dans ses bras, Annabella se remettait doucement de sa première fois sans regretter ne serait-ce qu'une seconde de l'avoir choisi, même si elle savait qu'un avenir avec lui était quasi impossible.

Elle caressa son bras les yeux rivés sur la baie vitrée.

- Annabella ?

- Hum ?

Ses bras se resserrèrent autour de sa taille, jusqu'à devenir oppressant.

- Est-ce que tu prends la pilule ?

- Ou...oui pourquoi ?

Il passa sa jambe en travers pour la bloquer fermement contre lui. Comme s'il redoutait qu'elle se sauve.

- Parce que le préservatif s'est déchiré. Déclara-t-il sans cacher une pointe de nervosité dans la voix.

- Oh...

Son étreinte se desserra, puis il souffla.

- Je ne veux pas que tu penses que je veux te piéger avec une grossesse.

Annabella se redressa, en croyant avoir mal entendue.

- Je croyais que c'était l'inverse ? Je croyais que c'était les hommes qui craignaient ce genre de chose.

Il ne répondit rien et elle dut se contenter d'un visage impassible.

- Détend-toi s'il te plaît...je prends la pilule donc pas de risque, ne gâche pas le moment pitié !

Il écarta ses cheveux en souriant enfin, et embrassa son front.

- Tu as raison, excuse-moi, c'est ton moment...alors comment c'était cara ?

Comment mettre des mots sur ce qu'elle venait de ressentir. Elle avait l'impression que son corps était encore sous l'inexorable tempête qui l'avait foudroyée.

- C'était fabuleux, merveilleux, tu es doué il n'y a pas de doute.

Il arqua un sourcil qui aurait pu paraître arrogant s'il ne la contemplait pas sérieusement.

- Tu ne regrettes pas ? Demanda-t-il soudain avec un sérieux qui la rendit timide.

- Non, jamais...

Il captura ses lèvres puis passa un regard sur le réveil posé sur la table de nuit.

- Je vais annuler notre départ pour New-York annonça-t-il en ramenant les draps pour la couvrir du froid.

- Pourquoi ? Tu avais prévu....

- J'avais prévu de rentrer en effet mais quelques jours ici pourrait nous faire du bien qu'est-ce que tu en penses ?

Elle réprima un sourire et hocha simplement de la tête.

- Je te ne promet pas...

- Je ne te demande pas de me promettre quoi que ce soit Dario, coupa Annabella en refusant d'entendre la triste vérité sortir de sa bouche.

Elle se redressa pour s'asseoir et affronta son regard.

- Je veux juste vivre l'instant présent, tu n'as pas besoin de me dire ce qui va se passer je le sais, tu n'as plus envie d'être amoureux et je ne te demande pas de me promettre le mariage ou des promesses d'amour puisque je sais déjà comment ça va se finir...je veux juste vivre l'instant présent parce que j'aime être avec toi, je me sens...

Le reste de ses mots moururent dans sa gorge.

Durant son discours, Annabella avait gardé les yeux baissés sur son torse.

Elle tressaillit quand elle releva les yeux.

Il la couvrait d'un regard sévère et abasourdi.

- Et bien merci pour m'avoir révélé la triste et terne histoire que nous allons vivre cara...murmura-t-il les yeux plissés sévèrement.

Elle tressaillit une seconde fois.

- Ce n'est pas ce que je m'apprêtais à dire mais plutôt je ne te promet pas que le temps nous permettra de belles balades. Dit-il en la foudroyant un instant du regard avant de reprendre.

- Je ne savais pas que tu avais des dons de voyance, reprit-il avec une ironie glaçante. Alors que fait-on ? Je prévois déjà la date de notre séparation ? Avril ? Mai ?

Il repoussa les draps pour se lever sans cacher la colère qui l'habitait.

Il se dirigea entièrement nu vers la table qui disposait d'une carafe d'eau pour se servir un verre. Le cœur d'Annabella résonnait sourdement dans ses oreilles, perdue par la froideur de son compagnon qui semblait piquée au vif.

- N'est-ce pas comme cela que ça va se terminer ?

Il but d'une traite son verre et marcha comme un lion en cage un instant puis s'arrêta au pied du lit, le menton relevé, la perçant d'une lueur étrange.

- C'est moi qui décide quand ça se termine. Déclara-t-il d'une voix vibrante de promesses qui la fit frissonner.

Elle cacha l'espoir qui venait de naître en elle en un regard neutre.

- Je pensais que c'était ce genre de chose de relation que tu voulais, que tu ne faisait plus confiance aux femmes.

- Ne t'ai je pas dit que je te faisais confiance ?

- Si, mais après ?

Dario fut martelé par des images insoutenables. Annabella nue dans les bras d'un inconnu...un autre homme que lui, ayant accès à cette peau laiteuse...

D'une rage non dissimulée il jura entre ses dents devant la mine confuse de la jeune femme.

- Après...nous allons voir ce qu'il se passe...

Dario s'en voulait d'être aussi pathétique, il ne savait pas comment lui dire qu'il voulait voir si demain...ou bien dans un mois, un homme bien mieux que lui ou pire pourrait la séduire et si elle ferait comme toutes les autres.

Comment en était-il arrivé à cet impensable conclusion ?

Saisi par des émotions troublantes il fixa ses yeux noisettes incrédules qui se perdaient sur les draps du lit.

- C'est si romantique ! Railla-t-elle en se laissant tomber sur le lit.

Dario ne releva pas car il ne savait pas ce que signifiait le romantisme...le vrai.

Les femmes jadis côtoyées, étaient comblées par une parure de diamants, en revanche Annabella Dormer ne fonctionnait pas comme ça...

En colère d'être le pire des amateurs dans le romantisme, Dario l'observa en oblique tout en balançant nerveusement son corps en avant près à faire sortir un flot de paroles qu'il jugeait nécessaire à ce moment-là.

Car la situation était en train de lui échapper.

La jeune femme lui échappait.

- Non seulement tu vas rester avec moi, mais sache aussi que si tu ne veux pas je suis prêt à t'attacher dans mon lit...nu de préférence.

Elle se redressa écarlate.

Annabella le dévisagea avant qu'un sourire machiavélique s'étire sur ses lèvres.

Une curieuse excitation s'empara d'elle, puis encore un second espoir. Derrière ce masque impénétrable, il y avait un homme blessé, profondément blessé...

Mais au-delà de ça, quelque chose de puissant les unissait, un sentiment indéfectible...

Elle ravala ses larmes quand il revint près d'elle pour lui offrir la plus douce des étreintes. Protégée, choyée, elle se demandait si elle survivrait à une éventuelle séparation. Elle ne pouvait plus se leurrer, ignorait les sentiments qui la rongeaient de l'intérieur et qu'elle ne pouvait faire éclater au grand jour au risque que le rêve s'arrête maintenant.

- Pas question de partir d'ici. Murmura-t-il d'une voix épaisse en capturant ses lèvres.

La vengeance de Dario Dantes TOME 2 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant