M'élançant vers lui, j'oubliai un instant que je me trouvais sur une surface glacée, et entraînée par mon élan, je ne pus que me raccrocher à lui, lorsque je perdis l'équilibre. Seulement Monsieur le prétentieux n'ayant pas une maîtrise totale de ses patins, fut déstabilisé et m'entraîna avec lui dans une chute très classe, c'était le moins qu'on puisse dire. Espérons que son fessier amortisse aussi bien que le mien ! L'un sur l'autre dans une position d'ailleurs assez gênante, il ne trouva qu'une chose à me dire :
- Tu vois, je te l'avais bien dit, me glissa-t-il à l'oreille, tu passes ton temps à te vautrer.
- Non, tu m'as agrippé, c'est de TA faute, répliquai-je tout en essayant d'effacer toute trace de gêne de mon visage.
- Parce que tu ne l'as jamais fait peut-être ? se moqua-t-il, mort de rire.
Il n'y a que moi, qui trouve sa question bizarre ? En attendant, il a eu le dernier mot !
- Eh, oh, les jeunes, si vous pouviez éviter de faire ça ici ! Je sais bien qu'il fait froid, mais quand même rester dans le décent.
Détournant le regard et mes joues enflammées dans la direction du vieillard, je remarquai quelque chose que je n'avais pas vu depuis longtemps et qui s'ajoutai à mon lot de surprise aujourd'hui : une Zamboni !
Ranimée par un profond désir de glisse, je me relevai tant bien que mal, arrachant un grognement à mon coussin lorsque je m'appuyai au mauvais endroit. Oups, bien fait hi hi.
- Admire comme la Mistinguette, se vautre bien, le défiai-je, en reprenant ma course effrénée.
Fabrice ayant lissé assez de glace pour réaliser ce que je voulais leur montrer, je m'immobilisai, puis commençai à enchaîner ma dernière chorégraphie dont je n'avais rien oublié. Mes nouvelles boucles s'inscrivirent sur la glace, dans un raclement parfait, et bientôt je ne fis plus qu'un avec mes patins, devenus comme les prolongements de mes membres. M'envolant et tourbillonnant, je savourai ce moment de pur bonheur privilégié. C'était moi ça, je me retrouvais enfin. Plus qu'un refuge, grâce à la glace je devenais une personne différente, une personne confiante, déterminée et surtout ce sport me faisait me sentir douée et magnifique. J'en avais tellement besoin en ce moment.
Des applaudissements me ramenèrent à la réalité et ce fut avec le cœur chargé d'émotions que je me saluai bien bas devant ce public si agréable.
- Merci beaucoup Fabrice, tu ne sais pas à quel point tu m'as fait plaisir ! Cet endroit est fantastique ! énonçai-je ravie.
- C'est toi, Mistinguette qui est fantastique. En 40 ans, je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi... me confia-t-il, ému
- C'est parce que je suis unique dans ma nature, lui répondis-je tout sourire.
- Ça c'est sûr, me lancèrent les deux jeunes, hilares.
Je revins près du bord, et m'assis pour défaire mes lacets. Ils firent de même, et j'entendis près de moi :
- Je dois avouer que tu étais moins ridicule que la première fois, Miss Vautrage, m'adressa-t-il avec un sourire.
- Comment ? Elle était superbe, Monsieur le prétentieux, s'insurgea Gabi.
- Alors, voilà comment sont les femmes ! On les présente et deux minutes après, ce sont devenues les meilleures alliées et s'acharnent sur nous, pauvres hommes sincères et justes que nous sommes, déclara-t-il, désabusé.
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Bulle d'espoir
AdventureDites-moi, vous. Oui vous, qui me regardez avec vos grands yeux, écoutez-moi plutôt. Si vous aviez le pouvoir de changer le cours de votre destin, mais que pour cela vous deviez vous replonger au cœur de vos terribles souvenirs : vous y risqueriez-v...