Chapitre 37

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Annabella posa sa main sur celle de Dario en éprouvant le besoin de lui traduire d'un regard qu'elle était avec lui. Son récit dans le jet lui avait serré le cœur. Son passé était bien plus complexe qu'elle s'était laissée croire. Il y avait certes Gabriella, mais au plus profond de cette histoire, il y avait une mère...

Absente et exigeante.

Dario lui avait raconté tout son passé. La mort de son père, en passant par la liaison que sa mère entretenait en secret. Alors que petit garçon, Dario l'avait surprise en compagnie d'un homme...

Et l'amour impossible de son père, qui l'avait rendu si triste, qu'il avait décidé de ne plus se battre, touché par une pneumonie.

Voilà pourquoi Dario avait en partie quitté l'Italie. Son sang, le berceau de son enfance.

Et maintenant, ils étaient là, devant ce fameux Palazzo, grandiose et imposant. Là où Dario avait vécu toute son enfance.

À travers la chaleur de sa main, Annabella pouvait ressentir une certaine tension s'y diffuser...

- Mon chéri ? Tout va bien ?

Il quitta la grande bâtisse des yeux pour baisser la tête vers elle.

- Redis-le s'il te plaît...

- Mon chéri. Murmura-t-elle en frottant timidement son visage sur son avant-bras.

Il poussa un faible rire étouffé et embrassa ses cheveux avant de refermer son visage en reportant son attention sur le Palazzo.

- C'est extrêmement troublant de revoir le Palazzo. Confia-t-il d'un murmure presque inaudible.

Elle entoura son bras au sien en observant à son tour le Palazzo.

- Depuis quand tu ne l'as pas vu ?

Il soupira.

- Deux ans je dirais...tu n'imagines pas tous les secrets qui pèse dans cet endroit mon ange.

Il s'approcha du grand escalier en prenant le soin de la tenir fermement blottie contre lui. Quand il ouvrit la porte, Annabella retint une expression de surprise.

Au premier coup d'oeil, elle remarqua que ce style ancien n'était pas du tout en raccord avec la belle villa moderne de son compagnon.

- C'est très ancien, c'est bizarre de savoir que tu as grandi ici, c'est vraiment spectaculaire.

Il quitta sa main pour avancer seul, le regard fermé. Elle resta en retrait, les bras croisés, se baladant de son côté vers les magnifiques objets posés sur un meuble au style baroque.

- Il a tout laissé, Azzario est parti sans rien emporté. Murmura-t-il en ramassant l'ourse en peluche laissé par terre.

Il poussa un rire amer en regardant le petit ourse.

- Je connais mon frère, jamais il n'aurait laissé le Palazzo comme ça si la situation n'était pas urgente.

Annabella le rejoignit, en se pinçant les lèvres.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit hier ?

- Que notre mère avait tenté de le séparer de sa femme et pendant une seconde j'espérais qu'il mente. Mais maintenant je n'ai pas l'ombre d'un doute...

Il releva les yeux vers elle et une faible lueur habitait son regard.

- Mais quand je regarde autour de moi, je comprend que jamais mon frère serait partit en laissant tout comme ça si l'affaire n'était pas sérieuse.

Il reposa l'ourse, en secouant de la tête.

Annabella observa son futur mari, le cœur serré. Il était si triste et si désespéré, comme s'il avait souhaitait que sa mère puisse avoir changé. Elle marcha derrière lui sans mot dire. Préférant le laisser à ses souvenirs douloureux.

Puis il s'arrêta en observant un objet les sourcils froncés.

- Il ne l'a même pas pris. Déclara-t-il d'une voix absente.

- De quoi tu parles ? S'informa Annabella en s'approchant de lui.

Il regardait un fabuleux éventail posé sur un socle.

- L'éventail...de la famille, il est là depuis des générations, je pensais que mon frère l'aurait donné à Emma.

Il semblait étonné.

L'objet était d'une beauté saisissante, un dessein d'or et de motifs anciens. Annabella n'osa pas le toucher.

- Allons ! Viens avec moi. Dit-il en sortant de sa torpeur.

Elle le suivit dans les escaliers qui les menèrent à un magnifique corridor. Le parquet grinçait sous leurs pas pourtant lent. L'odeur était très boisé, ils pénétrèrent dans un magnifique chambre qui sans moindre doute, avait cessé de vivre il y a peu...

Beaucoup de vêtements étaient encore dans les penderies ouvertes.

- Mon amour tu veux bien prendre le reste des affaires d'Emma ? On va lui ramener...

- C'est vrai ? Demanda-t-elle un peu anxieuse à l'idée de rencontrer son frère.

Il se dirigea vers le lit pour rassembler les petits pyjamas laissés à l'abandon.

- Oui, il est temps que je rencontre Emma et les enfants. Je suis leur oncle après tout.

Annabella papillonna des paupières en se dirigeant vers la penderie en retirant les robes des cintres. Elle cessa de respirer un instant, inquiète à l'idée de rencontrer cette famille au complet alors qu'elle était tétanisée depuis hier matin. Tétanisée à l'idée que le test qu'elle trimballait depuis deux jours avec elle, s'avère être négatif...

Il avait tant pris soin d'embrasser sa cicatrice sur sa taille mais jamais il avait remarqué celle sur son bas-ventre. Elle ne pouvait lui en vouloir. Cette cicatrice ressemblait tant à une simple opération pour l'appendice qu'il était presque impossible de savoir ce qu'elle renfermait vraiment.

Empalée sur le verre, l'intégralité de son bassin avait souffert de son accident. Y compris les organes fragiles...

Depuis la dernière intervention et les bonnes nouvelles de son chirurgien, Annabella n'avait jamais osé consulté pour savoir si elle pouvait être mère.

Hier encore elle avait dit vouloir des enfants, des tas d'enfants sans savoir si elle le pouvait vraiment...

Cette horrible vérité lui arracha une larme alors qu'il pliait soigneusement les body dans le sac.

Elle se tourna violemment vers la penderie pour éviter l'inévitable.

La vengeance de Dario Dantes TOME 2 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant