CHAPITRE IV

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Antanasia sortit de l'ombre. Elle s'assit à côté de Loïc, pris son paquet de cigarettes et en alluma une.

-La lune est pleine, je crois.

-Non. Elle est gibbeuse. Elle était pleine hier.

-C'est amusant. Tout le monde ne sait pas faire la différence.

-Tout le monde ne sait pas forcément comment on appelle cette phase.

Loïc se tourna vers elle. La surprise apparut sur son visage.

-Moi aussi, je suis heureuse de vous rencontrer, monsieur l'inspecteur.

Loïc voulut porter la main à son arme, mais ne la trouva pas.

-Ne cherchez plus. Ce n'est pas la peine. 

Elle posa l'arme sur le sol et la poussa du pied.

-Je ne viens ni me rendre, ni me battre. Il faut que l'on discute.

Le regard de Loïc glissa vers son arme, mais elle avait disparu.

-Ecoutez. Je sais qu'il serait très mal vu pour nous comme pour vous que nous coopérions, mais nous n'arriverons à rien, dans le cas contraire.

Loïc regarda un instant cette jeune femme, qui, du haut de ses vingt-cinq ans, pouvait décider de la mort ou de la vie de quelqu'un, pouvait asservir les plus grosses brutes existantes. Elle était connue sous le nom de la Veuve Noire. C'était une grande stratège, ce n'était pas pour rien qu'elle était depuis ses vingt ans la dirigeante de l'Organisation à l'âge où ses prédécesseurs devaient encore faire leurs preuves pour accéder à cette fonction.

-Pourquoi avoir réagi seulement maintenant ? demanda-t-il tout en connaissant la réponse.

-J'ai d'abord pensé que cela s'arrêterait. Mais on s'en est pris à l'un de mes proches. J'ai donc décidé que la situation était assez grave pour conclure un pacte. Vous savez comme moi que nous prenons un risque en concluant un accord de coopération avec vous, j'espère qu'il ne sera pas inutile.

-Je représente la justice, il n'est pas question d'un accord, vous êtes tenue de tout nous dire.

-Malheureusement, ça n'est pas si simple. Je ne dispose pas d'informations plus précises que celles que notre taupe nous rapporte de vos bureaux, mais de moyens.

Loïc sursauta. Une taupe ? 

-Qui ?!?

Il attrapa l'encolure de la chemise de la jeune femme sans réfléchir et la tira vers lui. En temps normal, il n'aurait pas réagi aussi brusquement, mais il était à cran. Au même instant, il sentit un canon de revolver se poser contre la nuque.

-Lâche-la.

Il lâcha Antanasia qui sourit en lissant le col de sa chemise.

-Il va tout de même falloir vous contenir, on a déjà bien assez à faire avec un fou furieux, alors deux !

Il fusilla du regard la jeune femme, impertinente et insolente.

-Calmez-vous, nous n'avons que deux ans d'écart, je ne vous dois pas pour autant tout le respect du aux anciens. J'ai les moyens de trouver ceux qui ont fait ça, mais vous avez les informations. Ne cherchez pas à me faire enfermer, ou cette affaire ne sera jamais résolue. Et nous mourrons.

Loïc comprit qu'il n'arriverait à rien en s'opposant à elle, ou en tentant de l'écarter. Il avait besoin de son aide. Il en avait désespérément besoin.

Il alluma sa cigarette et lui en proposa une.

C'est le jeuWhere stories live. Discover now