CHAPITRE II

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Antanasia posa sa tête contre la vitre de la voiture. Isaak se gara dans l'allée de la propriété, puis vint lui ouvrir la porte. La jeune femme sortit de la voiture, lasse, fatiguée.

Antanasia était encore considérée comme une enfant par les sbires de son père lorsqu'il l'avait invitée à participer à une réunion. Durant laquelle il lui avait passé le pouvoir. La nouvelle avait fait tomber une brique sur la tête de chaque personne dans la pièce. Il venait officiellement de la lâcher parmi les fauves. Elle avait à peine vingt ans.

Elle s'était sentie chuter. Une chute vertigineuse. Elle était tombée dans les yeux de son père. "Ne me déçois pas", disaient-ils.

Elle avait levé la tête, toisé les mafieux qui la regardaient avec mépris. Elle s'était inclinée devant son père, leur avait à tous serré la main, et avait quitté la pièce en tant que dirigeante de l'organisation. 

Son père était décédé un an plus tard. Il s'était jeté du haut d'un pont. Il était rongé depuis si longtemps. 

-Ce n'est pas un cadeau que je te fais, Anya, avait-il dit.

Elle repensait à cette période de sa vie ici, maintenant. Alors qu'elle venait de perdre une personne qui était un pilier pour elle.

-Merci beaucoup, Isaak. Je suis désolée de te faire rentrer si tard.

-Non, ça ne me dérange pas. Ça m'aide à me changer les idée. Je pense moins à ce qui est arrivé à Dima, comme ça.

-On les trouvera, on leur fera payer, ne t'en fais pas. Ils regretteront.

Elle allait entrer dans la demeure quand elle sentit la main de son cousin se poser sur son épaule.

-Ce qui est arrivé à Dimitri, ce n'était qu'un avertissement. C'est toi qui est visée, Anya.

-Ne t'en fais pas pour moi. 

Antanasia comprenait, sans savoir pourquoi, la douleur de son cousin de perdre son jumeau. Chez les jumeaux, les liens fraternels étaient toujours infiniment plus fort qu'entre des frères et sœurs "normaux".

Même pour elle, perdre son cousin avait été terrible. Ses cousins avaient toujours été là pour elle. 

Ils avaient quinze ans de plus qu'elle, et se comportaient avec elle comme si c'était leur petite sœur. Quand elle avait cinq ans, Dimitri était son préféré. Il n'y avait qu'elle et sa tante pour discerner les jumeaux. 

A chaque fois qu'elle s'endormait, c'était l'un d'entre eux qui l'emmenait se coucher, mais c'était toujours Dimitri qui lui ramenait ses petites chaussures qu'elle retirait pour s'endormir sur le canapé.

A douze ans, lors de son premier chagrin, c'était Dimitri qui était venu la consoler.

A quinze ans, elle avait fait entrer un garçon de son âge dans sa chambre. Lorsqu'il avait voulu se montrer un peu trop entreprenant, elle avait refusé et lui avait demandé de partir. Prenant très mal ce refus, il avait voulu la forcer. Alerté par le bruit, Dimitri était arrivé en trombe et avait mis le rustre dehors. Il ne l'avait pas dénoncée à son père mais l'avait mise en garde.

-Je ne serais pas toujours là, avait-il dit.

Et il ne pensait pas si bien dire. Certes, elle n'était pas seule, mais des deux, c'était sur Dimitri qu'elle aurait préféré devoir compter. 

Elle adorait également Isaak.

Isaak aussi avait toujours été là pour elle : c'était lui qui l'emmenait faire du patin sur le lac gelé, et la fois où elle était tombée au fond à cause de la glace qui avait cédé, il n'avait pas hésité à s'y jeter également pour la repêcher. C'était d'ailleurs lui qui avait obligé le rustre que Dimitri avait mis dehors à s'excuser auprès d'elle, mais sa complicité était plus forte avec Dima

Quoi qu'il en soit, elle vengerait Dimitri.  Coûte que coûte. 

C'est le jeuWhere stories live. Discover now