3. Sans un regard en arrière

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Quelques jours plus tard, un éducateur vint à sa rencontre. Riley pouvait à nouveau se déplacer correctement et sa blessure à la tête ne lui causait plus que quelques maux occasionnels. Cependant, ses bleus n'avaient pas encore diminué et son visage semblait toujours un peu enflé. Elle avait pu troquer sa blouse d'hôpital avec de vieilles loques demeurant depuis au moins trois siècles dans la structure hospitalière.

- Bonjour, je m'appelle Edward. J'ai pour charge de t'accompagner prendre tes affaires puis nous irons à ta nouvelle maison.

- Ok. C'est où ?, demanda Riley en observant à la dérobée le jeune homme.

Il avait tout l'air d'un étudiant complétant ses fins de mois un peu serrées.

- Le centre Nebraska. Autant te prévenir, ce n'est pas un palace. Allons-y, le temps presse.

- Très bien.

La fillette n'avait rien à emporter, si bien qu'ils embarquèrent tous les deux à l'avant du 4x4 de service sans chargement.

Sur la route, Edward parla sommairement de l'orphelinat à la jeune fille. Il lui conseilla principalement de se fournir un cadenas dès que possible.

- Mais je n'ai rien du tout, le coupa-t-elle. On ne pourra rien me prendre.

Ses seules possessions étaient ses habits encore à sa taille, son sac et ses cours... Ainsi que l'unique souvenir de sa mère : une photo d'elles deux.

- Écoutes, je suis désolé pour ce que tu as subi... Et le centre Nebraska n'est pas l'endroit le plus calme du monde. Même si tu dis ne rien avoir, il y aura toujours quelqu'un pour te chercher des noises... Surtout avec tes marques.

- C'est noté.

Riley plaqua son front moite contre la vitre fraiche. Elle avait le sentiment d'être autant emprisonnée par les services sociaux que par son père.

La montée jusqu'au cinquième étage lui parut interminable. Arrivée à destination, elle se pencha en avant, respirant bruyamment. Edward lui proposa son aide mais elle refusa. Cette sensation de dépendance lui était extrêmement dérangeante.

Ils eurent la surprise de trouver la porte ouverte, la serrure pendant lamentablement.

- Euh... C'est normal ça ?, demanda Riley en ouvrant de grands yeux.

- Non... Attends-moi là.

Et le jeune homme se glissa à l'intérieur en silence. La jeune fille ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à l'intérieur et ne put retenir un hoquet de surprise : tout le sol était immaculé, plus aucune trace de bouteilles vides et d'éclats de verre. Mais le plus étonnant était qu'il régnait un bazar monstre par dessus cette propreté : le canapé éventré, les chaises renversées, le contenu des placards. Ce n'était clairement pas l'ordre de son père, elle l'aurait entendu.

- C'est bon, il n'y a personne sauf nous. Je me demande ce qu'il a bien pu se passer ici.

Il fronça les sourcils.

- Il faisait quoi ton père, exactement ?

- Rien. Ce n'était qu'un pauvre alcoolique. Ce n'est pas lui qui a fait ça.

- Si tu le dis...

Il était clair qu'Edward n'en croyait pas un mot. La fillette était aussi étonnée que lui, pourquoi quelqu'un était-il venu saccager sa maison ? Elle s'empressa de monter dans sa chambre, pour y découvrir un désordre du même ordre. Elle jura. Le jeune homme lui donna un sac poubelle puis sortit dans le couloir. Son claquement de pied nerveux était nettement perceptible.

CHERUB : REOù les histoires vivent. Découvrez maintenant