CHERUB : RE

8. Le vide

La directrice donna aux enfants un protège-dents chacun avant d'annoncer :

- Vous avez cinq manches. Commencez.

Riley n'avait pas la moindre stratégie. À son ancien club, elle se distinguait par son équilibre et sa vitesse mais ces atouts dataient de tant d'années en arrière. Elle parvint à esquiver de justesse la première attaque du garçon mais tomba lourdement lorsqu'il contra sa réplique maladroite.

Encore deux chutes et c'est mort pour cette épreuve, pensa la fillette avec inquiétude.

À la deuxième manche, elle tenta de porter un coup à la tempe de Tom mais le garçonnet bloqua son geste avec une facilité déconcertante, avant de faucher ses jambes. Son bras, déjà malmené par la poignée de main échangée, émit un craquement sinistre.

- Encore une chute et..., dit le garçon.

- Et je perds, compléta amèrement Riley.

- Tu peux aussi abandonner. Tu n'y arriveras pas de toute manière, rigola-t-il en papillonnant des cils.

- Je suis encore debout, OK ? Donc je n'abandonne pas, répondit abruptement la jeune fille, ne supportant pas les manières de son adversaire.

Les deux enfants se remirent en place. Riley serra les poings, déterminée à tenir plus que trois secondes sur le tapis. Tom se précipita sur elle sans lui laisser un seul temps de réflexion, lui lançant un coup de pied circulaire. La fillette se baissa de justesse et attrapa l'autre jambe, la seule option se présentant à elle. Elle tira et ils s'écroulèrent tous les deux au sol. Aussitôt, le garçon se précipita sur son bras souffrant et le tordit violemment. Riley resta muette, malgré la douleur que lui inspirait cette pression.

- Si tu n'abandonnes pas, je te le casse, précisa Tom d'un ton léger.

- Jamais de la vie..., éructa-t-elle.

- Tu en es sûre ?

Il accentua la pression. Elle émit un couinement de détresse.

- OK, OK. J'abandonne, lâcha-t-elle finalement, comprenant qu'il n'y avait plus d'espoir.

- Très bien. Tom a gagné, annonça Zara sans se lasser de son bien sévère ton.

Riley se sentit écrasée sous un sentiment d'injustice devant la froideur non justifiée de la directrice, en total contraste avec l'entretien de la veille.

Celle-ci ne lui laissa pas le temps de ruminer davantage ses pensées et l'entraîna dans une salle de classe.

- Bien, cette étape nous permettra de mesurer tes capacités intellectuelles. C'est un simple examen de mathématiques, d'expression écrite et de culture générale. Tu disposes de quatre-vingt-dix-minutes. Il est bien sûr hors de question qu'un moindre bruit me parvienne aux oreilles.

Zara jeta ensuite un tas de feuilles sur son pupitre. Commençant à être sacrément agacée par le comportement de la directrice, Riley ne put réprimer un sourire de soulagement lorsqu'elle s'éloigna, laissant soigneusement la porte entrouverte. La jeune fille se concentra ensuite sur les questions. Rien d'insurmontable, le temps semblaient être cette fois son pire ennemi. Par chance, son poignet souffrant était le droit, pas le gauche. Gauchère, elle n'eut aucun mal à saisir le crayon. Elle s'empressa de répondre au plus de questions possible, en commençant deux feuilles après le début, désireuse de se concentrer sur les réponses rapportant le plus de point.

A l'issue du temps imparti, lorsque Zara ramassa les feuilles, Riley avait le sentiment de s'en être pas mal sortie.

La directrice posa ensuite sur sa table une cage recouverte d'un large tissu. Lorsqu'elle le souleva, Riley découvrit avec étonnement un petit lapin blanc. Sous son regard interrogateur, Zara lui annonça :